Les thèses castristes, qui allaient de pair avec une critique à peine voilée de l'Union soviétique, hostile à la lutte armée, étaient mal accueillies par plusieurs partis communistes latino-américains favorables à une opposition légale et non armée aux régimes en place.

Leur réaffirmation solennelle et la condamnation du PC vénézuélien, coupable de « trahison » aux yeux de Fidel Castro pour avoir désavoué la guérilla, n'en sont que mieux accueillies par les partisans d'une nouvelle intervention contre Cuba.

Canada

Le séparatisme québécois et l'attraction des États-Unis menacent son unité

(61) : 18 238 247. 2. 2 %. Consomm. énergie : 7 137 kg e.c.
Transports. Rail : 4 314 M pass./km, 124 030 M t/km. Parc autos : 5 037 900 + 1 297 000. Mar. march. (*65) : 1 830 000 tjb. Aviation civile : 6 296 381 000 pass./km.
Information. Journaux (*63) : 111 quotidiens ; tirage global : 4 213 000. Récepteurs radio : 10 M. Téléviseurs : 4 950 000. Cinéma (63) : 1 486 salles, fréquentation : 97 888 000. Postes téléphone : 7 011 000.
Santé (62). 21 000 médecins.
Éducation (63). Prim. : 3 418 302. Sec. et techn. : 1 435 332. Sup. : 256 217.
Institutions. État fédéral indépendant en 1931 (Statut de Westminster). Constitution de 1867. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : Daniel Roland Michener. Premier ministre : Lester Bowles Pearson.

Le centenaire de la Confédération canadienne (1867-1967), l'Exposition internationale et universelle organisée à cette occasion à Montréal, la venue de nombreux chefs d'État et de gouvernement — dont la reine Elisabeth et le général de Gaulle dans la deuxième quinzaine de juillet — n'ont pas suffi à faire oublier les forces divergentes qui menacent toujours l'unité du Canada.

La plus visible de ces tendances contradictoires, le particularisme québécois, s'est manifestée lors des élections organisées le 5 juin 1966 dans la province francophone : la défaite du parti libéral, partisan d'un fédéralisme coopératif, et l'accession au pouvoir de l'Union nationale ont témoigné, en effet, d'un net progrès du sentiment autonomiste dans la communauté canadienne française.

Pour la première fois, d'autre part, les séparatistes québécois ont pu se compter : ils ont obtenu 8 % des suffrages, ce qui n'est pas négligeable, puisque leur électorat est jeune. Ce succès est d'autant plus sensible que Daniel Johnson, le chef de l'Union nationale, n'avait pas hésité à leur faire directement concurrence grâce à son slogan : « Égalité avec les provinces anglophones ou indépendance. »

Déclenché par l'Exposition

Une fois au pouvoir, et en dépit de ses promesses électorales, Daniel Johnson accepte cependant de temporiser et d'ouvrir la discussion avec le gouvernement fédéral d'Ottawa. Le Premier ministre québécois met, en particulier, un frein à ses revendications en matière fiscale. Par souci d'équilibre budgétaire et par répugnance à faire des entorses au principe de la libre entreprise, met-il également un frein au développement économique de la province francophone ? Ses adversaires du parti libéral l'assurent. Le phénomène, s'il existe, a cependant été masqué par le mouvement d'expansion déclenché par l'Exposition de Montréal.

Comme l'ensemble du Canada, le Québec n'a pas échappé à une vague sans précédent de mouvements sociaux et à un taux élevé d'inflation. Les grèves ont touché tous les secteurs : ce qui, notamment, a décidé Daniel Johnson à supprimer le droit de grève aux enseignants.

Mais les soucis du gouvernement d'Ottawa ne sont pas venus du seul Québec. De nombreuses autres provinces ont argué des revendications de la province francophone pour tenter de faire reconnaître les leurs par le gouvernement central.

Cette tendance à la dispersion des pouvoirs a encore été accentuée par l'inefficacité d'un Parlement fédéral en proie aux querelles de personnes et à l'éclatement d'un certain nombre de scandales, dont le plus célèbre fut l'affaire Munsinger.

Au début de 1967 s'est confirmée, d'autre part, une nouvelle menace pour la Confédération canadienne : celle d'une absorption progressive du Canada par les États-Unis. De même que certains Québécois sont partisans d'une indépendance de leur province, de nombreux habitants des provinces de l'ouest canadien ne verraient pas d'un mauvais œil leur intégration aux États-Unis, dont ils se sentent plus proches que des provinces orientales.

Les capitaux étrangers

Ce risque est encore aggravé par l'importance croissante que prennent les capitaux américains dans l'économie canadienne. Le gouvernement fédéral semble avoir pris conscience du danger. En réintégrant dans son gouvernement Walter Gordon, partisan de l'indépendance économique du Canada, Lester Pearson, le Premier ministre canadien, a sans doute voulu donner un avertissement aux investisseurs américains.