Comme pour illustrer les difficultés européennes, l'Italie (dont la monnaie se dégrade) décide le 6 mai 1976 de cautionner ses importations à raison de 50 % de leur valeur. Conséquence : les ventes françaises de bétail et de viande chutent immédiatement. Elles reprennent progressivement quelques semaines plus tard grâce aux arrangements commerciaux.

Les comptes de l'agriculture

Le revenu brut 1975 de l'exploitation agricole diminue, en moyenne, de 0,3 % sur celui de l'année précédente, en baisse, lui-même, de 5,7 %.

Rendements

Ce résultat est dû, notamment, à une baisse sensible de la production végétale (– 7,1 %). Les conditions climatiques défavorables provoquent une diminution moyenne de 12 % de la récolte céréalière. La plus touchée est celle de blé tendre (– 24 %), dont les ensemencements sont réduits du fait de la trop forte pluviométrie de l'automne 1974. Des problèmes phytosanitaires et la sécheresse estivale font baisser les rendements.

La production fruitière est, elle aussi, très touchée par le climat, notamment par les gelées de printemps. La récolte de prunes ne représente que le cinquième de la précédente et celle de pêches, le quart. En revanche, la production de pommes est très abondante (+ 25 %). Conséquence : les destructions de fruits atteignent quelque 250 000 t fin décembre 1975.

L'augmentation de la production betteravière est de 8,7 % en volume, les superficies plantées ayant progressé de 12 %. Pour le colza, c'est le contraire. La production chute de 30 %, alors que la culture du tournesol s'étend fortement. La production de vin est, avec 68 millions d'hl, en baisse de 12 % par rapport à 1974.

Le marché de la viande bovine se stabilise grâce à deux phénomènes opposés. D'une part, on constate une nette augmentation du nombre de gros bovins et de veaux vendus, mais le poids de ces animaux est en baisse. D'autre part, alors que la consommation reprend, le stockage ne porte que sur 118 600 t (172 000 en 1974). Pour le porc, les abattages progressent (+ 3 %) mais ne suivent pas la consommation. Le déficit du commerce extérieur du porc s'accroît.

La production de lait n'augmente que très faiblement (0,7 %). Celle de poudre de lait progresse, en revanche, de 7 %, alors que régressent consommation et exportations. Les stocks atteignent 385 000 t (114 000 en 1974 et 49 000 en 1973).

Augmentations

Les prix agricoles augmentent, en moyenne, de 8,5 % (produits animaux : 11,3 % ; produits végétaux : 5,3 %). Les prix des céréales ne progressent que faiblement (1,5 %) dans l'ensemble : blé tendre et orge augmentent respectivement de 8 % et de 4 %, alors que le maïs baisse, lui, de 7 %.

Les fruits voient leurs prix monter de 19,1 % en moyenne, mais ce pourcentage est, selon la Commission des comptes de l'agriculture, sujet à caution. Les prix des vins augmentent, après les vendanges, de 6,1 %. Progressent, également, les prix du bœuf (14 %), du porc (11,5 %) et du lait (12,2 %).

La régression des achats de biens et de services nécessaires à l'exploitation agricole, qui a été constatée en 1974, se poursuit (plus atténuée) en 1975, où elle est de – 3,8 %. La diminution la plus importante concerne les engrais (– 18 %), dont les prix progressent encore de 11,6 % (66 % pour 1974 et 1975). Les achats d'aliments du bétail restent pratiquement stables, alors que les prix augmentent de 3,9 %. Quant aux hausses des services, elles se situent entre 11 et 12 %. Compte tenu de l'augmentation moyenne de leurs prix (8,3 %), les consommations intermédiaires atteignent 65 333 milliards de F.

Les résultats de l'année sont tels que le gouvernement décide, de nouveau, d'accorder des aides directes aux agriculteurs afin de soutenir leurs revenus. Ces subventions s'élèvent à 2 654 millions de F (1 200 F, plafond, par agriculteur et 160 F par vache dans la limite de 15 bêtes). Compte tenu des aides habituelles (234 millions pour les calamités, 304 pour les zones de montagne...), l'aide directe de l'État à l'agriculture s'élève à 4 084 millions de F.

Revenus

Prenant la parole, le 9 mars 1976, devant les journalistes agricoles, Jean-Pierre Fourcade déclare que « l'agriculture est sortie de la crise plus forte qu'elle n'y était entrée ». Parlant des subventions, le ministre des Finances affirme qu'« en fait, tout s'est passé comme si, pendant la campagne 1974-1975, l'État avait pris à sa charge le tiers du revenu des producteurs de lait, le quart du revenu des producteurs de vins de table, le cinquième du revenu des producteurs de viande bovine ».