L'un des trois grands fournisseurs mondiaux de produits de lavage (Procter et Gamble) conquiert plus de 7 % d'un marché, pourtant soumis à une âpre concurrence, avec une lessive nouvelle dont le contenu enzymatique sert de thème à une importante campagne publicitaire.

Laver un tissu sale, c'est simplement séparer de la trame du textile les souillures qui y adhèrent. Cette opération purement physique, hier confiée au savon, est accomplie aujourd'hui par des détergents synthétiques, dont les propriétés tensio-actives sont utilisées dans toutes les lessives modernes.

Des oxydants y sont ajoutés, comme les perborates ou les chlorocyanurates, qui attaquent chimiquement certaines salissures d'origine organique et les transforment en produits solubles, aisément séparables de la fibre.

Couper les protéines

De tels mélanges débarrassent efficacement le tissu de la plupart des souillures, sans altérer la fibre. Pourtant, un certain nombre de taches d'origine biologique (jus de fruits, sang, œuf, débris de peau et déchets des glandes sudoripares) restent rebelles au traitement.

Ces substances possèdent le caractère commun d'être composées de protéines, molécules géantes formées par l'enchaînement linéaire d'amino-acides. Si l'on parvient à couper ces macromolécules en morceaux de plus en plus petits, les débris finiront par se dissoudre dans l'eau de lessive, ou par se décoller de la fibre avec l'aide du détergent.

De là l'idée d'ajouter à la formule des poudres à laver une certaine catégorie d'enzymes, les protéases, qui sont précisément chargées de cette tâche de fragmentation des protéines au sein des cellules vivantes. Dans ce processus, les protéases n'interviennent que comme catalyseurs, et il est abusif de dire que les enzymes « dévorent » les taches.

En fait, c'est l'eau qui assure la coupure de la protéine en rompant la liaison entre deux maillons consécutifs (aminoacides ou peptides) de la chaîne protéinique.

Origine bactérienne

Les protéases catalysent cette hydrolyse, c'est-à-dire qu'elles accélèrent considérablement le processus, qui, en leur absence, ne se produirait qu'avec une vitesse extrêmement faible.

Les enzymes incorporées dans les lessives en poudre sont d'origine bactérienne. Les protéases végétales comme la papaïne utilisée aux États-Unis pour attendrir la viande ne sont actives qu'à des pH neutres ou acides ; elles sont, par conséquent, inutilisables dans une eau de lessive généralement assez basique (pH voisin de 9).

De même, les protéases animales (pepsine, trypsine) ne peuvent être employées. La première n'agit qu'en milieu très acide (pH voisin de 1), la seconde en milieu neutre.

La culture des micro-organismes, au contraire, présente le double avantage d'être très rapide (une génération dure entre vingt minutes et deux heures) et de se prêter facilement à des sélections (des souches bactériennes, du milieu nutritif) qui permettent d'obtenir la sécrétion de l'enzyme ou du mélange d'enzymes désiré. La firme danoise NOVO, principal fournisseur actuel d'enzymes, a ainsi sélectionné une souche de Bacillus subtilis qui fournit un mélange de protéases actif dans un domaine d'acidité (entre pH 6 et pH 11) et stable jusqu'à 50 °C.

Un progrès véritable

Le succès rencontré par les lessives aux enzymes, qu'on ne peut imputer au seul effort publicitaire des fabricants, témoigne de leur efficacité. Leur coût, de 20 à 30 % supérieur à celui des lessives classiques, n'a pas rebuté les consommateurs comme l'avaient craint longtemps les producteurs ; c'était d'ailleurs la raison du délai de près de trente ans entre la découverte et son application à grande échelle. Il ne s'agit pas d'une mode, mais d'un véritable progrès dans la technique du lavage.

Nouveau procédé de fixation de l'azote atmosphérique

L'azote de l'atmosphère peut être transformé en ammoniac à la température et à la pression ordinaires. Cette découverte d'une équipe de l'université Stanford (Californie), dirigée par Eugène Van Tamelen, est riche de conséquences pour l'agriculture, si l'on parvient à la mettre en œuvre à grande échelle dans l'industrie chimique.