question des réparations

Ensemble des problèmes posés par le paiement des dommages de guerre imposé à l'Allemagne par le traité de Versailles en 1919.

HISTOIRE

L'ambiguïté du traité de Versailles

Dès l'armistice (→ armistice de Rethondes, 11 novembre 1918), les Alliés sont d'accord sur le principe d'obliger l'Allemagne à rembourser la totalité des dommages causés par la guerre, y compris les pensions. Mais ils divergent quant aux sommes à fixer, quant aux pourcentages de chacun des Alliés et quant aux modalités pratiques de remboursement. Des sommes irréalistes allant jusqu'à 500 milliards de marks-or et des délais dépassant 40 ans sont envisagés, surtout en France, nation la plus touchée et où le mythe facile de « l'Allemagne paiera » a été encouragé par certains milieux politiques devant les difficultés monétaires.

Chez les Anglais, en revanche, s'impose très vite, sous l'influence de l'économiste Keynes, le réalisme d'un meilleur rendement de relations commerciales normales avec l'Allemagne, qu'il importe donc de ne pas ruiner.

L'article 231 du traité de Versailles énonce seulement le principe, une « Commission des réparations » devant évaluer les montants et fixer les modalités de paiement : « Les gouvernements alliés déclarent et l'Allemagne reconnaît que l'Allemagne et ses alliés sont responsables, pour les avoir causés, de toutes les pertes et de tous les dommages subis par les gouvernements alliés et leurs nationaux, en conséquence de la guerre qui leur a été imposée par l'agression de l'Allemagne et de ses alliés. »

Sa rédaction ambiguë, qui visait pourtant une « responsabilité civile » et non pas une « culpabilité morale », provoque en Allemagne une grande indignation ; l'article 231 ne sera signé que sous la menace d'un ultimatum, d'où la naissance, en Allemagne, de la formule du « diktat ».

La résistance passive de l'Allemagne

Avec les dettes de guerre interalliées, auxquelles elles se trouvent liées, les réparations vont empoisonner les relations internationales de 1920 à 1932. La France, au total, ne recevra que 8 milliards de marks-or sur les 69 qui lui revenaient à l'origine. La conférence de Spa (juillet 1920) détermine ainsi les pourcentages : 52 % pour la France, 22 % pour la Grande-Bretagne, 10 % pour l'Italie, etc. Le 27 avril 1921, la Commission des réparations fixe à 132 milliards de marks-or le total des obligations allemandes.

Dès octobre, l'Allemagne demande un moratoire de six mois en raison de l'effondrement du mark. La conférence de Cannes (janvier 1922) s'achève en mars par l'accord de Poincaré sur le moratoire.

L'Allemagne en réclame un second en juillet, mais, devant le refus de l'Angleterre d'appliquer des sanctions, Poincaré réagit par l'occupation de la Ruhr et l'exploitation directe de ses houillères (11 janvier 1923). La réplique allemande par la grève et la désobéissance civile finit par s'essouffler et le chancelier allemand, Gustav Stresemann, s'incline le 12 août 1923.

Échec du rapprochement franco-allemand

L'arrivée au pouvoir en France, en 1924, du Cartel des gauches et d'Aristide Briand – avec sa politique d'apaisement envers l'Allemagne – repose à nouveau le problème. Le plan Dawes (1924-1930) limite les paiements allemands, mais les garantit. Le plan Young (1930-1932) diminue encore le montant des réparations, mais non les dettes de la France envers ses alliés.

La crise économique mondiale, qui touche durement l'Allemagne, amène le président américain Hoover à proposer un moratoire général et définitif que l'Angleterre accepte aussitôt, mais que la France refuse d'abord. À la conférence de Lausanne (juin-juilllet 1932), Édouard Herriot finit par accepter l'annulation des réparations sous réserve d'un dernier versement de 3 milliards de marks-or. Mais la France refuse désormais de payer le reliquat de ses dettes à l'Amérique (décembre 1932).

L'avènement de Hitler (janvier 1933) met fin au problème des réparations, l'Allemagne ne payant même pas le reliquat prévu à Lausanne.

Pour en savoir plus, voir les articles histoire de l'Allemagne, Première Guerre mondiale, IIIe République.