Dès le mois de décembre, Karl Schiller et son collègue ministre des Finances, Alex Möller, sont accusés de mener la RFA à la faillite et d'anéantir une prospérité conquise sous la houlette chrétienne démocrate. La vindicative réplique d'Alex Möller (« l'opposition est beaucoup plus proche que nous des milieux qui, par deux fois, conduisirent l'Allemagne à la guerre et au désastre monétaire ») marque le début d'un violent affrontement. Alors que l'inflation atteint des taux records pour l'Allemagne, le départ de certains capitaux privés vers la Suisse s'intensifie. Certains milieux industriels qui ont voté Willy Brandt en 1969, ou qui ont accepté de bonne grâce son accession au pouvoir, s'inquiètent de l'influence croissante de l'aile gauche dans la social-démocratie.

Pourtant, à la fin de juin 1971, le cabinet Willy Brandt paraît en meilleure position que six mois auparavant. Cette évolution s'est faite en deux temps. Willy Brandt a pris sur lui de modérer les jeunes socialistes ; et la défaite du candidat social-démocrate Joachim Steffen (dit le Rouge) aux élections de Schleswig-Holstein a montré que l'électorat soutenait l'aile modérée du SPD et non son aile gauchisante. D'autre part, pour conserver la confiance des milieux d'affaires, Willy Brandt a finalement choisi de laisser agir Karl Schiller, partisan résolu de l'économie de marché et adversaire des réformes coûteuses. Aucun texte vraiment réformateur n'a finalement été adopté par le Bundestag. La réforme de la fiscalité, en juin, n'est, en fait, qu'un aménagement, et la refonte de l'université reste en chantier.

Mark flottant

Au mois d'avril, le danger monétaire réapparaît. Une fois de plus, à cause de la solidité du DM, les capitaux de toute provenance, mais surtout des dollars, affluent dans les caisses de l'Allemagne fédérale. Après une vaine tentative d'action en commun avec les pays du Marché commun, Karl Schiller décide d'agir seul. Le 9 mai, la parité du DM est libérée : la monnaie allemande flotte, et flottera, décide le ministère, jusqu'à ce qu'elle ait trouvé sa véritable valeur par rapport au dollar, c'est-à-dire, en fait, avec la perspective d'une nouvelle réévaluation. Dans le sillage de Bonn, les Pays-Bas laissent flotter leur monnaie, tandis que la Suisse et l'Autriche réévaluent les leurs.

Alex Möller, freiné par Karl Schiller dans ses intentions de réformes et en désaccord avec lui pendant la crise monétaire, démissionne au milieu du mois de mai. K. Schiller réunit dans ses mains les deux ministères (Économie et Finances). On parle de « super-ministère » et de « cabinet Schiller » succédant au cabinet Brandt.

C'est une victoire de l'aile gestionnaire du parti SPD sur l'aile réformatrice. Mais c'est aussi une conséquence logique de la situation en RFA. Willy Brandt sait qu'il ne peut pas espérer rester au pouvoir après les élections de 1973 si la stabilité économique n'est pas rétablie, au moins partiellement, d'ici là. Il fait donc appel à la concertation entre partenaires sociaux pour limiter la hausse des prix et des salaires, et les réformes sont remises à la législature suivante.

Andorre

19 000. 42. 9.
Information. (68) : *5 900. (68) : *1 600. (68) : 3 400 fauteuils ; fréquentation : 0,2 M.
Éducation (67). Prim. : 804. Sec. et techn. : 181.
Institution. Co-principauté indépendante. Statut réglé par le paréage de 1278. Coprinces : Georges Pompidou, président de la République française, et Mgr Ramon Malle Cal, évoque de Lerida (par intérim). Délégué français permanent : le préfet des Pyrénées-Orientales.

Autriche

7 373 000. 88. 0,5 %.
Économie. PNB (68) 1 544. Production (66) : A 9 % + I 53 % + S 38 %. Énerg. (*68) : 2 854. C.E. (68) : 18 %.
Transports. (*68) : 5 815 M pass./km, 8 178 M t/km. (*68) : 1 056 300 + 344 400. (*68) : 311 820 000 pass./km.
Information. (65) : 36 quotidiens ; tirage global : 1 806 000. (68) : 2 071 000. (68) : 1 129 000. (68) : 348 600 fauteuils ; fréquentation : 50,6 M. (68) : 1 242 783.
Santé (67). 12 958. Mté inf. (68) : 25,50.
Éducation (67). Prim. : 836 670. Sec. et techn. : 367 039. Sup. : 53 737.
Institutions. République fédérale indépendante le 27 juillet 1955. Constitution de 1920 remise en vigueur le 14 mai 1945. Président de la République : Franz Jonas, réélu le 23 avril 1971. Chancelier : Bruno Kreisky.

Majorité renforcée

Premier chancelier socialiste depuis la guerre, Bruno Kreisky dispose, au début de son mandat, d'une marge de manœuvre extrêmement réduite ; socialistes et populistes (chrétiens-démocrates) sont également représentés au Parlement. Cinq députés libéraux peuvent soutenir l'action du gouvernement ou, au contraire, le mettre en difficulté. Mais à la suite d'une consultation électorale partielle, le 4 octobre 1970 (la cour constitutionnelle avait annulé le mandat de 16 députés du parti national d'extrême droite [Journal de l'année 1969-70]), la position de Bruno Kreisky se trouve renforcée : les socialistes gagnent un siège, tandis que les populistes en perdent un. Les libéraux gagnent également un siège.