À l'issue de quatre années de lutte qui ont fait plusieurs milliers de morts et blessés, tant parmi les troupes britanniques que chez les résistants arabes, l'indépendance de la Fédération de l'Arabie du Sud a été proclamée le 30 novembre 1967, mettant ainsi fin à 129 ans de « protection » anglaise. Le nouvel État — un agglomérat de 17 anciennes principautés, s'étendant sur 155 400 km2 — a adopté comme capitale Al Chaab, à 12 km d'Aden, et a désigné Qahtan el Chaabi président de la République.

Ce dernier est le chef du Front national de libération (FNL), l'un des deux mouvements nationalistes qui ont dirigé la lutte armée contre l'occupation britannique. Il avait réussi à éliminer le groupe rival, le FLOSY (Front de libération du Sud-Yémen occupé), soutenu par la RAU, en gagnant à sa cause le haut commandement de l'armée fédérale, alors contrôlée par les Anglais. Par la suite, il a fait admettre le FNL comme unique interlocuteur valable de la puissance tutélaire. Les négociations, ouvertes à Genève, le 21 novembre, avec les représentants de Londres, ont abouti à des résultats décevants pour les délégués arabes. Ils se virent offrir 12 millions de livres pour une période de six mois, au lieu des 60 millions annuels demandés.

Depuis l'indépendance, la nouvelle République a conclu divers accords économiques, notamment avec l'URSS, à qui elle a consenti des facilités maritimes et aériennes à Aden, sans pour autant améliorer sa situation financière. La manière avec laquelle ont été appliquées la réforme agraire et diverses mesures sociales a été jugée peu satisfaisante par l'aile gauche du FNL. Celle-ci a été éliminée en grande partie à la suite de quatre tentatives de soulèvement en mai et juin 1968.