Tout au long de l'année 1970-71, le gouvernement de Berlin-Est a multiplié les démarches pour obtenir l'examen de sa candidature aux grandes organisations internationales : Nations unies, Unesco, OIT et Commission économique de l'ONU pour l'Europe (à Genève), en particulier. Selon la RDA, cette candidature doit être examinée et reçue, en même temps que celle de la RFA, sur un pied d'absolue égalité. La partie n'est pas gagnée pour Berlin-Est en juin 1971, mais les idées ont évolué dans un sens qui lui est favorable.

D'autre part, la réaction de Bonn à la reconnaissance de la RDA par des pays tiers n'est plus aussi conséquente et vigoureuse qu'au temps de la doctrine Hallstein (pas de relations diplomatiques avec des États qui reconnaissent Berlin-Est). Lorsque le Chili socialiste a reconnu Berlin-Est, Bonn a fait savoir que l'Allemagne de l'Ouest ne changerait en rien son attitude vis-à-vis de ce pays.

Berlin

Rien n'indique, en mai, que le départ d'Ulbricht soit la conséquence d'un conflit interne ou d'une pression de Moscou.

Pourtant, un mois plus tard, lors du congrès du Parti qui se tient du 14 au 19 juin, ce changement d'hommes semble préluder à une certaine réorientation de la RDA. Les observateurs notent que le nom d'Ulbricht est fort peu cité dans les discours prononcés à cette occasion, y compris dans celui de Leonide Brejnev, venu féliciter Honecker. On apprend en même temps que les négociations sur le statut de Berlin vont peut-être déboucher sur un compromis. Commencées, plus d'un an auparavant, entre les quatre puissances occupantes, elles ont, jusque-là, piétiné. Tout à coup, les gouvernements occidentaux font état de « progrès ». Il est concevable que, si la RDA doit modifier sa position à l'égard de Berlin-Ouest, il sera plus facile à Erich Honecker d'assurer la transition qu'à un homme qui a symbolisé, pendant vingt-cinq ans, l'intransigeance absolue.

Expansion

Sur le plan économique, la situation est brillante. En mai, au moment où le nouveau plan quinquennal est présenté, le revenu national est quatre fois plus élevé qu'à l'issue de la guerre. L'Allemagne de l'Est a une industrie puissante et de qualité, y compris dans plusieurs secteurs de pointe. Elle a négocié un grand accord commercial avec l'URSS. Elle est le premier fournisseur et le premier client de toutes les démocraties populaires, après l'URSS. Ses échanges ont fait un nouveau bond en avant avec la RFA, grâce en partie à la libération, par Karl Schiller, à l'automne 1970, de l'importation de toute une série de produits est-allemands (ces importations étaient, antérieurement, soumises à autorisation). La RDA a même réussi à exporter en RFA certains produits (construction mécanique et chimie, par exemple), dont celle-ci n'avait apparemment aucun besoin.

Dans le nouveau plan quinquennal, certaines erreurs des années précédentes sont prises en considération. L'objectif trop ambitieux intitulé « Rattraper l'Allemagne » est abandonné. Les industries de consommation sont encouragées. Avec retard, l'évolution qui s'est produite en URSS parvient en Allemagne orientale.

Allemagne de l'Ouest

60 842 000. 245. 0,9 %.
Économie. PNB (68) 2 206. Production (67) : A 4 % + I 50 % + S 46 %. Énerg. (*68) : 4 484. C.E. (68) : 19 %.
Transports. (*68) : 34 983 M pass./km, 58 713 M t/km. (*68) : 11 322 400 + 899 300.  : 7 027 000 tjb. (*68) : 6 007 762 000 pass./km.
Information. (68) : 423 quotidiens ; tirage global : 19 654 000. (68) : *28 000 000. (68) : 14 958 000. (68) : 1 672 000 fauteuils ; fréquentation : 192 M. (68) : 11 248 979.
Santé (67) : 97 400. Mté inf. (68) : *22,8.
Éducation (67). Prim. : *5 700 490. Sec. et techn. : 4 081 611. Sup. : 416 694.
Institutions. République fédérale, indépendante le 5 mai 1955. Constitution de 1949. Président de la République : Gustav Heinemann, élu le 5 mars 1969. Chancelier : Willy Brandt.

Ostpolitik

Au cours de sa deuxième année d'exercice du pouvoir, le cabinet de coalition SPD-FDP (socialiste libéral) du chancelier Willy Brandt et du vice-chancelier (et ministre des Affaires étrangères) Walter Scheel a été constamment tiraillé entre deux tâches : concrétiser l'ouverture à l'Est, son principal objectif en politique extérieure ; concilier les grandes réformes de caractère social, annoncées pendant la campagne de 1969, avec une croissance économique désordonnée.