République du Biafra

État éphémère formé par la sécession de la région orientale du Nigeria (1967-1970) à la suite des antagonismes anciens qui opposaient les populations du Nord et du Sud-Ouest, les Haoussas et les Foulanis (Peuls), essentiellement musulmans, aux Ibos de l'Est et du Sud-Est, fortement christianisés.

Les raisons de la sécession

La région rebelle comptait environ 14 millions d'habitants, soit moins du quart total de la fédération, mais elle en était la partie la plus riche. Grâce aux gisements de gaz naturel, de pétrole, de charbon, à l'exploitation des bois tropicaux, elle fournissait plus de 60 % de la production totale du Nigeria.

En 1964, le Sud boycotte les élections fédérales ; un accord intervient difficilement pour sauver la fédération. Le général Johnson Aguyi-Ironsi, un Ibo, devenu chef de l'État, supprime les régions, mais est renversé le 22 juillet 1966 et la fédération rétablie, tandis que le Nord procède à de véritables massacres d'Ibos. Près de 2 millions de réfugiés regagnent la province orientale.

Proclamation de l'indépendance

Le 28 mai 1967, le nouveau chef de l'État, le général Yakubu Gowon, divise la fédération en douze régions ; le 30 mai, le Biafra proclame son indépendance sous la direction du colonel Odumegwu Ojukwu.

Les troupes biafraises prennent Benin et se dirigent vers Lagos. Dès septembre, elles battent en retraite, et environ 30 000 Ibos sont massacrés dans les régions reconquises (Benin et Asaba).

La guerre

La portée du conflit dépasse les frontières du Nigeria en raison des appuis internationaux dont bénéficient les belligérants. Au cours de l'année 1968, le Biafra est reconnu par la Tanzanie, le Gabon, la Côte d'Ivoire et la Zambie et aidé matériellement par le Portugal, la Chine et la France. Cependant, la majorité des États de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) condamne en septembre 1967 la sécession au nom de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation. L'URSS et la Grande-Bretagne soutiennent le gouvernement fédéral, qui conserve toujours l'initiative et met rapidement sur pied un redoutable blocus.

La chute de Port-Harcourt le 18 mai 1968 transforme le Biafra en une forteresse assiégée. À la fin de l'année, les principales régions productrices de produits vivriers sont perdues. Le drame vécu par la population civile, largement médiatisé, alerte les opinions publiques occidentales et suscite des actions d'intervention humanitaire : un groupe de « French Doctors », désolidarisé des principes de la Croix-Rouge, crée un « Comité international contre le génocide au Biafra ». Le colonel Ojukwu se réfugie en Côte d'Ivoire après avoir transmis ses pouvoirs à son chef-d'état major et éphémère dauphin, le général Philip Effiong, qui signe la capitulation sans conditions à Lagos le 12 janvier 1970.

La guerre du Biafra, l'une des plus cruelles du continent africain, a provoqué près de deux millions de morts, victimes de la malnutrition et de la famine pour la plupart.

Pour en savoir plus, voir l'article Nigeria : histoire.