Toujours violemment contesté à l'étranger, le système d'apartheid sud-africain soulève des oppositions de plus en plus nombreuses en Afrique du Sud même. À la fin de l'été 1968, un important mouvement de contestation prend naissance à l'université du Cap et gagne plusieurs autres universités. En avril 1969, c'est sur les campus universitaires de Johannesbourg et de Durban que se développe le courant d'hostilité à la ségrégation raciale.

Le gouvernement de Pretoria n'en fait pas moins face avec énergie. Les procès politiques se poursuivent : des journalistes, accusés d'avoir diffusé des informations « tendancieuses », sont condamnés à Johannesbourg. En mars, la Cour suprême de Pietermaritzburg avait frappé de lourdes peines de prison des nationalistes noirs.

L'armée organise, au mois d'août 1968, d'imposantes manœuvres antiguérillas destinées à impressionner l'opinion publique. En février 1969, Botha, ministre de la Défense, annonce des mesures destinées à moderniser la force de frappe aérienne des Sud-Africains, qui continuent d'acheter, en France notamment, de nombreux avions supersoniques. En mai, c'est à des achats de missiles sol-air de type Crotale que procèdent les Sud-Africains dans les usines françaises.

Sur le problème du Sud-Ouest africain, dont l'assemblée générale de l'ONU a demandé, en décembre, le retrait de la République sud-africaine, Pretoria reste intransigeant. Après avoir créé un premier État autonome en octobre 1968 — l'Ovamboland —, le gouvernement sud-africain poursuit sa politique de développement séparé et intensifie sa lutte contre les nationalistes du Front de libération de la Namibie (63 guérilleros appartenant à ce mouvement sont passés par les armes en octobre).

Rhodésie

4 670 000. 11. 3,1 %.
Économie. PNB (66) 228. Production (66) : A 20 % + I 34 % + S 46 %. Consomm. énergie (*66) : 567 kg e.c.
Transports. (*66) : 8 671 M t/km. (64) : 95 400 + 25 200.
Information. (65) : 4 quotidiens ; tirage global : 63 000. (61) : 8 800 fauteuils. (66) : 105 594.
Santé (64). 547 .
Éducation (65). Prim. : 627 806. Sec. et techn. : 15 146. Sup. : 859.
Institutions. État indépendant le 11 novembre 1965. République. Constitution de 1969. Premier ministre : Ian Douglas Smith.

Le référendum constitutionnel soumis aux électeurs le 20 juin 1969 a donné 61 130 « oui » (80,97 %) pour la proclamation de la République, et 54 724 « oui » (72,48 %) pour la nouvelle constitution. La rupture avec la Grande-Bretagne est donc définitivement consommée. En outre, le régime d'apartheid est constitutionnalisé.

Rwanda

3 405 000. 122. 3 %.
Économie. PNB (63) 77. Consomm. énergie (*66) : 16 kg e.c.
Santé (66) : .
Éducation. Prim. (63) : 359 542. Sec. et techn. (63) : 7 654. Sup. (65) : 127.
Institutions. État indépendant le 1er juillet 1962. République (28 janvier 1961). Constitution présidentielle de 1962. Président de la République et chef de l'exécutif : Grégoire Kayibanda, réélu le 3 octobre 1965.

Sénégal

3 635 000. 18. 2,5 %.
Économie. PNB (66) 227. Consomm. énergie (*66) : 145 kg e.c.
Transports. (*66) : 268 M pass./km, 206 M t/km. (*66) : 29 800 + 18 800. (*66) : 58 543 000 pass./km.
Information. (66) : 1 quotidien ; tirage : 20 000. (66) : *260 000. (65) : 33 500 fauteuils ; fréquentation : 5,2 M. (66) : 25 513.
Santé (65). 186 .
Éducation (65). Prim. : 218 795. Sec. et techn. : 30 730. Sup. : 2 139.
Institutions. État indépendant le 20 août 1960. République (25 novembre 1958). Constitution de 1963 ; régime présidentiel. Président de la République et chef de l'exécutif : Léopold Sédar Senghor, réélu pour la troisième fois le 25 février 1968. Parti unique : Union progressiste sénégalaise (UPS).

Léopold Sédar Senghor doit faire face à la fois à de graves difficultés financières et à une agitation universitaire qui persiste à l'état endémique.

En mai 1969, la fidélité des syndicats au gouvernement lui permet d'engager dans de bonnes conditions l'épreuve de force avec les étudiants contestataires. La cité universitaire de Dakar, évacuée sans incident majeur par les forces de l'ordre, est fermée. À aucun moment la vie de la capitale sénégalaise n'a été perturbée. En revanche, dix mois plus tôt, de violentes émeutes, déclenchées également par les étudiants, avaient provoqué la mort de plusieurs personnes. Le fait qu'une partie des syndicats sénégalais ait accordé leur appui aux étudiants explique que les désordres aient alors pris une telle ampleur et que L.S. Senghor ait un moment décidé la fermeture de l'université de Dakar pour une période d'un an.