Mieczyslaw Moczar parait devoir s'effacer de plus en plus devant son rival. Après la démission d'un de ses fidèles, le général Korczynski, qui abandonne son poste de vice-ministre de la Défense, il parait lui-même sur la voie de la mise à l'écart. Selon plusieurs indications, alors qu'on explique officiellement sa longue absence de la scène politique par une maladie de cœur, il aurait été déchargé de ses fonctions de responsable de la sécurité et de l'armée au sein du Bureau politique ; le 28 juin, il perd son poste de secrétaire du Comité central et devient président de la très honorifique Chambre de contrôle.

Ainsi, au début de l'été 1971, les jeux semblent faits à Varsovie, où Gierek apparaît comme le leader incontesté du parti. Le 24 juin, il présente au plénum du Comité central un « programme d'action social-économique », tirant la leçon et les conséquences des événements de décembre.

Portugal

9 560 000. 104. 0,9 %.
Économie. PNB (68) 529. Production (66) : A 19 % + I 42 % + S 37 %. Énerg. (*68) : 541. C.E. (68) : 15 %.
Transports. (*68) : 3 246 M pass./km, 976 M t/km. (67) : 400 800 + 68 900.  : 825 000 tjb. (*68) : 1 494 822 000 pass./km.
Information. (67) : 29 quotidiens ; tirage global : 674 000. (68) : 1 391 000. (67) : 271 000. (67) : 421 200 fauteuils ; fréquentation : 29,7 M. (68) : 653 407.
Santé (67). 7 838. Mté inf. (68) : 61,1.
Éducation (66). Prim. : 891 082. Sec. et techn. : 333 080. Sup. : 36 332.
Institutions. République ; État corporatif, adopté par référendum le 19 mars 1933. Président de la République : Américo Tomas, réélu le 9 août 1965. Premier ministre : Marcello Caetano.

Liberté surveillée

La mort du docteur Salazar, ancien président du Conseil, le 27 juillet 1970, ne provoque aucune secousse politique ; le gouvernement de Marcello Caetano était en place depuis plus d'un an. Politique de « rénovation dans la continuité » : le 3 août, Me Mario Soares, dirigeant de l'opposition socialiste, est obligé de quitter le pays, poursuivi pour « crimes contre la sûreté de l'État ».

Une tentative de libéralisation semble pourtant s'amorcer : le 2 décembre 1970, le gouvernement dépose sur le bureau de l'Assemblée un projet de loi supprimant la censure préalable pour la presse, non sans restrictions. La censure peut être rétablie en cas de proclamation de l'état d'urgence ou de l'état de siège, ou en cas d'actes subversifs graves sur une quelconque partie du territoire national (ce qui inclut les provinces africaines) ; le texte spécifie, d'autre part, que la liberté d'expression reste soumise à certaines limitations. Opposé à ces restrictions, le syndicat des journalistes rejette le projet gouvernemental le 3 février.

Colonialisme

Une autre réforme annoncée est celle du statut des provinces d'outre-mer, dans le sens de l'autonomie. Dans le discours prononcé devant l'Assemblée nationale le 2 décembre, le président Caetano définit les provinces d'outre-mer « comme des régions autonomes dans l'État portugais unitaire » ; mais il affirme qu'il ne transigera pas « en ce qui concerne tous les Portugais, quelle que soit le maintien d'un statut unique pour leur race ou leur couleur ».

Ce statut d'autonomie pour les territoires portugais d'Afrique est rejeté, quelques jours plus tard, par Marcellino Dos Sontos, vice-président du Front de libération du Mozambique.

Il semble que la position des mouvements de libération africains opposés à toute entente avec la métropole se durcisse, du fait de la caution, au moins implicite, fournie par certains membres de l'Église catholique. L'audience accordée, le 1er juillet 1970, à trois dirigeants des rebelles par le pape Paul VI est désavouée par le gouvernement portugais, qui, le 3 juillet, rappelle son ambassadeur au Vatican. Ce conflit latent entre le gouvernement de Lisbonne et une partie de l'Église, qui tend de plus en plus à se désolidariser des pouvoirs établis, éclate le 15 mai 1971. Geste sans précédent, le supérieur général des Pères blancs prend la décision de retirer du Mozambique les 40 missionnaires de sa congrégation qui s'y trouvent : selon lui, le maintien de ces religieux dans un pays où la situation de l'Église est d'« une ambiguïté fondamentale » et où « le simple fait de prêcher la justice sociale est considéré comme subversif » constituerait un « contre-témoignage ».

Procès

Dix nationalistes angolais comparaissent le 11 février 1971 devant le tribunal criminel de Lisbonne pour avoir tenté par des moyens violents de séparer l'Angola de la métropole ; la personnalité la plus connue est celle du R. P. Joachim de Andrade, membre de la Société africaine de culture, arrêté pour la cinquième fois en avril 1970. Le déroulement de ce procès, que certains n'ont pas hésité à comparer à ceux de Burgos et de Leningrad, laisse planer quelques doutes sur l'ampleur de la libéralisation annoncée par M. Caetano.