Fort de ce succès, Bruno Kreisky va opérer deux grandes réformes, militaires et électorales. À côté d'un noyau permanent de 15 000 hommes qui doit constituer une force d'intervention rapide, l'Autriche disposera d'une milice de 300 000 hommes. La durée du service militaire est ramenée de neuf mois à six mois, avec des périodes étalées sur cinq ans, mais ne pouvant pas dépasser trente jours. La réforme électorale, quant à elle, modifie le nombre des circonscriptions, et le nombre des sièges à pourvoir est déterminé en fonction du nombre d'électeurs inscrits et non plus en fonction de l'importance de la population. Ces réformes reçoivent l'appui des libéraux.

Alors que les observateurs accordaient généralement peu de chance au « chancelier rouge », Bruno Kreisky enregistre un second succès, le 25 avril, avec la réélection à la présidence de la République de Franz Jonas. Socialiste, il obtient 52,79 % des suffrages, contre 47,21 % au candidat populiste Kurt Waldheim.

Sécurité européenne

Par l'intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, Rudolf Kirschlaeger, le gouvernement autrichien adresse un mémorandum à trente pays européens, ainsi qu'aux États-Unis et au Canada, pour l'organisation d'une conférence sur la sécurité européenne. En plus des solutions proposées dans le mémorandum de Budapest par les États du pacte de Varsovie, l'Autriche suggère une réduction mutuelle et équilibrée du potentiel militaire en Europe.

Les rapports austro-italiens s'améliorent à propos du Tyrol du Sud (haut Adige). Bien que rien ne soit réglé juridiquement, une solution de facto est adoptée : par une loi constitutionnelle, l'Italie accordera une autonomie plus grande aux Tyroliens du Sud.

Enfin, un dossier en suspens depuis la fin de la guerre est fermé : 1 800 œuvres d'art pillées par les nazis et entreposées dans les mines de sel de la région de Salzbourg et de Haute-Silésie qui n'avaient pas été réclamées par leurs propriétaires deviennent propriété de l'État.

Belgique

9 646 000. 316. 0,7 %.
Économie. PNB (68) 2 154. Production (67) : A 6 % + I 41 % + S 53 %. Énerg. (*68) : 5 236. C.E. (68) : 38 % avec le Luxembourg.
Transports. (*68) : 7 330 M pass./km, 6 675 M t/km. (*68) : 1 813 100 + 348 400.  : 1 052 000 tjb. (*68) : 1 976 939 000 pass./km.
Information. (65) : 54 quotidiens ; tirage global : 2 701 000. (68) : 3 200 000. (68) : 1 894 000. (67) : 479 800 fauteuils ; fréquentation : 39,5 M. (68) : 1 839 457.
Santé (67). 14 517. Mté inf. (67) : 22,9.
Éducation. Prim. (66) : 963 100. Sec. et techn. : (65 et 66) : 629 134. Sup. (65) : 84 000.
Institutions. État indépendant le 4 octobre 1830. Monarchie constitutionnelle. État communautaire et régional instauré le 18 décembre 1970 par l'amendement de la Constitution de 1831. Souverain : Baudouin Ier ; succède à Léopold III, après son abdication en 1951. Premier ministre : Gaston Eyskens.

Persévérance

La révision de la Constitution se poursuit. La Charte fondamentale a été rafraîchie en maints chapitres, mais les lois d'exécution ne sont pas votées. Et la Constitution se présente un peu comme une maison neuve inhabitable parce que les meubles manquent.

On ne peut pas dire que cette œuvre législative de révision se soit faite dans l'enthousiasme ni qu'elle ait répondu à une volonté générale des représentants de la nation.

Ce n'est qu'à force d'habileté tactique politique et au prix d'une persévérance apparemment à toute épreuve que G. Eyskens, chef du gouvernement de coalition (sociaux-chrétiens et socialistes), parvient à faire entériner les unes après les autres les modifications aux articles soumis à révision.

Le gouvernement ne joue qu'un rôle de moteur, pour reprendre l'expression utilisée par le Premier ministre lui-même ; ce sont les Chambres, à ce titre constituantes, qui portent la responsabilité de la révision. Il n'empêche que l'exécutif prépare les textes qu'il croit susceptibles de lui rallier le plus possible de suffrages.

Dans une matière qui touche aux problèmes communautaires, c'est-à-dire aux relations entre Flamands et francophones, ce n'est pas une tâche particulièrement aisée. Aussi, les séances nocturnes de travail préparatoire se sont-elles succédé au point d'amener les ministres chargés des relations communautaires au bord de l'épuisement. Selon ses amis, l'un d'eux, feu Freddy Terwagne, considéré comme un jeune espoir du socialisme wallon, s'est tué au travail.

Remaniement

Le décès de F. Terwagne et la nomination de E. Leburton au poste de co-président du PSB ont imposé un remaniement de l'aile socialiste du gouvernement : A. Cools, vice-Premier ministre, a pris en charge les Affaires économiques ; F. Dehousse, sénateur, devient ministre chargé des Relations communautaires ; M. Denis, député, devient ministre du Budget.

Impasse

En juillet 1970, le gouvernement essuyait un échec à la Chambre. Le quorum légalement requis des deux tiers de présents n'était pas atteint : il n'y avait que 138 députés en séance, alors qu'ils auraient dû siéger au nombre de 142. Le gouvernement se trouvait dans une situation d'autant plus embarrassante que 5 députés socialistes bruxellois, appartenant à l'un des groupes de sa majorité, avaient refusé de lui assurer le quorum. Une fois de plus, le statut fait à la capitale (limitation du régime bilingue et de la compétence administrative aux dix-neuf communes de l'agglomération actuelle) apparaissait comme le nœud gordien dans toute l'affaire des relations entre les deux communautés linguistiques.