L'image de la France est très écornée au Mali. L'approbation tacite par Paris du coup d'État nigérien avait déjà été mal ressentie à Bamako, mais c'est l'affaire des immigrés grévistes de la faim expulsés de l'église Saint-Bernard, où de nombreux Maliens étaient impliqués, qui a laissé l'impression la plus négative. Le président malien Alpha Oumar Konaré se rend en personne à Paris pour faire part de son émotion. Pour apaiser les autorités et la population, choquées par l'attitude et les propos du gouvernement français, Jacques Godfrain est dépêché au Mali en septembre. La France s'engage alors dans le développement de la région de Kayes, d'où sont en général originaires les immigrés maliens de la région parisienne, afin, selon les propos du ministre français, de « dissuader la population d'aller chercher l'Eldorado dans les couloirs du métro parisien ».

Burkina

Le Premier ministre burkinabé, Marc Christian Roch Kaboré, très proche du président Blaise Compaoré et en fonction depuis 1994, est remplacé par Kadré Désiré Ouedraogo en février. Ce départ intervient juste après la fusion d'un certain nombre de partis d'opposition, qui préparent ainsi les élections législatives de 1997. Une tentative de coup d'État, apparemment provoquée par le mécontentement qu'a suscité dans une partie de l'armée la suppression du CNEC (Centre d'entraînement des commandos), est déjouée le 7 octobre. En décembre, un sommet franco-africain se tient à Ouagadougou et examine, notamment, les problèmes de la « bonne gouvernance » (démocratie effective, gestion rigoureuse des affaires de l'État, etc.) ainsi que la situation dans les Grands lacs et en Centrafrique.

Niger

Fin janvier, à Niamey, un coup d'État militaire renverse le président Mahamane Ousmane et donne le pouvoir au colonel Ibrahim Maïnassara Baré. Devenu, depuis, général de brigade, il est élu à la présidence le 8 juillet, avec plus de 52 % des voix, contre près de 20 % à son prédécesseur, qui bénéficie toujours du soutien de la communauté haoussa, démographiquement majoritaire et qui « tient » le commerce avec le Nigeria.

Le nouveau chef de l'État est parvenu juste avant l'élection à un accord financier avec le FMI (Fonds monétaire international). Les bailleurs de fonds du pays regardent le régime militaire avec une relative sympathie, en raison de sa volonté de remettre en ordre les comptes nationaux et l'économie, ce à quoi avait renoncé la précédente équipe, trop occupée par une crise institutionnelle grave, née en 1995 du conflit entre le président de la République et son Premier ministre. Ainsi la France, qui condamne avec les États-Unis les conditions dans lesquelles s'est déroulé le scrutin, se satisfait-elle discrètement du retour à la stabilité dans un pays francophone, où la démocratisation était synonyme de désorganisation de l'État et de prise du pouvoir par l'ethnie haoussa, trop favorable à ses yeux au puissant voisin anglophone qu'est le Nigeria. Le coup d'État semble également avoir des effets positifs sur les relations du gouvernement de Niamey avec les rebelles touaregs du Nord.

Chrono. : 26/01, 12/05, 8/07.

Tchad

Le processus de démocratisation du Tchad, engagé avec la Conférence nationale souveraine (CNS) de 1993, s'achève par l'élection présidentielle de juin-juillet 1996. Le président Idriss Déby obtient officiellement près de 70 % des voix au second tour, contre près de 31 % au colonel Abdelkader Wadal Kamougué, le nouveau champion du « Sud », la partie la plus riche du pays, indépendante dans les faits entre 1979 et 1981. Les résultats du référendum constitutionnel d'avril avaient précédemment confirmé la partition traditionnelle du Tchad en deux régions distinctes (Sud chrétien contre Nord musulman). La situation des droits de l'homme au Tchad, qui continue de préoccuper Amnesty International, a encouragé le rejet du président actuel par les populations du Sud.

Rwanda

Après la démission en 1995 du Premier ministre Faustin Twagiramungu et de 3 autres ministres hutus, le pouvoir est plus que jamais aux mains de la minorité tutsie et du vice-président Paul Kagame. En janvier et février, des informations concordantes font état de massacres de Hutus par les forces armées tutsies. Le gouvernement réagit en faisant arrêter des militaires coupables d'exactions et assure par ailleurs que les « simples exécutants » du génocide échapperont à la peine de mort. En mars, un sommet des pays des « grands lacs », convoqué à Tunis par l'ex-président américain Jimmy Carter, s'achève sans résultats concrets, tandis que le général Kagame se félicite du départ, à l'expiration de leur mandat, des Casques bleus de l'ONU. F. Twagiramungu et l'ex-ministre de l'Information Seth Sendashonga forment en exil un parti d'opposition. En avril, le président du Rwanda, Pasteur Bizimungu, accuse Paris de « manipuler l'information pour faire croire qu'un deuxième génocide [des Hutus par l'armée dominée par les Tutsis] est actuellement en cours ». En août, le Rwanda se joint aux autres pays de la région pour appliquer des sanctions contre le Burundi à la suite du coup d'État du major Pierre Buyoya. Le Tribunal pénal international pour le Rwanda, installé à Arusha, en Tanzanie, obtient l'arrestation de plusieurs responsables du génocide réfugiés à l'étranger (Cameroun, Éthiopie et Kenya, notamment). En octobre, les opérations menées par les Forces armées zaïroises (FAZ) contre les Banyamulengés (des Tutsis rwandais installés dans la région du Kivu au siècle dernier et que Kinshasa accuse de fomenter des troubles avec le soutien du Rwanda et du Burundi) sont suivies d'une rébellion tutsie, manifestement encouragée par le Rwanda, qui met rapidement en déroute les FAZ. Fuyant les combats, les centaines de milliers de Hutus rwandais réfugiés au Zaïre refluent alors vers le Rwanda.