En décembre, le Congrès des travailleurs rebelles de Chang-hai réclame la création d'une nouvelle Internationale communiste, ce qui n'est pas fait pour plaire à Moscou, dont les journaux, de leur côté, multiplient les attaques contre Mao et décrivent une Chine en proie à la guerre civile.

Par tous les moyens, Pékin harcèle l'URSS. Son consulat dans la capitale chinoise est saccagé en août 1967. Un navire soviétique et son équipage sont bloqués dans le port de Dairen. Deux officiers de la marine marchande soviétique sont expulsés de Canton pour avoir pris quelques photos. Quant au président Kossyguine, il est présenté comme « le Saint-Voyou du Vatican » et l'allié des États-Unis.

Les États-Unis ne sont pas oubliés. Un avion américain est abattu et son pilote présenté à la foule de Nan-ning. Après le meurtre de Martin Luther King, Mao lui-même pousse les Noirs à la lutte et provoque à Pékin une manifestation monstre.

Cependant, la cible de choix est la Grande-Bretagne Après les incidents de Hongkong, son consulat de Chang-hai est confisqué, son chargé d'affaires à Pékin séquestré pendant trois mois, après saccage de son domicile. Séquestré aussi depuis fin juillet 1967, le correspondant de l'agence Reuter ne reçoit une première visite de deux diplomates britanniques qu'en fin avril 1968.

Quant à la France, elle vit à Pékin sous le régime de la douche écossaise. Alors qu'en mars 1968 le maréchal Chen Yi, ministre des Affaires étrangères, apparaît à une réception de l'ambassade de France, où il n'avait pas remis les pieds depuis le 14 juillet 1966 (accompagné de l'ambassadeur à Paris, Huang Chen, rappelé à Pékin), alors qu'en avril la Chine décide de choisir le franc comme monnaie de commerce avec le Japon, brusquement, au début de mai, le directeur du bureau de l'Agence France-Presse à Pékin, Jean Vincent, est expulsé, et, au cours des semaines suivantes, s'accumulent les attaques et les manifestations pour « la lutte légitime des étudiants et des ouvriers français, trahis par les syndicats, le Parti communiste et l'URSS ».

Il est vrai qu'entre-temps Paris a gravement froissé Pékin en accueillant les pourparlers américano-vietnamiens. Pourparlers qualifiés de « scandaleux » par le maréchal Chen Yi, qui parle de « supercherie » et réaffirme à l'adresse d'Hanoi que seule une solution militaire peut mettre fin au conflit. Ce que certains ont qualifié de « Waterloo diplomatique » confirme l'isolement de Pékin.

À ceux qui voient chez elle la guerre civile, la Chine riposte en décrivant « les océans de blé d'or et les montagnes de céréales » d'une récolte exceptionnellement bonne pour une année si agitée. En revanche, elle ne dit pas un mot, à Noël, d'un septième essai nucléaire assez mystérieux. D'ailleurs, les communiqués de victoire n'empêchent pas les avertissements réalistes. Ainsi, en octobre 1967, Radio-Pékin annonce la mise au point d'un puissant ordinateur, mais le Quotidien du peuple prophétise : « L'année à venir sera marquée par une lutte de classes grave et complexe. » Sans doute plus complexe encore à cause de l'énormité d'un pays dont le Sunday Times affirme qu'il compte aujourd'hui 800 millions d'habitants, contre 600 millions au dernier recensement de 1953.

Chypre

603 000. 64. 0,9 %. Consomm. énergie (*65) : 916 kg e.c.
Transports. Parc autos : (*65) : 30 500 00 + 11 200. Aviat. civ. (*65) : 38 369 000 pass./km.
Information. Journaux : 10 quotidiens ; tirage global : 129 000. Récepteurs radio : *130 000. Téléviseurs : 14 000. Cinéma : 154 salles ; fréquentation 18,6 M. Postes téléphone : 28 246.
Santé (64). 424 médecins.
Éducation (64). Prim. : 69 218. Sec. et techn. : 27 261. Sup. : 88.
Institutions. République indépendante le 16 août 1960. Président de la République : Mgr Makarios (Grec), réélu le 25 février 1968. Vice-président : Dr Fazil Kutchuk (Turc).

Deux événements ont marqué l'évolution de la situation à Chypre : les combats qui ont éclaté le 15 novembre 1967 entre les forces grecques et des villageois turcs (faisant 28 morts, dont 27 parmi ces derniers), et l'ouverture, le 3 juin 1968, de négociations entre les représentants des deux communautés de l'île.