Au printemps 1976, les jeunes Moluquois du commando d'Amsterdam sont condamnés à 6 ans de prison. Tenant compte de l'assassinat de trois otages, le tribunal d'Assen avait condamné les 7 Moluquois du train à 14 ans de la même peine.

Une colonie de 35 000 personnes

Moluquois et Néerlandais se connaissent depuis la fin du XVe siècle : les navigateurs d'Amsterdam achetaient sur l'archipel Maluku les épices, muscade, poivre et girofle. Quatre siècles de colonisation au sein de l'ensemble indonésien, puis, en 1949, l'indépendance. Les Moluquois, qui avaient servi de 1945 à 1949 comme supplétifs dans l'armée coloniale néerlandaise, arrachent à la conférence de La Haye leur « autonomie ». Les Hollandais partis, les Moluquois proclament, en avril 1950, la république des Moluques du Sud ; quelques mois plus tard, les troupes indonésiennes occupent l'archipel. Les anciens harkis moluquois choisissent alors d'émigrer vers les Pays-Bas. Ils constituent aujourd'hui les leaders d'une colonie de 35 000 personnes, qui se sont plus ou moins intégrées à la société néerlandaise. S'ils semblent s'être résignés à l'exil, leurs enfants, élevés dans la tradition insulaire, refusent cet état de fait. Ils ne sont pas des Hollandais comme les autres (ils ont un passeport de résident étranger) et semblent prêts à tout pour rentrer dans cette patrie qu'ils n'ont jamais vue.

Les accidents du travail : mise en cause des patrons

Jean Chapron, P-DG à Béthune de l'entreprise Huiles, goudrons et dérivés, est emprisonné le 29 septembre à la suite du décès dans son entreprise, huit mois plus tôt, d'un intérimaire : Roland Wuillaume, invalide du travail, n'aurait jamais dû être affecté au poste, dangereux et mal éclairé, où il est mort.

Remous

Le juge d'instruction, Patrice de Charette, justifie sa décision par son souci de préserver l'ordre public. Décision surprenante, commente le garde des Sceaux. Décision politique, affirment les cadres de l'entreprise, qui observent quarante-huit heures de grève. Décision finalement annulée par la chambre d'accusation de Douai qui, se réunissant à la demande de Jean Lecanuet quarante-huit heures avant la date prévue, ordonne la libération de Jean Chapron.

Le tribunal de grande instance de Béthune, saisi de cette affaire, rend son jugement le 30 juin ; il relaxe J. Chapron du chef d'homicide involontaire, mais le condamne à des peines d'amendes pour infraction à la réglementation du travail.

Scénario semblable à Moulins, le 14 novembre. Le juge Jany Chauvaud qui veut éviter les pressions sur les témoins, envoie en prison le patron d'une entreprise de bâtiment à Vichy, Jean Planche. Un des ouvriers, Michel Drygas, se tue en tombant d'un immeuble en construction ; c'est, en quelques mois, le deuxième accident mortel dans l'entreprise. Cette fois, ce sont les 250 ouvriers (en majorité des travailleurs immigrés) qui se mettent en grève et manifestent spontanément pour obtenir la libération de leur patron.

Le 17 novembre, Jean Planche est libéré d'office par le juge Chauvaud, qui estime que tout risque de pression sur les témoins est maintenant écarté. Position curieuse ! Jean Planche est resté trois jours et demi en prison, dont un week-end ! Il sera condamné en janvier 1976 à six mois de prison avec sursis, puis démissionnera de la direction de sa société.

Dernière affaire, celle de La Bouexière, près de Rennes. Le maire, André Louarzel, est incarcéré quarante-huit heures après la mort de deux ouvriers sur une de ses carrières. La chambre d'accusation de Rennes ordonne sa libération trois jours plus tard.

D'autres responsables d'entreprises sont condamnés à des peines de prison : quinze jours fermes pour un P-DG de Châlons, six mois dont trois avec sursis pour un cadre de chez Berliet, jugé responsable de la mort de deux ouvriers.

C'est au nom de l'exemplarité de la peine que ces juges et ces magistrats instructeurs ont agi. Car les chiffres sont éloquents : un accident du travail toutes les 7 secondes, quatre fois plus de blessés que sur les routes, soit environ 2 240 morts chaque année.