Dans le même temps, la coopération entre le SID et un ex-franciscain qui a fait la guérilla en Bolivie permet d'arrêter les principaux dirigeants des Brigades rouges ; il se confirme que ce groupe avait une relation, qui reste obscure, avec l'éditeur Giangiacomo Feltrinelli, mort dans des circonstances tragiques et mystérieuses le 13 mars 1972.

Rumor tombe

Cependant, le 4 octobre, le gouvernement est tombé. Ce sont les sociaux-démocrates qui le torpillent, en déclarant par la bouche de leur leader M. Tanassi qu'il n'est pas possible de continuer à gouverner avec les socialistes, à cause, notamment, de leur attitude envers les communistes et de leurs incertitudes en politique étrangère. M. Tanassi affirme que l'unique solution est de dissoudre les chambres et de recourir à des élections anticipées.

Étant donné que la même thèse des élections anticipées est soutenue sans discrétion par l'ambassadeur des USA, que les relations des sociaux-démocrates avec les Américains ne sont pas un mystère, et que Tanassi était ministre de la Défense nationale (donc responsable des services secrets) en 1970 et qu'il est resté à ce poste jusqu'en mars 1974, l'atmosphère de la crise est explosive. À ce même moment, un conflit aigu se produit chez Fiat entre la direction et les syndicats, à propos des réductions d'horaires provoquées par la crise automobile. La situation financière reste extrêmement grave. Dans les derniers jours d'août, l'Italie a dû donner une partie de sa réserve d'or en gage à l'Allemagne fédérale, en garantie d'un prêt de deux milliards de dollars.

Le président G. Leone charge A. Fanfani d'une mission d'exploration, puis, le 14 octobre, lui demande de tenter la reconstitution d'un gouvernement de centre gauche. Après deux semaines de négociations ardues, le secrétaire de la DC renonce, le 28 octobre, en manœuvrant de telle sorte que la responsabilité de son échec incombe aux sociaux-démocrates et non aux socialistes. La démocratie chrétienne s'est prononcée contre les élections anticipées et contre un retour au centre droit.

Retour

C'est Aldo Moro, figure de proue de la gauche démocrate-chrétienne, qui est aussitôt appelé par le président de la République. Il faudra plus de trois semaines avant qu'il ne vienne (le 23 novembre) présenter son gouvernement au chef de l'État. La crise a duré cinquante et un jours.

Le gouvernement Moro comprend 19 démocrates-chrétiens et 5 républicains. Il est assuré du soutien extérieur des socialistes. Les sociaux-démocrates finissent par apporter aussi le leur. P.-.E. Taviani a dû quitter le ministère de l'Intérieur, et a refusé ostensiblement tout autre portefeuille. G. Andreotti, lui aussi, quitte le ministère de la Défense nationale, mais il a accepté l'un des trois grands ministères économiques. Socialistes et communistes protestent vivement contre ces changements aux deux postes clefs pour la lutte contre la subversion.

Le leader républicain U. La Malfa est vice-président du Conseil. Le directeur de la firme Olivetti, Bruno Visentini, devient ministre des Finances (chargé de prélever les impôts). Mariano Rumor passe aux Affaires étrangères.

La crise a été essentiellement politique. À présent, les questions économiques reprennent toute la place.

Redressement

En fait, la situation économique de l'Italie est en train de retrouver un équilibre. Dans l'atmosphère de sérieux et d'austérité que créent ses leaders, le gouvernement Moro-La Malfa va guider ce processus avec patience et sans éclat, aidé par l'attitude des syndicats et celle du parti communiste qui, en pratique, ont accepté une sorte de cogestion de la crise.

L'inflation a atteint en 1974 un niveau record : 20 %. Mais la balance commerciale se rétablit. Pour le premier semestre de 1974, le déficit non oil avait été de 1 171 milliards de lires ; pour le second semestre, le solde positif est de 420 milliards. La tendance se confirme au cours du premier trimestre de 1975 : le déficit pétrolier est de 1 119 milliards, mais les comptes non oil ont un solde positif de 513 milliards.