Non pas une éthique permissive ou laxiste, mais une éthique de compréhension et de tolérance. On peut en juger par le document d'étude français intitulé : Sexualité, pour une réflexion chrétienne, diffusé en avril 1975. Un autre document français consacré aux différentes possibilités de service national, comme l'objection de conscience (octobre 1974), montre que les positions protestantes sont sans frontière.

Un peu partout, en effet, le protestantisme s'élève contre les expulsions arbitraires de travailleurs étrangers, contre les législations les concernant (France, Allemagne, Suisse, Belgique...), en faveur de recherches sur la non-violence, voire la défense stratégique.

Ailleurs, le protestantisme est même persécuté : au Tchad avant la mort de Tombalbaye, en URSS avec la condamnation du pasteur Vins, au Chili, en Uruguay, etc.

C'est cependant au niveau œcuménique que l'activité protestante est la plus grande. Et cela indépendamment de sa participation à des mouvements para-œcuméniques comme le concile de Taizé ou les mouvements charismatiques (rencontre de Natoye ou celles des États-Unis, entre autres), ou encore d'élections, comme celle du nouveau général de l'Armée du salut, le Canadien Clarence Dexter Wiseman (juin 1974), ou celle du nouveau secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale, l'Américain Carl H. Man.

Œcuménisme

Les anciennes divisions chrétiennes dites verticales, théologiques et doctrinales, ne disparaissent pas vite. C'est ce qui fait dire que l'œcuménisme piétine malgré les progrès considérables accomplis en cinquante ans. À ce sujet, les dialogues bi- ou multilatéraux se multiplient. On en compte plus de vingt-cinq sur le seul plan mondial.

Par exemple, cette année, le groupe mixte fondé en 1965 entre Église romaine et Conseil œcuménique des Églises, réuni deux fois à Rome et à Genève, entre orthodoxes et anglicans, luthériens et catholiques, monophysites et catholiques, etc. (États-Unis, Londres, Vienne).

Depuis quelques années cependant, de nouvelles divisions sont apparues. On les dit horizontales parce qu'elles concernent les rapports humains. L'analyse de la mutation sociale actuelle impose une autre lecture de l'Écriture sainte et implique pour les uns de s'engager politiquement en faveur de l'opprimé, tandis que d'autres considèrent l'action politique comme une trahison de l'Évangile. Ces divisions avaient atteint un paroxysme d'intensité. Il semble qu'elles viennent de s'atténuer.

Ainsi, les dialogues doctrinaux eux-mêmes débordent les frontières des chrétiens séparés et s'étendent à l'islam (Cordoue, Tunis...), à l'hindouisme et au bouddhisme (Stockholm, Louvain...), au judaïsme (Jérusalem). Et on découvre alors que l'avenir de l'humanité est une question première et qu'il importe, pour y répondre, que chacun retourne à ses propres sources. À bien plus forte raison en a-t-il été ainsi au sein de la chrétienté.

Tandis que le Synode épiscopal mondial, tenu à Rome, a pour thème l'évangélisation du monde, les synodes nationaux protestants se penchent sur la transmission de l'Évangile : n'est-ce pas là un retour aux sources similaire ? Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le pasteur Philip Potter, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises (COE), est invité à Rome pour parler aux évêques catholiques et que, réciproquement, des prélats romains se font entendre dans les synodes protestants ou les assemblées orthodoxes, comme le Congrès de la jeunesse orthodoxe (Dijon).

Mais d'autres signes de ces nouvelles divisions se manifestent encore. Voici les chrétiens évangéliques conservateurs ; ils tiennent un Congrès international pour l'évangélisation mondiale (21 juillet 1974) et une journée de masse, à Lausanne, avec l'évangéliste américain Billy Graham comme leader.

Or, traditionnellement anticatholiques et antiœcuméniques, ils invitent des personnalités romaines et du COE, et terminent leur congrès par un message final où il est notamment dit « qu'on ne saurait annoncer l'Évangile à un peuple quelconque sans bien connaître sa situation socio-économique. C'est assez dire que ce bloc de la chrétienté entend maintenant les questions posées par la théologie horizontale.