La technique de Paul Tessier vaut aussi pour les grands blessés de la face que fournissent en abondance les accidents de la route.

Le Suédois B. Johanson a présenté une technique opératoire, en un temps, des déformations résiduelles du bec-de-lièvre chez l'enfant et chez l'adulte, qui constitue un traitement efficace et quasi définitif de cette malformation congénitale.

Microchirurgie

L'entrée du microscope dans le bloc opératoire a permis, depuis une dizaine d'années, des opérations de chirurgie plastique et reconstructive où, grâce à de très fines sutures nerveuses et vasculaires, d'extraordinaires succès ont été remportés. Ainsi, dans la paralysie faciale définitive, l'Américain I. W. Smith et l'Autrichien Anderl ont prouvé qu'il est possible de réinnerver l'hémiface paralysée à partir de certains rameaux du nerf facial de l'autre hémiface ; les résultats sont excellents si les muscles de la partie malade sont encore en bon état.

La syndactylie (fusion de deux doigts) congénitale, malheureusement assez fréquente (elle frappe 1 enfant sur 10 000), peut aussi être totalement corrigée ; cette correction nécessite trois interventions chirurgicales successives : l'une aux alentours de la quatrième année, l'autre vers 7-8 ans, la troisième vers l'âge de 11-12 ans.

Mais les succès les plus spectaculaires présentés au congrès de Paris sont, sans doute, ceux de la replantation de membres entiers (bras, mains, jambes) et de doigts accidentellement amputés, réalisée pour la première fois par les Américains Malt et Mc Khann, à Boston, en 1962, et par les Japonais Komatsu et Tamaï en 1968.

Les techniques de microsutures nerveuses, artérielles et veineuses qui conditionnent ces interventions sont maintenant bien codifiées ; l'opération qui consiste à prélever l'orteil d'un patient pour l'implanter à la place d'un pouce arraché est une technique classique. Si impressionnantes que soient ces interventions, elles sont pratiquées systématiquement dans tous les cas où les conditions optimales sont réunies (ramassage immédiat et conservation dans un sac fermé entouré de glace de l'organe ou du fragment d'organe coupé). Le docteur Tamaï a présenté des techniques de transplantation libre de muscle dans les cas de destruction complète de muscles à la suite d'un traumatisme.

Esthétique

D'autres aspects de la chirurgie plastique et reconstructive ont été étudiés : les orientations nouvelles du traitement des brûlures, des angiomes et des chéloïdes, ces bouffissures monstrueuses qui poussent sur les cicatrices, etc. Dans chacune de ces spécialités à l'intérieur de la spécialité chirurgicale, des améliorations importantes ont été enregistrées.

Quelle fut la part, dans ce congrès, de la chirurgie proprement esthétique, c'est-à-dire celle qui s'attache aux formes corporelles refusées par leur possesseur ?

Là encore, des progrès substantiels ont été réalisés ; dans la rhinoplastie, par exemple, grâce à la technique de Jost et Robin, qui permet de diminuer le risque hémorragique, de supprimer celui de sténose (rétrécissement du conduit nasal) et de rendre les cicatrices totalement invisibles ; dans le remodelage esthétique du front ; dans les techniques de lifting ; dans les interventions sur les seins et le ventre.

Psychologie

Mais faut-il, en réalité, opérer toutes celles et tous ceux qui le demandent ?

Selon le docteur Mouly, une fois sur deux le chirurgien esthétique refuse l'opération à sa patiente. Parfois parce qu'il pense que le résultat est incertain ; le plus souvent parce qu'il estime que la femme qui demande une amélioration de son aspect corporel (surtout de son visage) a cristallisé sur cette anomalie un important ensemble de sa personnalité psychologique. Si la chirurgie fait disparaître la petite disgrâce vécue comme telle, l'opérée risque de ressentir une véritable frustration, qui peut provoquer la révélation de troubles psychologiques graves, masqués jusque-là par la cristallisation autour d'un détail corporel.

Un chirurgien new-yorkais, Lewin, va plus loin dans ce domaine : il impose à la candidate à l'opération esthétique de répondre à un volumineux questionnaire d'ordre psychologique. Si les réponses révèlent des traits de comportement suspect, la candidate est orientée vers un psychiatre ; si elle refuse de consulter ce spécialiste, le docteur Lewin refuse d'opérer !