gabelle

(provençal gabela, de l'arabe qabāla, impôt)

Impôt sur le sel, en vigueur en France sous l'Ancien Régime.

Instituée par les ordonnances de 1341 et de 1343 promulguées par Philippe VI, et définitivement établie en 1383, la gabelle était perçue par les grenetiers, officiers qui vendaient dans les greniers royaux le sel dont le prix était majoré du droit de gabelle fixé par le roi. En 1578, cet impôt fut affermé à une compagnie d'hommes d'affaires, et en 1681 le bail des gabelles fut incorporé dans la ferme générale. La gabelle amena la royauté à contrôler strictement l'exploitation et la vente du sel et à diviser le royaume en secteurs de statut différent : 1° les pays de grande gabelle (Anjou, Touraine, Maine, Normandie, Île-de-France, Picardie, Champagne, Nivernais, Bourbonnais, Berry, Orléanais), où les habitants étaient obligés d'acheter au grenier à sel une quantité déterminée de sel (le sel du devoir), vendue très cher ; 2° les pays de petite gabelle (Provence, Dauphiné, Lyonnais, Languedoc, Roussillon), où le prix du sel était bas et la consommation libre ; 3° les pays de quart-bouillon (basse Normandie), où le roi prélevait le quart de la production de ce sel ; 4° les pays rédimés (basse Auvergne, Marche, Limousin, Poitou, Guyenne, Aunis, Saintonge), qui n'avaient pas de greniers à sel ; 5° les pays exempts (Bretagne, Hainaut, Flandre, Artois, Boulonnais, Béarn, Navarre, Corse), où le commerce et le prix du sel étaient libres.