Les États-Unis, ayant promis, en échange de l'embargo sur le retraitement, de garantir des fournitures d'uranium enrichi, vont reprendre leurs divers projets. Ils comprennent entre autres une usine (publique) de 8,5 millions d'UTS à Portsmouth, Ohio. Contrairement aux autres usines américaines (et à cause de la pénurie d'énergie), elle pourrait recourir à la centrifugation.

Salzbourg

Début mai, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) réunit à Salzbourg (Autriche) deux mille spécialistes pour discuter « de l'énergie d'origine nucléaire et de son cycle de combustible ». Une opposition discrète dans la forme, mais quasi unanime, s'y manifeste contre la politique américaine de réduction des programmes nucléaires. Le 5 mai, André Giraud, administrateur délégué au Commissariat français de l'énergie atomique (CEA) annonce que la France a mis au point un procédé chimique d'enrichissement de l'uranium excluant pratiquement la possibilité de pousser la séparation isotopique jusqu'au taux requis pour les armes nucléaires. La multiplication des centrales à eau et leur vente à des pays hors du club nucléaire comporteraient beaucoup moins de risques de prolifération, puisque les usines produisant de l'uranium enrichi à 3 % ne pourraient pas produire d'uranium enrichi au-delà de ce taux. La France propose aux autres puissances de s'associer à elle pour construire une usine de démonstration, qui entrerait en service fin 1979.

Retraitement

Au milieu de l'année 1977, il n'existe pas encore dans le monde d'usine commerciale de retraitement des combustibles irradiés des réacteurs à eau ordinaire. La première usine commerciale à West Valley (État de New York) a été arrêtée en 1972 après six ans de fonctionnement, et ne rentrera jamais en service. L'usine de Morris (Illinois), n'a jamais pu démarrer a cause d'erreurs de conception et l'usine de Barnwell (Caroline du Sud), de 1 500 t par an, en cours d'achèvement, a reçu un coup mortel avec la nouvelle politique nucléaire du président Carter. L'usine de Tokai (Japon), de 200 t par an, est prête à démarrer, mais elle attend le feu vert pour pouvoir retraiter du combustible américain.

Les Britanniques et les Français (ainsi que les Allemands) se sont associés pour offrir des services de retraitement dans les usines de Windscale et de la Hague. L'usine de Windscale, de 1 000 t par an, extension d'une usine de retraitement des combustibles des réacteurs Magnox, reste à construire. Plus avancée est l'usine de la Hague, dont la capacité de traitement des combustibles à oxyde, de 200 t par an, va être portée à 400 t par an en 1978 et à 800 t par an en 1981.

Déchets

Pour la gestion des déchets radioactifs enfin, il faut distinguer deux problèmes : l'évolution des procédés (vitrification notamment), qui fait de très notables progrès et offre des solutions intéressantes ; le choix des sites de stockage, qui est très délicat. Alors que la question piétine aux USA, au Japon et dans de nombreux autres pays, l'Allemagne a choisi en 1977 le site de Gorleben, en Basse-Saxe.

En conclusion, le nucléaire est actuellement dans une phase bien difficile.

Informatique

Les miniordinateurs à la conquête du quotidien

L'informatique sera, en 1980, la troisième industrie mondiale, derrière le pétrole et l'automobile. L'évolution technologique rapide à laquelle elle est soumise contribue à sa forte croissance : de 15 à 20 % par an. La mini-informatique en constitue le pôle le plus dynamique, avec un taux de croissance double. Un secteur clef d'autant plus important qu'il bouleverse par ses applications quantité d'autres domaines.

La France, après de nombreuses hésitations, entreprend de restructurer son industrie informatique. L'objectif : posséder une industrie nationale de dimension européenne, tout en visant à terme une part du marché mondial. Une des idées forces de ce plan est de séparer la grande et la petite informatique, dont les conditions d'industrialisation et de commercialisation sont très différentes.

Pour la première, après l'échec du Plan Calcul et le rapprochement manqué dans la société européenne UNIDATA, une fusion est décidée, en 1975, entre Honeywell-Bull et les activités de la CII (Compagnie internationale pour l'informatique) dans le domaine des grandes machines. La nouvelle société CII-HB, à majorité française, poursuit, en coopération avec les Américains, l'étude de grands systèmes informatiques.