Les molécules dont la synthèse est codée par T ne se trouvent plus dans les tissus une fois que ceux-ci sont formés ; chez l'adulte elles ne subsistent que sur les spermatozoïdes. Au contraire, les molécules codées par le CMH sont présentes chez l'adulte, où elles jouent pour la plupart, comme on l'a dit plus haut, un rôle essentiel dans la reconnaissance de soi. D'où l'idée que le CMH et le locus T, si proches l'un de l'autre, pourraient avoir une origine commune. Ils dériveraient d'un même agrégat de gènes destinés aux fonctions de reconnaissance. Leur séparation serait survenue à un moment de l'évolution des espèces où un avantage sélectif aurait pesé en faveur d'une diversification des fonctions de reconnaissance : un système de gènes se serait chargé de distinguer dans l'organisme en formation les cellules voisines les unes des autres ; un autre système se serait chargé de la distinction entre les cellules de l'individu et les microorganismes étrangers.

Les recherches récentes mettent en lumière une interaction assez inattendue entre les virus et les antigènes d'histocompatibilité. Chez l'animal, les cellules infectées par un virus sont attaquées par des lymphocytes. Le virus modifie un antigène majeur d'histocompatibilité : la cellule devient alors étrangère à l'organisme, qui la détruit.

Le polymorphisme des antigènes d'histocompatibilité, dont rend bien compte l'immense variété des personnalités antigéniques dans les espèces supérieures, aurait dans la résistance aux infections virales un caractère nettement avantageux. Ceci est vrai pour les virus cancérogènes. L'incertitude est encore grande quant aux avantages du polymorphisme des antigènes d'histocompatibilité dans le cas des tumeurs induites par des agents chimiques, à propos desquelles les expériences récentes sont, toutes, contradictoires.

Immunoglobulines

Ces molécules constitutives des anticorps sont divisées en cinq classes, désignées de façon conventionnelle : IgG, IgM, IgA., IgE et IgD. Chaque classe possède à la fois des caractères physico-chimiques qui permettent de les identifier et des fonctions biologiques spécifiques.

L'IgE paraît jouer un rôle dans les réactions allergiques. Les complexes antigène-anticorps dont l'anticorps est une IgE se fixent sur des cellules riches en granulations d'histamine et de sérotonine : les mastocytes et les basophiles. Ils provoquent leur dégranulation et la libération de l'histamine ou de sérotonine, qui à leur tour déclenchent les réactions allergiques caractéristiques comme l'urticaire ou l'asthme. L'IgE paraissait donc jusque-là avoir, du point de vue de l'utilité fonctionnelle, un rôle plutôt négatif. Dernièrement sa fonction s'est éclairée à la lumière de travaux consacrés à une infestation parasitaire répandue, la schistosomiase. Dans cette infestation l'IgE se fixe sur un autre type de cellule, les macrophages, et intervient pour que ces macrophages se fixent sur les parasites et contribuent à les détruire. Sans IgE l'adhérence des macrophage aux parasites est beaucoup moins étroite et efficace. La réhabilitation de cette classe d'immunoglobulines donnera satisfaction à ceux qui considèrent que seuls les éléments ayant conféré à l'espèce un avantage sélectif ont subsisté lors de l'évolution.

Hépatite

L'hépatite épidémique continue à susciter les efforts des immunologistes. On comprend mal le mécanisme pathologique responsable de la nécrose hépatique, fort heureusement partielle et réparable dans la grande majorité des cas. Lors de l'évolution de la maladie, on ne dispose pas de moyens de prévoir s'il y aura une guérison complète ou si, comme cela survient parfois, l'hépatite va devenir chronique et évoluer vers la cirrhose. La thérapeutique rationnelle de l'hépatite aiguë, le pronostic et la prévention du risque de cirrhose posthépatitique seront sans doute à la clef des travaux en cours.

Dès 1908, Noël Fiessinger supposait à l'origine de la nécrose un mécanisme autoentretenu par le système immunitaire. La réalité de l'hépatite auto-immune est peut-être démontrable aujourd'hui. La découverte de l'un des antigènes viraux de la variété B du virus de l'hépatite y a contribué. Cet antigène, dit antigène Australia, a été observé à la surface des cellules hépatiques par microscopie de fluorescence, par microscopie électronique et, tout dernièrement, par microscopie optique. Le virus lui-même n'est pas cytotoxique, mais son apparition sur la membrane des cellules entraîne une réaction immune avec élimination des cellules atteintes. Les lymphocytes T dérivés du thymus paraissent jouer un rôle important dans cette élimination préliminaire indispensable à la guérison. Une dépression des fonctions des lymphocytes T, peut-être due au virus lui-même, empêcherait l'organisme de se débarrasser des cellules infectées et créerait les conditions de la chronicité.

Médecine-chirurgie

Premiers résultats de l'immunothérapie

Plusieurs réunions internationales (juin 1975, octobre 1975, mars 1976) ont consacré l'immunothérapie comme partie intégrante de l'arsenal anticancéreux moderne.