La politique d'ouverture de Sadate bénéficie principalement à une catégorie privilégiée de la nouvelle bourgeoisie. Nombre de produits de première nécessité, en particulier le foul (les fèves), qui constitue l'élément de base de l'alimentation pour l'immense majorité des Égyptiens, sont strictement rationnés. Le coût de la vie augmente sensiblement.

Malaise

Le malaise social prend des formes violentes tout en se teintant d'une coloration politique. Fin septembre 1974, les ouvriers de la cité industrielle d'Helonar (considérés sous Nasser comme les privilégiés du prolétariat) se mettent en grève. Ouvriers et étudiants manifestent le 22 décembre contre le régime, à Port-Saïd. Le 1er janvier 1975, des manifestations qui éclatent au centre du Caire tournent à l'émeute. Le lendemain, les étudiants se mettent à leur tour en grève.

Plusieurs centaines de personnes, pour la plupart appartenant aux milieux de la gauche, en particulier des communistes, sont arrêtées. Certaines sont inculpées d'avoir fomenté un complot avec l'aide de « deux puissances communistes » (qui seraient l'URSS et la Tchécoslovaquie). Elles sont cependant progressivement libérées, faute de preuves. Le 20 mars, l'armée tire sur des manifestants ouvriers à Mehella el-Kobre et tue l'un d'eux.

La répression s'intensifie dans tous les domaines. En mars, Sadate réorganise la presse en licenciant 43 journalistes non conformistes et en en nommant d'autres, qui lui sont personnellement dévoués, à la tête de diverses publications. Le mécontentement, rapportent les services de renseignements américains, s'étend à l'armée, où des officiers reprochent à Sadate sa politique antisoviétique. Plusieurs complots fomentés par des organisations clandestines de musulmans intégristes sont éventés.

Le gouvernement Hegazi est contraint à démissionner le 13 avril 1975. Deux jours plus tard, Mamdouh Salem, officier de police considéré comme le Fouché égyptien, constitue un nouveau cabinet avec des technocrates se situant encore plus à droite que leurs prédécesseurs. Plus remarquée est la désignation à la vice-présidence de la République du général Hosni Moubarak, qui passe pour être le représentant de l'armée au sein du régime. Dauphin du président Sadate, il déclare en mai au quotidien égyptien Al Alchber que le chef de l'État n'a pas l'intention de renouveler son mandat, qui vient à expiration en 1976.

Éthiopie

Addis-Abeba. 26 080 000. 21. 1,9 %
Économie. PNB (71) 75. Production : G (71) 145 + A (72) 128. Énerg. (*72) : 35. C.E. (71) : 7 %.
Transports. (71) : 80 M pass./km, 243 M t/km. (69) : 33 000 + (70) 10 500. (72) : 396 M pass./km.
Information. (72) : 9 quotidiens ; tirage global : *46 000. (72) : *170 000. (72) : *21 000. (72) : 26 100 fauteuils. (72) : 54 000.
Santé. (70) : 336.
Éducation. (69). Prim. : 590 445. Sec. et techn. : 114 443. Sup. : 4 636.
Institutions. Monarchie constitutionnelle abolie par le coup d'État militaire du 12 septembre 1974. L'empereur Hailé Sélassié Ier est déposé. Parlement dissous, Constitution de 1955 abrogée. Président du conseil militaire gouvernemental provisoire : général Teferi Benti ; succède au général Michael Aman Andom, exécuté le 24 novembre 1974.

Le nouveau pouvoir règne sur le chaos

Le doyen de l'histoire africaine contemporaine disparaît de la scène politique le 12 septembre 1974 : la junte militaire dépose officiellement l'empereur Hailé Sélassié, « roi des rois, lion de Juda, force de la Trinité », mettant ainsi un terme à une crise ouverte le 22 février 1974 (Journal de l'année 1973-74). L'Éthiopie, qui (avec l'Iran) était le plus vieil empire du monde, bascule dans le socialisme.

La monarchie est abolie le 21 mars par les jeunes officiers, qui retiennent toujours l'empereur prisonnier dans son palais.

Fin du règne

Le comité de coordination des forces armées est, au début du mois de juillet, pratiquement maître d'une situation qui échappe totalement au contrôle de l'empereur, dont la personne reste pourtant curieusement incontestée. La liste des personnalités arrêtées ne cesse de s'allonger ; parmi elles le général Abyie Abebe, ministre de la Défense, le gouverneur général de l'Érythrée Getachen Nadaw, le Premier ministre Lij Endalkatchew Makonnen, remplacé le 22 juillet par Lij Michaël Imru.