La crise atteint le monde paysan : les conditions climatiques défavorables, l'abattage des vaches laitières à la suite de l'instauration des quotas laitiers et la stagnation de la consommation de viande aggravent les difficultés des éleveurs charolais. Seul, le vignoble reste prospère, avec une production de 1 376 000 hl, dont 1 186 000 hl en AOC.

Au milieu d'une région confrontée à ses problèmes économiques, le plus grand temple bouddhiste d'Europe, inauguré le 22 août à La Boulaye (Saône-et-Loire) abrite une trentaine d'hommes et de femmes auxquels le collège monastique de Kagyu Ling offre des possibilités d'étude, de retraite et de méditation, à proximité d'autres hauts lieux de l'esprit, comme Cluny et Cîteaux.

Bretagne

Touchée par un ouragan dévastateur dans la nuit du 15 au 16 octobre 1987, la Bretagne est restée longtemps en état de choc. Le bilan est catastrophique : 150 000 foyers privés d'électricité, 300 000 ha de maïs couchés, le quart des forêts dévasté, deux milliards de francs de dégâts. Les départements touchés ont été déclarés « zone sinistrée ». Première région porcine de France, la Bretagne a un cheptel approchant 5 500 000 têtes (+ 900 000 sur un an), ce qui donne une densité de 214 porcs au kilomètre carré, la densité de population n'atteignant pas, elle, 100 habitants au kilomètre carré. Les trois quarts des porcs sont élevés dans des élevages de plus de 400 têtes.

5 000 céréaliculteurs bretons, sur 15 p. 100 des surfaces cultivées dans la Région, ont semé une nouvelle variété de blé, le « blé moulin », récemment introduite en France, dont les rendements sont remarquablement élevés. Cet essai a pâti des dures conditions climatiques du début de l'été : au lieu de 90 quintaux par ha escomptés, on n'en a récolté que 15 à 20.

Avant l'arrivée du TGV en Bretagne, prévue en 1989, le désenclavement de la Région se poursuit : le secteur SNCF Rennes-Saint-Brieuc est électrifié ; la voie routière express Rennes-Brest est entièrement en service.

La Bretagne connaît un des plus forts taux de chômage en France (10,9 p. 100) ; la situation risque d'empirer : le licenciement des Ateliers réunis du Nord et de l'Ouest devrait se traduire par plus de 1 000 suppressions d'emplois.

Centre

Le « ministre-maire » d'Orléans, Jacques Douffiagues, a obtenu l'implantation du numéro un américain et mondial du papier à usage domestique, Scott Paper (marques Scottex et le Trèfle). L'investissement porte sur quatre milliards de francs, une des plus importantes opérations étrangères depuis l'implantation de Ford à Bordeaux. Trois cents emplois seront créés en 1988 et 1 500 à 2 000 autres avant trois ans. La municipalité a cédé le terrain, Orléans et le département du Loiret apportent 80 millions de francs, mais dès 1989 Scott Paper paiera 12,9 millions de francs de taxe professionnelle, dont 4,5 millions pour la seule ville d'Orléans.

Profitant de la proximité de Paris, de l'environnement scientifique (universités de Tours et d'Orléans, BRGM. CPA...), les industriels et les élus de la Région rêvent à nouveau de faire du « fleuve royal » une « métropole-jardin ». Le principal atout pour l'avenir est la carte à mémoire, dans la perspective du développement de la monétique. Blois est le centre de gravité de cette activité de pointe ; la SLIGOS installée à Blois (2 usines) et à Orléans est le chef de file de l'opération. Devrait-on évoquer la « vallée de la monétique » comme on parle de la Silicon Valley ?

Champagne-Ardenne

En septembre 1987, le président du Conseil général des Ardennes, Jacques Sourdille, dirigeant une mission en Amérique, offrait des primes à l'emploi de 4 000 dollars par poste créé. Le chômage atteint 17 p. 100 à Sedan, 14 p. 100 en moyenne dans le département et 12 p. 100 dans la Région. Pourtant, le paysage industriel change : Électrolux-Arthur-Martin investit 150 millions de francs à Reims, Sommer-Allibert 250 millions de francs à Rouzon et à Sedan ; la fonderie d'aluminium Pechiney des Ayvelles est robotisée.

La création du pôle de conversion de la vallée de la Meuse a encore peu d'effets, mais la construction des centrales nucléaires de Chooz B et de Nogent-sur-Seine ont créé des emplois. Les travaux de construction du premier centre de stockage mondial de déchets nucléaires de faible et moyenne activité ont commencé à Soulaines (Aube) à la fin de 1987 : création d'emplois ; perception d'une taxe professionnelle. Seuls les écologistes ne participent pas à la satisfaction ambiante.