En rentrant d'Afrique, le Jean-Charcot a été utilisé successivement en Atlantique (campagne Hydratlante III), en Méditerranée (Hydromède III, Mediprod I), puis de nouveau dans l'Atlantique (Gestlande III). Au cours d'Hydromède III, le Jean-Charcot a, en outre, participé à un programme international de recherches sur la formation des eaux profondes en Méditerranée occidentale. Les États-Unis avec l'Atlantis II, la Grande-Bretagne avec l'Hydra et le Discovery, l'Italie avec le Bannock et le Maria-Paolina ont participé à cette campagne baptisée Médoc, bien qu'on y étudie exclusivement l'eau de mer.

Jusqu'où descendra-t-on sous la surface de la mer ?

L'accident mortel survenu lors des préliminaires de l'opération Sealab III a rappelé que la plongée profonde comportait encore de nombreuses inconnues et des risques sérieux. C'est pour tenter de résoudre ces problèmes et pour essayer ainsi d'éliminer les accidents les plus graves, que plusieurs expériences ont été menées en France par la COMEX (Compagnie maritime d'expertises), par le CEMA (Centre d'études marines avancées) et par le GERS (Groupe d'études et de recherches sous-marines) de la Marine nationale.

La COMEX a procédé, du 8 au 27 octobre 1968, en mer, au large de Cassis, à l'expérience Janus. Il s'agissait de comparer deux méthodes de plongées à saturation. En effet, après un séjour même bref dans un milieu hyperbare, un organisme ne peut être ramené sans de longues heures de décompression à la pression atmosphérique normale. Il faut que les tissus vivants éliminent très lentement les gaz qu'ils ont absorbés sous l'effet de la pression. Sans cela, on risque des accidents pouvant aller jusqu'à la mort. Le temps de décompression dépend essentiellement de la profondeur à laquelle est descendu le plongeur. Au-delà d'un certain temps de séjour (quelques heures), la durée de la décompression n'augmente pas : l'organisme est « saturé » ; ses tissus ne peuvent pas absorber plus de gaz. Ces propriétés des tissus vivants imposent donc de longues heures de décompression, même pour un court moment de travail effectif à grande profondeur.

Pour rendre la plongée profonde moins onéreuse, on a pensé aux maisons sous la mer (du style Sealab ou Tektite), dans lesquelles les aquanautes vivent sous une pression égale à celle qui règne dans la mer environnante. On a pensé aussi à remonter les plongeurs sous pression — dans un caisson-ascenseur —, puis à les transférer, toujours sous pression, dans un caisson-habitation aménagé dans le navire de service. Cette seconde méthode permet, en cas de besoin, une surveillance médicale directe des plongeurs, et facilite également leur ravitaillement.

« Sealab III » : un échec
« Tektite I » : un succès

L'opération Sealab, retardée d'une vingtaine de mois, commençait enfin le 17 février 1969. Cinq équipes de huit hommes devaient se relayer de douze jours en douze jours dans un habitat-caisson posé au large de San Diego (Californie) par 182 m de fond. Le 17 février, une équipe de plongeurs descendit pour effectuer d'ultimes essais et vérifications. Très vite, un des aquanautes, Berry L. Cannon, ingénieur électronicien, eut un malaise et succomba. Jusqu'à ce que les causes de la mort de ce plongeur soient clairement comprises, la marine américaine a décidé d'ajourner la reprise de l'expérience Sealab III.

Commencée le 15 février 1969, l'expérience Tektite I, elle, a été menée avec un plein succès. Quatre hommes ont vécu soixante jours dans une maison-sous-la-mer installée, à 15 m de profondeur, devant l'île Saint-John (îles Vierges). Tektite I a été réalisée par la General Electric pour le compte de la Navy, de la NASA et du département de l'Intérieur.

Le but de l'opération : étudier les fonds marins (géologie aussi bien que biologie) et le comportement d'hommes complètement isolés pendant une longue période dans un milieu hostile. L'un des quatre aquanautes, le biologiste Richard A. Waller, visitant Paris le 1er mai, a confirmé le plein succès de Tektite I. Pourtant, Tektite I était une opération modeste (1,5 million de dollars) quand on la compare au projet Sealab III, qui aurait dû coûter 17 millions de dollars.

Méthode caissons

L'une et l'autre méthode ont en commun l'avantage de ne nécessiter qu'une seule séance finale de décompression. Elles évitent aussi les compressions et décompressions successives qui fatiguent l'organisme. La méthode des deux caissons est déjà couramment utilisée pour les chantiers sous-marins jusque vers – 180 m.