La contestation étudiante se manifeste à plusieurs reprises. En mai, l'université de Kisangani est fermée pour un mois. Le 4 juin, à Lovanium, de violentes échauffourées entre l'armée et les étudiants marquent l'anniversaire des manifestations du 4 juin 1969 (l'armée avait ouvert le feu, tuant une quarantaine d'étudiants). Le général Mobutu ordonne aussitôt la fermeture de l'université ; tous les étudiants sont incorporés de force dans l'armée.

À deux reprises, en septembre et en décembre, le chef de l'État procède à de larges remaniements ministériels, modifiant profondément la structure de son gouvernement. Parallèlement, le Mouvement populaire de la révolution (MPR) devient « l'institution suprême de la République », et la création de partis d'opposition, autorisée par la constitution, est dorénavant écartée.

Contestataires et concussionnaires, tièdes et opposants sont systématiquement frappés. Joseph Nsinga, ministre d'État délégué à la présidence, est arrêté en septembre pour escroquerie et traduit en justice ; en novembre, Albert Ndele, ministre d'État chargé des Finances, est révoqué, et l'ancien chef rebelle Christophe Gbenye annonce officiellement son ralliement au général Mobutu en février 1971.

Les étrangers ne sont pas épargnés par le gouvernement ; ils connaissent, eux aussi, la rigueur des lois ; de lourdes peines d'emprisonnement frappent, en mars, plusieurs ressortissants belges accusés de trafic de devises dans l'affaire de la Socobanque.

Investissements

Le rétablissement de la sécurité intérieure fait bénéficier le pays d'un regain de confiance que les voyages à l'étranger entrepris par le président de la République servent utilement.

Entre août 1970 et avril 1971, le général Mobutu se rend successivement aux États-Unis, en Roumanie et en Yougoslavie, au Sénégal, au Libéria, au Togo et au Soudan. En avril, il est l'hôte officiel du gouvernement français, qui le reçoit avec une solennité particulière ; il se rend ensuite au Japon et à Formose.

Avec les hommes d'affaires américains, les contacts sont fructueux ; un milliard de dollars d'investissements sont prévus en cinq ans. Des établissements bancaires comme la First National City Bank ou la Bank of America, de grandes firmes comme Goodyear, Panam et la General Motors s'intéressent au marché congolais et Kaiser décide la création, à l'embouchure du Congo, d'une fonderie d'aluminium, dont l'entrée en service est prévue pour 1973.

Tandis que les polémiques entre l'ancienne Union minière du Haut Katanga et le gouvernement congolais se poursuivent, un important accord pour l'exploitation du cuivre avec un holding minier britannique est conclu en septembre 1970.

Les Japonais, qui ont installé dès décembre une usine de montage de véhicules automobiles à Kinshasa, sont pressentis pour construire une vole ferrée destinée à relier Kinshasa au Katanga et accordent, dans ces perspectives, un prêt de 83 millions de dollars.

Nouveau départ

Inauguré en décembre, le plus puissant émetteur à ondes moyennes (600 kW) du continent africain a été construit par une firme française. La visite du général Mobutu en France est presque exclusivement consacrée à des contacts avec les milieux d'affaires. Grâce à l'importance de ses ressources agricoles et minières, le Congo a atteint ce « deuxième stade de développement » évoqué par le président Pompidou à chacune des étapes de son premier voyage officiel en Afrique noire et est, de ce fait, considéré comme un partenaire de choix par tous les interlocuteurs français.

Compte tenu des nouvelles difficultés traversées par les Congolais dans leurs relations avec la Belgique, la France devrait, au cours des années prochaines, renforcer ses liens économiques avec Kinshasa. D'ores et déjà, la coopération a pris un nouveau départ.

Côte-d'Ivoire

4 195 000. 13. 2,5 %.
Économie. PNB (68) 304. Production (66) : A 41 % + I 18 % + S 41 %. Énerg. (*68) : 167. C.E. (68) : 34 %.
Transports. (*68) : 541 M pass./km, 340 M t/km. (*68) : 40 600 + 30 000. (*68) : 58 953 000 pass./km.
Information. (66) : 1 quotidien ; tirage global : 10 000. (68) : 67 000. (68) : *7 000. (65) : 28 800 fauteuils. (68) : 24 390.
Santé (66). 218.
Éducation (67). Prim. : 407 609. Sec. et techn. : 42 169. Sup. : 2 640.
Institutions. État indépendant le 7 août 1960. République (4 décembre 1958). Constitution de 1960 ; régime présidentiel. Président de la République et chef du gouvernement : Félix Houphouët-Boigny, réélu le 29 novembre 1970.

Pari audacieux

Réélu président de la République pour cinq ans, en novembre 1970, avec pratiquement 100 % des suffrages exprimés, Félix Houphouët-Boigny, quelques semaines auparavant, fait un pari audacieux : à l'issue du cinquième congrès du Parti démocratique de Côte-d'Ivoire (PDCI), parti unique, il préconise l'ouverture d'un dialogue avec l'Afrique du Sud, dont les dirigeants sont pourtant au ban de l'Afrique.