Conformément au vœu du chef de l'État, un véritable débat national se développe, pendant les mois de juillet et d'août 1970, sur la validité des institutions existantes, la réorganisation du parti, le système électoral, les responsabilités gouvernementales. Ainsi sollicités, les esprits ont réagi en demandant aux organisateurs de cette campagne de s'avancer plus courageusement dans la voie libérale.

En septembre, dans un important discours, le président Bourguiba tire la leçon du sondage qui a dégelé l'opinion. Il fait la critique des erreurs du passé, constate que « les militants authentiques ont été écartés », renvoie à une date indéterminée le congrès du Néo-Destour prévu pour le début de l'automne, mais réaffirme le principe du parti unique.

Médiation

À peine remis d'une longue période de soins, craignant peut-être d'avoir à suspendre ses activités (ce qui arrivera en janvier, quand on le verra gagner les États-Unis pour y subir un traitement), H. Bourguiba veut stimuler l'économie en plaçant à la tête du gouvernement un homme favorable à la libre entreprise. Les circonstances l'y aident. Devant les affrontements sanglants de septembre 1970 qui opposent, en Jordanie, les Palestiniens à l'armée du roi Hussein, le Premier ministre, Bahi Ladgham, déploie un zèle très remarqué pour obtenir l'arrêt des hostilités. Son attitude le qualifie comme médiateur, et il assume la présidence du Conseil supérieur arabe chargé de prévenir de nouveaux conflits du même genre. Hédi Nouira, ministre de l'Économie, exerce d'abord l'intérimat de ses fonctions, puis recueille, dès novembre, le pouvoir à part entière.

Le retour à Tunis du président Bourguiba, le 19 juin, après cinq mois et demi d'absence, va déclencher une série de prises de position et mettre en péril la cohésion gouvernementale. Deux ministres appartenant à l'aile libérale démissionnent successivement : H. Boulares (Information) et A. Mestiri. Une certaine détente apparaît pourtant aux derniers jours de juin : le 25, le Premier ministre annonce pour octobre le congrès du Néo-Destour, dont l'ajournement avait été fortement critiqué.

Rentabilité

Ancien gouverneur de la Banque centrale, partisan d'une certaine souplesse économique, H. Nouira met un point final à la tentative de collectivisation de l'agriculture qui avait exaspéré les paysans. Il ordonne la dissolution des coopératives « non viables du point de vue technique, psychologique ou financier ». Il insiste sur la nécessité de rétablir les mécanismes du marché et d'éviter les mesures artificielles comme la « baisse politique » des prix de l'huile et du sucre. Dans l'industrie, il fait respecter les critères de rentabilité.

Les investissements étrangers sont encore insuffisants, mais la production pétrolière progresse, dépassant 4 millions de tonnes par an, et couvrant le quart des recettes de l'exportation. L'autre source de revenus, sur laquelle d'ailleurs les jugements diffèrent, reste le tourisme : 410 000 visiteurs en 1970. Pour développer cette industrie, le gouvernement a patronné la création d'un holding, la compagnie Cofitour, qui s'attache à un projet de ville touristique à Sidi-Bou-Saïd.

Avec H. Nouira, Mohamed Masmoudi, ministre des Affaires étrangères, et Ahmed Mestiri, ministre de l'Intérieur, forment un triumvirat dont les qualités de gestion et d'initiative garantissent la Tunisie contre toute vacance du pouvoir. M. Masmoudi, en particulier, a poursuivi avec succès une politique de clarification des rapports inter-maghrébins. Ses déplacements à Tripoli et à Alger ont permis de dissiper d'anciens malentendus. Et sa diplomatie méditerranéenne, hostile aux ingérences des puissances extérieures à la région, rejoint sur plus d'un point la conception française.

Agitation étudiante

Une ombre au tableau : l'irritation anxieuse des jeunes. La poussée démographique et les séquelles du sous-développement limitent, pour eux, les chances d'emploi. En mettant l'accent sur la sélectivité, le ministre de l'Éducation, Chédly Ayari, heurte une partie des étudiants. En novembre, des incidents éclatent à la Cité universitaire du Bardo, et trois facultés sont provisoirement fermées. En mars, les étudiants en droit font la grève des cours. Des députés raniment la querelle du bilinguisme, et réclament une arabisation plus radicale. Ces mouvements, qui n'ont jamais pris le caractère d'une révolte, ne sont que les signes d'une crise d'adaptation aux objectifs prioritaires du nouveau gouvernement.

Zambie

4 208 000. 6. 3,1 %.
Économie. PNB (67) 298. Production (66) : A 10 % + I 56 % + S 34 %. Énerg. (*68) : 553. C.E. (67) : 56 %.
Transports. (*68) : 48 200 + 25 850. (*68) : 74 640 000 pass./km.
Information. (67) : 1 quotidien ; tirage : 37 000. (66) : 55 000. (67) : 11 000. (61) : 7 900 fauteuils. (68) : 47 735.
Santé (67). 245.
Éducation. Prim. (66) : 207 849. Sec. et techn. (66) : 24 870. Sup. (67) : 689.
Institutions. République indépendante proclamée le 24 octobre 1964. Constitution de 1964 ; régime présidentiel. Président de la République et chef de l'exécutif : Kenneth D. Kaunda, réélu le 19 décembre 1968.

Nationalisme noir

Située aux avant-postes de la lutte contre les États à suprématie blanche d'Afrique australe, la Zambie entend bien rester à la pointe du combat anticolonialiste dans cette partie du continent noir. Kenneth Kaunda en apporte la preuve en septembre 1970, à l'occasion du troisième sommet des pays non alignés à Lusaka, puis, en octobre, lors de sa visite à Paris.