Sur le plan international, le gouvernement hongrois poursuit patiemment sa politique de rétablissement de bons rapports avec les pays voisins (où vivent d'importantes minorités hongroises), condition nécessaire à une future adhésion à l'Union européenne. Après la conclusion, en 1995, d'un accord avec la Slovaquie, le 16 septembre, la Hongrie signe avec la Roumanie un traité historique d'inviolabilité des frontières et de garantie des droits de la minorité hongroise en Roumanie.

République tchèque : les limites de la transition libérale

La République tchèque fait figure d'exception parmi les anciens membres du bloc soviétique. Seul pays de la région dans lequel le retour au pouvoir des anciens communistes est quasi improbable, la scène politique y est relativement stable. Le gouvernement du Premier ministre Vaclav Klaus y poursuit toujours, malgré certains assouplissements, une politique ouvertement libérale.

Il est vrai qu'avec l'un des plus bas taux de chômage d'Europe, une inflation quasiment maîtrisée et une croissance soutenue (de l'ordre de 5 %), les conséquences sociales de la « transition » tchèque sont moins douloureuses qu'ailleurs. De larges couches de la population commencent cependant à manifester des réserves face à la montée des inégalités sociales et au démantèlement progressif des institutions d'aide sociale de l'État tchèque.

Aux élections législatives du mois de juin (renouvellement de la Chambre du peuple), les électeurs donnent quelques signes de lassitude vis-à-vis de la transition libérale. Le Parti social-démocrate (CSSD) de Milos Zeman crée la surprise en obtenant 26,44 % des voix (quatre fois plus qu'aux élections de 1992), tandis que le Parti démocratique civique (ODS) du Premier ministre Vaclav Klaus n'obtient que 29,6 % des suffrages. Les bons résultats des deux autres partenaires de la coalition sortante (8,08 % des voix pour les chrétiens démocrates du KDU-CSL et 6,36 % des voix pour les libéraux de l'ODA, l'Alliance démocratique civique) n'ont pas permis de limiter les dégâts. Avec 99 sièges sur 200 au Parlement, la coalition dirigée par Vaclav Klaus débouche sur un gouvernement minoritaire qui n'obtient un vote de confiance qu'à la suite d'une intervention remarquée du président Vaclav Havel.

En contrepartie, l'ODS accepte l'élection de Milos Zeman à la tête du Parlement, pour que le Parti social-démocrate, au nom de la « raison d'État », apporte un soutien « conditionnel » au gouvernement de M. Klaus. Depuis, le pays vit une cohabitation parfois difficile. Le budget n'est voté que grâce au soutien, in extremis, de certains députés du CSSD. Sur de nombreux dossiers, les députés sociaux-démocrates, bien qu'officiellement dans l'opposition, exercent une influence croissante.

Les élections de juin consacrent aussi la progression du Parti républicain de Miroslav Sladek, qui, avec 8 % des voix, démontre qu'un discours xénophobe et hostile à l'Allemagne peut trouver un écho favorable auprès d'une partie de la population, ce qui est d'autant plus inquiétant que des divergences importantes persistent toujours entre la République tchèque et l'Allemagne au sujet d'une déclaration commune de réconciliation tchéco-allemande.

Les élections au Sénat (prévues par la Constitution, mais retardées depuis des années) du mois de novembre confirment la méfiance croissante de la population envers la coalition au pouvoir et l'implantation des sociaux-démocrates.

Chrono. : 31/05.

Slovaquie : entre l'Est et l'Ouest

La Slovaquie s'éloigne de plus en plus de ses voisins. Elle n'est plus parmi les pays devant rejoindre prioritairement les structures de l'OTAN et de l'Union européenne. Le jeune État, issu de la division de la Tchécoslovaquie, est toujours à la recherche de son identité et de sa place en Europe, situation que n'hésitent pas à exploiter les dirigeants de Moscou.

Le Premier ministre Vladimir Meciar, critiqué ouvertement par les intellectuels slovaques mais toujours adulé par une partie de la population, continue de mener une politique marquée par les ambiguïtés et les incohérences. Cela ne l'empêche pas pour autant d'accroître son pouvoir personnel et celui de son parti, le Mouvement pour une Slovaquie démocratique (HZDS). Devant une opposition politique encore faible et divisée, c'est au président de la République, Michal Kovacs, que revient la tâche de limiter les ambitions autoritaires du Premier ministre, le conflit entre les deux hommes continuant à façonner le paysage politique slovaque.