Au Pakistan, la politique d'ouverture démocratique amorcée à la fin de l'année 1985 avec la levée de la loi martiale s'est très vite raidie devant l'ampleur des manifestations qui ont précédé et suivi le retour d'exil de Benazir Bhutto, fille de l'ancien président Ali Bhutto (avril-août 1986).

Au Sri Lanka, la trêve de huit mois décidée entre les mouvements tamouls divisés et les forces de sécurité a été rompue au mois de janvier 1986. Le Sri Lanka vit sous le régime de l'état de siège depuis juin 1986.

Le monde chinois

Malgré le déficit du commerce extérieur, la corruption et la nouvelle campagne de rectification lancée au mois de janvier, l'année 1986 a vu la confirmation des orientations choisies par Deng Xiaoping et son équipe de « jeunes réformateurs ». Au mois d'avril, l'Assemblée populaire nationale a ratifié le VIIe plan quinquennal. Bien que mettant l'accent sur un nécessaire ralentissement de la croissance économique, le Plan a réaffirmé la nécessité de poursuivre la politique de réformes et la politique d'ouverture sur l'étranger. Au mois de juillet 1986, le renminbi a été dévalué de 16,3 p. 100 par rapport au dollar, mesure qui devrait aider la Chine à développer ses exportations. La politique étrangère chinoise a surtout été marquée en 1986 par une normalisation des rapports avec l'URSS. Le gouvernement chinois a également profité du détournement d'un Boeing 747 des China Airlines de Taiwan vers l'aéroport de Canton pour provoquer les premiers contacts directs entre la République populaire de Chine et Taiwan depuis 1949.

Japon et Corée

Après la victoire de son parti aux élections de juillet 1986, le Premier ministre Nakasone, pour la première fois dans l'histoire récente du Japon, a été autorisé à constituer un troisième gouvernement. Cependant, en 1986, la hausse incontrôlable du yen a provoqué l'inquiétude des exportateurs japonais.

En Corée du Sud, le gouvernement s'est vu confronté en 1986 à une agitation croissante. Le président Chun, ainsi que le parti au pouvoir, se prononcèrent en faveur d'une révision de la Constitution, peut-être afin de pouvoir préparer dans le calme les jeux Asiatiques qui se déroulèrent à Séoul au mois de septembre 1986.

Les pays de l'ASEAN

Le président Marcos, abandonné par les États-Unis, a dû démissionner et quitter les Philippines. Après des élections législatives confuses (février 1986), portée par une grande ferveur populaire et soutenue par la hiérarchie catholique, Mme Corazon Aquino a été proclamée présidente. En dépit de négociations de cessez-le-feu, la guérilla communiste se poursuit. Seul un espoir d'accord existe avec les autonomistes musulmans de l'île de Mindanao.

En 1986, le ralentissement de la croissance économique s'est poursuivi dans les pays de l'ASEAN du fait de la fermeture des marchés extérieurs. La Malaisie, responsable de la chute des cours, mais également la Thaïlande et l'Indonésie, se ressentent encore de la crise de l'étain qui a entraîné la fermeture du marché de Londres en 1985. Le nouveau gouvernement de M. Mahathir s'est heurté à un réveil du fondamentalisme islamique au Kedah et au Sabah. Le gouvernement de Singapour a mis en place un ensemble de mesures libérales pour lutter contre la crise économique la plus grave qui ait frappé Singapour du fait de la faiblesse des cours du pétrole et des denrées de base.

Valérie Niquet-Cabestan

Afrique

La crise pétrolière a engendré quelques « nouveaux pauvres ». Si les récoltes ont été bonnes dans certaines régions, la plus grave invasion d'acridiens depuis soixante ans en Afrique subsaharienne a nécessité l'aide internationale. Le spectre de la faim demeure, particulièrement dans le Sahel.

L'Afrique du Sud est entrée dans un climat révolutionnaire dominé par la peur et la haine. La dépendance vis-à-vis de l'extérieur demeure : l'URSS n'a lâché ni l'Angola, où l'on avait trop vite donné Savimbi comme vainqueur, ni l'Éthiopie, qui s'enfonce dans le totalitarisme. N'oublions pas les pays « protégés » ou tenus à bout de bras par la France : la République centrafricaine, dont la stagnation inquiète ; le Tchad, menacé par la Libye et frappé de plein fouet par la crise du coton. L'opposition entre les deux camps et entre les régimes s'est manifestée notamment lors du sommet des pays non alignés organisé à Harare, en septembre.