L'économie occidentale a profité de la baisse du prix du pétrole ; l'inflation a été réduite ; la stagflation semble avoir disparu. Parmi les mesures d'assainissement, les gouvernements, indépendamment de leur couleur politique, ont choisi l'austérité budgétaire, qui a provoqué dans certains pays, comme la Belgique, une forte réaction syndicale. Cependant, malgré la désinflation, la croissance n'a pas repris. Sa lente progression de 2,4 p. 100 en 1984, à 2,8 p. 100, prévue pour 1987, ne suffit pas pour résorber un chômage qui continue de toucher 12 p. 100 de la population active. Aussi, une relance, par l'offre et la demande, est-elle recommandée par la Commission européenne. Cette reprise suppose pourtant que soit mis un terme à la baisse du dollar qui pénalise l'Europe sur le plan commercial.

Simon Parlier

Europe orientale

En 1986, la situation de presque tous les pays de l'Est ne s'est pas améliorée. Sauf en Pologne et en Hongrie, l'immobilisme politique a triomphé. Et, en dehors de la RDA, les graves difficultés économiques ont partout persisté.

Les opposants aux régimes en place n'ont pas été tolérés. Le maintien de la ligne traditionnelle est apparu lors des congrès des partis communistes tchécoslovaque et bulgare, et à l'occasion du congrès du Parti socialiste unifié d'Allemagne. Au cours de ces réunions, les représentants de la vieille garde – Gustav Husak, 74 ans, Todor Jivkov, secrétaire général depuis 1954, et Erich Honecker – ont conservé le pouvoir.

En revanche, en Pologne, après bien des hésitations, presque tous les prisonniers politiques, dont le dirigeant clandestin de Solidarité, Zbigniew Bujak, ont été libérés le 13 septembre. Mais, l'interdiction par le général Jaruzelski du « Conseil provisoire de Solidarité » impose la prudence.

Sur le plan économique, après cinq années difficiles (1980-1985), les plans quinquennaux engagés pour 1986-1990 prévoient une reprise de la croissance, grâce à une meilleure productivité et au développement des technologies de pointe, des industries lourdes et des biens de consommation.

En attendant, l'endettement extérieur de la Yougoslavie (20 milliards de dollars) et de la Pologne (29,7 milliards de dollars) reste inquiétant. En juin, Varsovie a obtenu des pays de l'Ouest un nouveau report de ses remboursements. Les relations des pays de l'Est avec l'URSS ont été affectées par le drame de Tchernobyl : les informations peu crédibles, distillées par le Kremlin, ont vivement mécontenté leurs dirigeants. Il n'en a pas été de même avec la Chine. En septembre, le général Jaruzelski a été le premier chef d'État d'Europe de l'Est reçu à Pékin depuis 1959.

Laurent Leblond

URSS

Un an après son arrivée au pouvoir, qui remonte au 11 mars 1985, Mikhail Gorbatchev a été confronté à une série d'événements tragiques, qui ont eu de graves conséquences dans son pays et, surtout dans le premier cas, sur la scène internationale : drame de Tchernobyl (25 avril), naufrages du paquebot Amiral-Nakhimov en mer Noire (31 août) et du sous-marin Yankee I au large des Bermudes (3 octobre). Les deux premiers accidents ont été dus à d'inquiétantes négligences humaines, au moment même où M. Gorbatchev insistait sur l'importance de l'esprit de responsabilité, indispensable pour améliorer les résultats économiques de l'URSS.

Des changements politiques partiels

Avant même la réunion du congrès du Parti communiste, qui a eu lieu à Moscou du 26 février au 6 mars, le renouvellement des dirigeants a été massif : il a touché 70 p. 100 des ministres et 50 p. 100 des cadres des républiques. Ce phénomène s'explique à la fois par l'ascendant du nouveau secrétaire général et par l'impérieuse nécessité de rajeunir un appareil politique, fossilisé sous Brejnev. Mais, à l'issue du congrès, seulement 40 p. 100 des membres du Comité central ont été remplacés par des hommes formés sous Khrouchtchev à la gestion économique dans des écoles supérieures. Un nombre encore relativement élevé de dirigeants conservateurs, promus au cours de la Seconde Guerre mondiale, y siègent donc toujours. Ils freinent l'action du nouveau maître du Kremlin.

Des réformes économiques limitées

La principale novation apportée par M. Gorbatchev réside dans la dramatisation de ses propos sur la situation économique du pays : pour que, d'ici à l'an 2000, le socialisme gagne la compétition l'opposant au capitalisme depuis la Révolution de 1917, il faut introduire des réformes radicales en URSS.