Cartel des gauches

Édouard Herriot
Édouard Herriot

Coalition des partis de l'opposition formée en France lors des élections législatives du 11 mai 1924 contre la majorité de droite du Bloc national.

Regroupant les socialistes SFIO, les républicains socialistes, les radicaux-socialistes et la gauche radicale, le Cartel remporte, avec 327 sièges, une victoire électorale qui lui permet d'accéder au pouvoir (juin 1924-juillet 1926). La nouvelle majorité contraint le président de la République Alexandre Millerand à démissionner. Édouard Herriot forme un ministère radical-socialiste homogène auquel, sans y participer, les socialistes apportent leur soutien.

Bien que le programme social du Cartel soit assez modéré, sa politique (mesures anticléricales, détente avec la Grande-Bretagne et l'Allemagne, reconnaissance de l'URSS) suscite aussitôt l'hostilité des milieux d'affaires. Aux difficultés financières du gouvernement (inflation, accélération de la chute du franc, crise de confiance des porteurs des bons du Trésor), ces milieux opposent le « mur d'argent » (spéculation, fuite des capitaux). La Banque de France refuse le dépassement du plafond de la circulation monétaire qui aurait permis de faire face aux demandes croissantes de remboursement des bons du Trésor, provoquant ainsi la démission d'Étienne Clémentel puis celle d'Édouard Herriot (avril 1925). La majorité est affaiblie par la défection de la gauche radicale, et s'ouvre une période de grande instabilité ministérielle.

Les cabinets Painlevé et Briand ne parviennent pas à maintenir l'unité du Cartel, ni à dénouer la crise. Après une deuxième et éphémère tentative, Édouard Herriot doit s'effacer devant Raymond Poincaré, qui forme en juillet 1926 un ministère d'union nationale, auquel se rallient les radicaux. La Chambre accorde au nouveau cabinet les pleins pouvoirs nécessaires au redressement financier, qu'elle avait refusés aux gouvernements précédents. L'échec du cartel est confirmé par la victoire des modérés aux élections législatives d'avril 1928.

Pour en savoir plus, voir l'article IIIe République.