D'Agen à Vincennes, en passant par Annecy, Bayonne, Charleville, Dieppe, Laval, Moulins, Narbonne, Orange, Rochefort, Saint-Brieuc, Toulon, Saint-Cloud et Valenciennes, un secteur va être délimité dans lequel les changements envisagés devront être soumis aux représentants locaux du secrétaire d'État à la Culture.

Dans certaines villes existe déjà un secteur sauvegardé (loi du 4 août 1962) où les ensembles architecturaux de grande qualité sont protégés et surveillés (Autun, Lille, Montpellier, Lyon, Strasbourg, Rouen, etc.). Il s'agit cette fois pour Michel Guy de s'intéresser au destin des villes ordinaires. En effet, elles ont toutes « un centre, des quartiers qui forment un décor, témoin de l'histoire d'une ville et de la sensibilité de ses habitants ».

Année européenne du patrimoine architectural

Après l'année européenne de la protection de la nature (1970), le Conseil de l'Europe a décidé de consacrer l'année 1975 à sensibiliser l'opinion à la nécessité de protéger le patrimoine architectural. Rencontres de spécialistes internationaux, expositions, concours, colloques se succèdent et seront clôturés par un grand congrès réuni à Amsterdam à l'automne. En France, les pouvoirs publics ont organisé en 1974 un concours d'expositions auquel étaient invités les villes d'art, cités d'histoire et villages de tradition des 21 régions. Les 78 expositions lauréates sont présentées à la Conciergerie, à Paris, du 23 janvier 1975 au 6 avril. Certaines grandes villes sont absentes : Lyon, Marseille, Avignon ou Nancy n'ont même pas concouru. En revanche, de petits villages révèlent leurs trésors au grand public : Guerlesquin (Finistère), Pesmes (Haute-Saône), Castelmoron d'Albret (Gironde)... Quatre villes ont d'autre part été choisies pour la restauration exemplaire de leurs quartiers anciens : Rouen, Sarlat, Colmar et Conques.

Un colloque se tient à Arc-et-Senans du 9 au 12 avril : des spécialistes s'interrogent sur l'avenir du patrimoine architectural, à l'invitation de la fondation Claude-Nicolas Ledoux pour les réflexions sur le futur.

La réforme foncière

Lutter contre la spéculation immobilière, faire baisser les prix des terrains dans le centre des villes, donner aux collectivités locales les moyens d'intervenir sur le marché foncier. Tels sont les objectifs du projet de loi foncière que le Parlement examinera au cours de la session d'automne.

Au long de ses 97 articles, ce texte comporte de nombreuses dispositions nouvelles : réforme de l'enquête publique afin de mieux informer la population ; droit pour les associations de se porter partie civile devant les tribunaux administratifs ; protection des sites grâce au transfert des droits de construire sur une partie d'une zone et interdiction sur le reste des terrains ; création d'un permis de démolir afin de protéger le patrimoine existant ; augmentation des amendes pour infraction au code de l'urbanisme...

L'innovation principale du projet de loi est la création d'un plafond légal de densité au-delà duquel le droit de construire appartient à la collectivité. Si le propriétaire d'un terrain veut construire un immeuble dépassant le plafond fixé par la loi (1,5 à Paris et 1 partout ailleurs), il devra racheter à la collectivité locale le droit de construire correspondant. Dès son dépôt, le projet de loi du gouvernement a déchaîné les controverses. Certains de ses adversaires ont parlé d'atteinte au droit de propriété.