Réaliste, le nouveau secrétaire général sait bien que ce sera difficile, car les travailleurs soviétiques sont peu motivés. Les premières mesures qu'il a prises ne brillent pas par leur audace. M. Gorbatchev a remis en cause la toute-puissance des trop nombreux ministères : créé en novembre 1985, le Comité d'État au complexe agro-industriel (Gosagroprom) a remplacé cinq d'entre eux et les services techniques de l'Agriculture. De plus, les principes d'autonomie comptable et de responsabilité financière sont à nouveau appliqués dans les entreprises, dans les ministères, au plan d'État (Gosplan) et à l'Approvisionnement technique (Gossnab). Ce dernier département est essentiel : sa carence entraîne inévitablement l'échec des meilleures initiatives venant des unités de production. Le 29 mars, le Conseil des ministres a décidé d'encourager le travail en petites équipes autonomes, l'extension des libertés commerciales des paysans et le développement du rôle des exploitations individuelles.

Pas de libertés

La répression menée vis-à-vis des opposants au régime a continué. Les gestes ponctuels des autorités en faveur de personnalités mondialement connues ne s'expliquent pas par une évolution des conceptions soviétiques sur le chapitre des libertés individuelles. Ils sont à situer dans le cadre des marchandages diplomatiques constants avec les États-Unis. Ainsi, de décembre 1985 à juin 1986, Elena Bonner, épouse d'Andreï Sakharov, a-t-elle eu l'autorisation de séjourner en Occident. De son côté, le dissident juif Anatoli Chtcharanski, emprisonné depuis 1977, a été libéré le 11 février à Berlin, dans le cadre d'un échange global entre l'Est et l'Ouest, dont huit espions ont bénéficié. Dans des conditions similaires, le physicien Iouri Orlov et sa femme ont retrouvé la liberté en même temps que le journaliste américain Nicolas Daniloff, et qu'un fonctionnaire soviétique à l'ONU, Guennadi Zakharov, inculpés d'espionnage (5 octobre).

Ces mesures négociées de routine ont moins de portée que le retour à Moscou, le 23 décembre, d'Andreï Sakharov, qui est vraisemblablement le premier signe d'une stratégie de réforme et de mobilisation de la société soviétique et d'une politique visant à régler à l'amiable les problèmes extérieurs majeurs.

Laurent Leblond

Maghreb
Machreq

L'économie des pays tributaires des exportations pétrolières a souffert de l'effondrement des cours du brut, provoqué par la stratégie de la guerre des prix, imposée par l'Arabie Saoudite dans le cadre de l'OPEP.

L'instabilité politique s'est manifestée dès janvier, au Yémen du Sud au cours d'une guerre civile entre factions rivales du parti socialiste.

Au Maghreb, la Tunisie, confrontée à une situation économique et sociale inquiétante, a amorcé un virage politique avec le limogeage, le 8 juillet, du Premier ministre, Mohamed Mzali.

Le Liban est en proie à l'anarchie politique et idéologique : désagrégation de l'État, dissensions au sein du gouvernement, combats entre chrétiens, affrontements entre chiites et reprise de la guerre des camps entre Amal et combattants palestiniens. Les éléments chiites du Hezbollah ont créé une dynamique politique autonome et ont imposé leur loi.

Les pays du Golfe ont subi les contrecoups du conflit irano-iraqien. La « guerre des pétroliers », a menacé la sécurité de la région. L'Iran a remporté deux victoires, en occupant Fao (11 février) et en reprenant Mehran (2 juillet).

La Libye, qui a fait figure de principal responsable du terrorisme international, a été l'objet de sanctions. L'épreuve de force, qui s'est engagée entre le colonel Kadhafi et les États-Unis, a atteint son point culminant avec le raid sur Benghazi et sur Tripoli, le 14 avril.

Le Premier ministre israélien, Shimon Pérès, a dominé la scène diplomatique. Reçu par le roi Hassan II, à Ifrane, au Maroc (11 juillet), et par le président égyptien Hosni Moubarak à Alexandrie (11 septembre), il a aussi renoué le dialogue avec l'Espagne, la Côte-d'Ivoire, l'URSS et le Cameroun.

Marie-Odile Schaller

L'Asie méridionale et orientale

Le monde indien

Les problèmes économiques de l'Inde restent graves : le déficit du commerce extérieur a été particulièrement élevé lors des six premiers mois de l'année 1986. L'agitation a repris au Pendjab en janvier, plusieurs centaines de sikhs extrémistes ont occupé le Temple d'or d'Amrtisar puis ont appelé à la guerre sainte pour l'indépendance.