Parmi les impôts dont le produit est transférée par l'État aux collectivités locales, mentionnons le plus marquant, la vignette automobile. Il va dans les caisses des départements et a rapporté 9,9 milliards en 1986. Ses recettes attendues en 1987 sont de 12,1 milliards et de 12,7 en 1988. On constate, pour 1988, une augmentation variant de 2 à 10 p. 100 et une seule baisse (5 p. 100)... dans le Calvados.

Globalement, en 1986, la fiscalité régionale a augmenté plus sensiblement que les impôts communaux et départementaux. Mais, en chiffres absolus, quand les communes et les syndicats de communes touchent 100 milliards d'impôts directs, les départements reçoivent seulement des contribuables 41 milliards et les Régions 5,1 milliards. Les Régions restent donc encore loin derrière les communes quant aux sommes engagées dans les budgets et aux impôts prélevés.

La nouvelle fonction publique territoriale a été réglementée par la loi du 13 juillet 1987, qui réforme des dispositions trop complexes prises de juillet 1983 à novembre 1985.

François Grosrichard
Entré au Monde en 1969, François Grosrichard est aujourd'hui grand reporter économique. Il a en charge, notamment, les rubriques de l'aménagement du territoire et la politique économique régionale.

À travers les Régions

Pour chaque Région ou département d'outre-mer, les budgets cités sont les états de prévision primitifs de 1988, qui sont susceptibles d'évoluer dans le courant de l'année (source : ministère de l'Intérieur).

Alsace

Attiré par la proximité du marché germanique, par la réputation de la main-d'œuvre régionale et peut-être par le voisinage du tout nouveau lycée japonais de Kientzheim, Sony a ouvert en avril à Ribeauvillé sa troisième usine française : 10 000 lecteurs de Compact Dises et des éléments électroniques pour 5 000 Caméscopes seront livrés tous les mois ; de même, Canadian Bell Tronics construit une usine de matériel de réception d'émissions de télévision par satellite à Cernay. Technique de pointe également dans l'industrie agro-alimentaire : l'Alsace s'est dotée d'une usine de transformation du soja unique au monde, à Issenheim (Haut-Rhin). Elle produit 1 500 litres de lait de soja à l'heure, destinés à l'alimentation humaine. Inexistante il y a quelques années, la culture du soja s'étend aujourd'hui sur 3 000 ha.

Le déséquilibre industriel se creuse entre les deux départements alsaciens ; le Haut-Rhin connaît un taux de chômage moins élevé que le Bas-Rhin (7,39 p. 100 contre 8,6 p. 100), l'Alsace demeurant globalement la Région la moins touchée. Répondant à l'invitation de l'Association pour le renforcement du rôle européen de Strasbourg, Jacques Chirac a apporté le soutien du gouvernement à la capitale alsacienne le 14 septembre : « Strasbourg n'est pas négociable ».

Aquitaine

L'entrée de l'Espagne et du Portugal dans la Communauté économique européenne recentre l'Aquitaine dans l'Europe et lui lance un véritable défi économique.

L'agriculture aquitaine ne fait plus vivre que 12 p. 100 de la population active régionale, soit 120 000 personnes environ (contre 170 000 en 1975) ; mais, avec les activités industrielles et tertiaires dérivées, c'est presque le quart de l'emploi régional qui est rattaché à l'agriculture, tandis que 30 p. 100 du commerce extérieur dépend d'elle. En 1987, la récolte de vin ne dépasse pas cinq millions d'hectolitres (AOC et vins de table compris), soit 30 p. 100 de moins qu'en 1986. Le vignoble bordelais a souffert des fortes gelées de janvier. Producteurs et négociants ayant en stock 7 millions d'hectolitres de vin, soit 1 milliard de bouteilles, la récolte moyenne de 1987 permettra d'écouler les productions excédentaires des dernières années et de faire remonter les cours. En juin 1987, le groupe d'assurances Axa a acheté le Château Pichon-Longueville-Baron, deuxième cru classé de Médoc, à Pauillac, sur la base de 3,5 à 4 millions de francs l'hectare. On assure que Château-Margaux, avec ses 80 hectares de vigne, vaudrait de 600 à 800 millions de francs.