La mise en place des nouvelles structures du premier cycle, qui repose essentiellement sur le développement des collèges d'enseignement secondaire (CES), se poursuit, d'autre part, à une allure régulière, quoiqu'inégale selon les régions et notamment très faible à Paris : sur le plan national, les CES accueillent désormais 55 % des élèves, les CEG (collèges d'enseignement général) 24 % et les lycées 20,8 %.

Dans le second cycle

La réforme du second cycle est préparée en même temps. Les nouveaux programmes de mathématiques entrent en vigueur en classes terminales.

Cependant les préoccupations du ministère concernent surtout désormais la classe de seconde, dont la transformation, à la rentrée 1973, doit amorcer celle du second cycle. En 1971-72, la fonction de professeur principal, déjà instituée dans le premier cycle, est créée en seconde.

De plus, en novembre, O. Guichard invite la Commission de français, dans une lettre à son président, Pierre Emmanuel, à examiner les problèmes de l'enseignement du français « en partant des deux premières classes du second cycle ». Les réflexions de la commission avaient porté, en 1970-71, pour l'essentiel, sur l'enseignement primaire, suscitant de vives polémiques (Journal de l'année 1970-71). L'impulsion et la direction nouvelles données à ses travaux aboutissent à la publication, en avril, d'un texte général d'orientation.

Le gouvernement ne renonce donc pas à mettre au point les réformes conduisant à la rénovation de l'enseignement secondaire. Toutefois, il continue parallèlement à décourager toutes les initiatives prises par des enseignants désireux de briser la pédagogie traditionnelle. Des mesures répressives frappent d'une manière répétée des professeurs jugés coupables d'avoir organisé dans leurs classes des discussions trop libres sur des sujets comme la sexualité ou d'avoir tenté d'établir avec leurs élèves des rapports plus familiers.

La modification du régime disciplinaire des enseignants, prévue par le projet de statut que le ministre soumet en mars au Conseil supérieur de la fonction publique, vient confirmer l'inquiétude des syndicats. Les sanctions éventuelles seraient prises désormais — comme pour les autres fonctionnaires — par le ministère et non plus par les conseils académiques ; de plus la durée de l'exclusion temporaire sans rémunération pourrait atteindre cinq ans, au lieu de six mois.

Sport hors de l'école

Si l'attitude des responsables de l'Éducation nationale n'est donc pas entièrement conforme à l'esprit des réformes, elle n'est pas plus fidèle, parfois, à leur lettre : en effet, le gouvernement n'est pas toujours en mesure d'assurer l'application de ses propres décisions. La mise en œuvre effective de l'horaire hebdomadaire de cinq heures d'activités physiques et sportives dans l'enseignement secondaire est ainsi différée, faute de moyens : Joseph Comiti, secrétaire d'État à la Jeunesse, aux Sports et aux Loisirs, décide, en septembre 1971, de faire bénéficier par priorité les élèves du premier cycle de trois heures hebdomadaires d'éducation physique.

Pour le second cycle, le secrétaire d'État fixe un horaire minimal de deux heures pour « le plus grand nombre possible de classes ». Les heures passées à la pratique de certains sports, à l'extérieur de l'école, pourront être comptées comme heures d'éducation physique.

Par cette initiative, J. Comiti semble rompre, malgré les démentis officiels, avec la politique suivie jusqu'ici par le gouvernement en matière d'éducation sportive : appliquant les principes définis par le président de la République dans sa conférence de presse du 23 septembre 1971, il encourage la pratique du sport dans des clubs et cercles extérieurs aux établissements scolaires plutôt qu'à l'école. Cette nouvelle orientation, qui paraît impliquer la remise en cause des cinq heures hebdomadaires, est vivement critiquée par le syndicat des professeurs d'éducation physique, qui y voit « le signe d'un abandon progressif de l'éducation physique obligatoire ».

Enfin, le gouvernement se préoccupe d'assurer l'orientation professionnelle des élèves : des centres d'information et d'orientation doivent être mis en place dans chacun des 435 districts scolaires. Ils auront pour mission de « prendre en charge tous les élèves du ressort géographique à partir du moment où ils entrent dans le premier cycle » et d'intervenir plus particulièrement aux niveaux des classes de cinquième, de troisième et des classes terminales.