Par son échec, cette dernière conférence fédérale-provinciale, aboutissement de longs entretiens entre les gouvernements canadiens, ne redore pas le blason de l'équipe libérale, qui choisit trop souvent, selon les observateurs, la confrontation avec les provinces.

Provinces

La politique provinciale connaît, elle aussi, des rebondissements inattendus. Les socialistes du Nouveau Parti démocratique prennent le pouvoir en Colombie britannique, le 30 août 1972. Ils forment le troisième gouvernement néo-démocrate du Canada après ceux des provinces du Manitoba et de la Saskatchewan. Dirigé par Dave Barrett, le NPD renverse le régime créditiste de W. Benne), qui gouverne depuis vingt ans cette province de la côte du Pacifique.

À Terre-Neuve, un scandale politique éclabousse l'ancien Premier ministre de la province. Le chef conservateur de l'actuel gouvernement, Frank Moores, accuse, le 6 juillet, son prédécesseur, Joseph Smallwood, un libéral battu aux élections du mois de mars, d'avoir loué des locaux, dont il est le propriétaire, à des organismes publics, telle la Société des alcools de Terre-Neuve, alors qu'il était en fonction. Cette attaque contre l'ex-Premier ministre, qui séjourne à Londres, n'a pas de suite et, le 17 août, Frank Moores assure la population de l'île que l'enquête menée est intéressante mais non incriminante.

Quatre ans après la prise du pouvoir au Manitoba, les néo-démocrates déclenchent, le 25 mai 1973, des élections dans cette province de l'Ouest canadien dans le but d'augmenter substantiellement leur représentativité au Parlement. Le Premier ministre Ed Schreyer fixe la date du scrutin au 28 juin.

Mais, une fois de plus, les événements politiques et sociaux les plus marquants se produisent dans la province de Québec. L'incarcération des trois chefs syndicaux : Louis Laberge, président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Marcel Pépin, président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), et Yvon Charbonneau, président de la Corporation des enseignants du Québec (CEQ), contre qui la Cour suprême du Canada retient la sentence d'un an de prison pour avoir incité les 210 000 fonctionnaires québécois à ne pas respecter les injonctions gouvernementales au printemps 1972 (Journal de l'année 1971-72), émeut les travailleurs du Québec, du Canada et de l'étranger.

Les trois leaders syndicaux, qui commencent à purger leur peine, le 30 janvier 1973, à la prison d'Orsainville de Québec, reçoivent l'appui des syndicats internationaux dans leur lutte pour la liberté. Le Québec et le Canada, qu'ailleurs l'on juge en voie de perdre leur titre de démocratie, sont le théâtre d'assemblées populaires au cours desquelles on réclame leur élargissement.

Au cours de l'une de ces manifestations de travailleurs, trois représentants de centrales internationales : André Braconnier, secrétaire général du Secrétariat professionnel international de l'enseignement (SPIE), Maurice Bouladoux, président de la Fédération mondiale du travail (FMT), et Héribert Maier, de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), exigent, le 8 avril, l'amnistie immédiate de Louis Laberge, Marcel Pépin et Yvon Charbonneau, à qui ils rendent visite le lendemain.

Une rencontre entre le trio Braconnier, Bouladoux, Maier et le Premier ministre du Québec, Robert Bourassa, ne désamorce nullement le conflit qui oppose le gouvernement québécois et les travailleurs. Robert Bourassa déclare que son gouvernement refuse de céder au chantage international. Toutefois, le 16 mai, les trois chefs des centrales québécoises sont libérés sous condition de réintégrer leur cellule les fins de semaine jusqu'au terme de leur condamnation.

Pègre

Une commission d'enquête sur le crime organisé au Québec est mise sur pied en décembre 1972 par le ministre québécois de la Justice, Jérôme Choquette, et entend ses premiers témoins, dont trois hommes d'affaires : Luigi Soccio, William O'Bront et Théodore Aboud (ce dernier agissant comme indicateur de police), qui affirment que la mafia de Montréal subventionne certains partis politiques lors d'élections.