Il aura donc fallu près de quarante-cinq ans d'études pour que ces substances, identifiées en 1930, fassent leur entrée en clinique humaine (Journal de l'année 1970-71).

Action

Étudiées concurremment par Goldblatt en Angleterre et von Euler en Suède, les prostaglandines sont des acides gras insaturés à 20 atomes de carbone, comportant un cycle pentagonal, que la plupart des tissus de l'organisme fabriquent en quantités infinitésimales. Après que Bergström et Jan Sjövall, du Karolinska Institut de Stockholm, eurent réussi à obtenir sous forme cristallisée l'une d'entre elles, la prostaglandine F 2 α, par abréviation PGF 2 α, vingt prostaglandines ont été découvertes. Selon leur structure, les prostaglandines ont une action précise sur certains phénomènes biologiques. Les PGE et A concourent à provoquer une hypotension artérielle ; les PGF α une hypertension ; les PGE et F α agissent sur le muscle bronchique ; les PGA1, E1 et E2 ont une action préventive sur l'apparition de l'ulcère gastrique expérimental chez l'animal ; enfin d'autres PG visent le système nerveux, certains l'appareil génital.

Outre qu'elles agissent à très faible concentration, les prostaglandines opèrent localement, a proximité immédiate des cellules qui réalisent leur synthèse : pour cela, on les appelle parfois hormones « tissulaires », par opposition aux hormones « circulantes », qui sont véhiculées par le sang.

Obstacles

Mais leur utilisation courante en pratique médicale se heurte encore à deux obstacles : d'une part, elles sont très rapidement métabolisées, ce qui leur confère une durée de vie très courte ; d'autre part, leur collecte est extraordinairement difficile. Pourtant, Wertheimer et Straggins ont découvert, chez un animal marin très fréquent sur les côtes de Floride, de fortes quantités d'un isomère de prostaglandines, ce qui résout, en partie, les difficultés d'approvisionnement de ces précieuses substances.

Jusqu'à présent, les prostaglandines ne sont utilisées que pour hâter le développement du travail ou, au contraire, pour interrompre une grossesse. D'autres indications sont étudiées chez l'homme, mais seule la découverte de prostaglandines à action prolongée permettrait d'en étendre la prescription.

Le coup d'envoi est donné : si discrète qu'elle ait été, cette entrée des prostaglandines en clinique humaine a été remarquée.

Les pas de géant de la chirurgie plastique et reconstructive

Mille cinq cents chirurgiens spécialistes venus de 46 pays du monde, 440 communications, conférences et tables rondes, 80 films de technique opératoire résument les activités du VIe Congrès international de chirurgie plastique et reconstructive (Paris, 24-31 août 1975).

Pour beaucoup d'observateurs, cette réunion constitue le véritable « constat de majorité » d'une chirurgie de minutie, d'adresse et d'ingéniosité très ancienne, puisque ses premiers essais remontent à 750 avant J.-C., quand Sushruta, père de la chirurgie indienne, reconstruisait, à l'aide d'un lambeau pédicule frontal, le nez des criminels et des femmes infidèles coupés par la hache du bourreau ou le couteau du mari trompé !

Actuellement encore, une bonne partie des actes opératoires de cette chirurgie s'attache à réparer les dégâts accidentels par plaie, par brûlure, par choc, qui atteignent les sujets dans leur intégrité corporelle ; mais les progrès des techniques permettent désormais de réparer les malformations congénitales les plus hideuses, de réimplanter, en s'aidant du microscope, des doigts amputés, de traiter la paralysie faciale, de modifier, à la demande, la courbe d'un nez, le modelé d'un sein ou la forme d'un menton. Ce qui a conduit Simone Veil, ministre de la Santé publique, à constater, lors de la cérémonie d'ouverture du congrès, qu'au contraire des autres formes de chirurgie « la chirurgie plastique n'a pas pour but de sauver la vie du malade, mais d'en assurer la dignité ».

Les congressistes ont enregistré les progrès les plus importants de leur discipline, depuis quelques années, dans trois directions différentes.

75 000 interventions en France

Sur 100 opérations de chirurgie purement esthétique, 92 sont effectuées sur des femmes, 8 sur des hommes. Sur 100 interventions pratiquées sur les femmes, 80 intéressent leur visage, 20 leur corps. Le visage est tantôt remodelé, tantôt rajeuni : 40 % des interventions portent sur le nez, 30 % visent à supprimer les rides, les poches sous les yeux ou un double menton ; 15 % s'attaquent aux oreilles décollées. 15 % aux mâchoires. Quand elles veulent modifier leur corps, les femmes demandent, dans 75 % des cas, une intervention sur leurs seins jugés trop volumineux, trop petits ou situés trop bas ; dans 20 % des cas, le chirurgien enlève une masse graisseuse superflue sur le ventre ou redonne à un ventre fripé ou fatigué, à la suite d'une grossesse ou d'une cure d'amaigrissement, une tension normale ; dans 5 % des cas, il s'agit d'opérations portant sur les cuisses, en particulier sur la trop célèbre culotte de cheval. La plus forte demande masculine porte sur la calvitie (greffe de cheveux), puis sur le nez, le rajeunissement du visage, les oreilles décollées et, aussi, sur la correction de la gynécomastie, c'est-à-dire l'existence de seins jugés trop volumineux. Le nombre total des opérations de chirurgie esthétique réalisées chaque année en France est estimé à 75 000 ; certaines d'entre elles peuvent, après entente préalable, être remboursées par la Sécurité sociale.

Malformations

Depuis que les Français Gérard Guiot et Paul Tessier ont prouvé, en 1960, qu'il était possible d'intervenir sur des malformations monstrueuses de la face, des enfants et des adolescents ainsi atteints ont retrouvé figure humaine. Il s'agit essentiellement des syndromes de Crouzon et d'Apert, caractérisés, en particulier, par un sous-développement très marqué de l'étage moyen de la face, provoquant une exophtalmie (saillie de l'oeil hors de l'orbite) et de l'hypertélorisme (écartement exagéré des yeux et des orbites) ; des ostéotomies complexes permettent désormais la repositionne des éléments osseux et des parties molles, aboutissant à la reconstruction d'un visage harmonieux. Ces succès sont d'autant plus importants que, dans la majorité des cas, les enfants frappés par ces syndromes congénitaux sont intellectuellement normaux, alors que leur face monstrueuse les fait prendre pour des retardés mentaux.