Après cette offensive de charme auprès des partenaires européens, le Premier ministre Yasuhiro Nakasone cherche à renforcer les assises de son pays dans les régions voisines. Il se rend en Corée, le 10 janvier, puis visite, du 30 avril au 30 mai, les États de l'ASEAN (Association des nations du Sud-Est asiatique). Tokyo tente de rassurer les voisins producteurs de matières premières indispensables à l'économie nippone : pétrole, caoutchouc, métaux, bois, etc. Le Japon appelle donc ses partenaires à « forger en commun la nouvelle civilisation asiatique », à la veille de la conférence monétaire de Williamsburg. Tokyo accorde en outre à la Chine, pour l'année 1983, un prêt de 281,6 millions de dollars à 3 % d'intérêts, remboursable en 30 ans, destiné à la construction d'un port et de voies ferrées. Les deux pays doivent signer un traité supprimant la double imposition et un autre visant à protéger les investissements japonais en Chine.

Le poids du Japon dans le monde est de plus en plus considérable. Les Japonais semblent se présenter sur la scène internationale comme les princes de l'Asie, à la fois producteurs inlassables, financiers inépuisables, techniciens de génie et diplomates chevronnés.

Le discours de politique étrangère prononcé le 24 janvier par le Premier ministre Yasuhiro Nakasone devant la 98e session de la Diète est significatif à cet égard : « le Japon se trouve à un tournant majeur de son histoire d'après-guerre ». Il convient donc d'accorder une importance particulière à la politique étrangère et aux relations de coopération tant avec les États asiatiques qu'avec l'Europe de l'Ouest et surtout, bien entendu, avec l'allié américain.

Le Japon s'appuie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale sur les États-Unis pour faire face aux entreprises de Moscou, qui a annexé — illégalement selon Tokyo — les îles Kouriles. La menace se fait plus tangible avec l'implantation de missiles à moyenne portée SS-20 (110 environ en octobre 1983). Plusieurs responsables du Kremlin évoquent par ailleurs le transfert éventuel d'autres missiles SS-20 vers l'Extrême-Orient soviétique, en cas de non-déploiement des Pershing en Allemagne de l'Ouest.

À plusieurs reprises (rencontre Y. Nakasone-R. Reagan aux États-Unis le 15 janvier, notamment), responsables nippons et américains se concertent. Pour marquer sa bonne volonté, Tokyo accepte de limiter substantiellement ses exportations aux États-Unis. Des accords concernant la défense du pacifique et l'échange de technologies militaires sont conclus. Les graves menaces pesant sur le régime du président Marcos aux Philippines — où se trouve la base américaine de Subic Bay, l'une des plus importantes du monde — et surtout la destruction le 1er septembre, par la chasse soviétique, d'un appareil civil sud-coréen qui avait pénétré en URSS suscitent un resserrement des liens militaires nippo-américains. L'année 1983 s'achève par les élections du 18 décembre, qui voient le parti libéral démocrate perdre, pour la première fois depuis trente ans, la majorité absolue à la Diète. La position de Y. Nakasone s'en trouve affaiblie.

Kapet de Bana

Pakistan

La campagne de désobéissance civile

Diverses régions du Pakistan — le Sind en particulier, province de l'ex-président Bhutto, exécuté en 1979 par le général Zia Ul Haq — connaissent une agitation sans précédent depuis l'installation il y a six ans du régime militaro-islamiste. Le signal de départ est donné par le Mouvement pour la restauration de la démocratie, regroupant huit partis d'opposition, qui lance le 14 août la première journée de désobéissance civile. Cette journée sera suivie de bien d'autres, qui dégénèrent parfois en émeutes. Au total, les troubles, qui se poursuivent jusqu'à la fin de l'année 1983, font des dizaines de tués.

Philippines

Le régime ébranlé par l'assassinat de B. Aquino

La situation est explosive aux Philippines après l'assassinat de B. Aquino, survenu le 21 août, à l'instant même où il arrive à l'aéroport de Manille. Son assassin présumé est abattu sur le champ. Cette suppression immédiate de l'homme qui, seul, aurait pu expliquer le meurtre jette la suspicion sur les forces de sécurité. Le chef de la police, le général Ramos, reconnaît quelques jours plus tard que les mesures de protection mises en place à l'aéroport ont été insuffisantes. Sur le moment, les recherches concernant l'identité du meurtrier ne donnent rien.