On a un nouveau témoignage de ces divisions quand l'ancien roi d'Afghanistan, Mohammed Zaher Chah, depuis son exil de Rome, sort du silence où il s'était tenu après le coup d'État qui l'avait renversé le 17 juillet 1973. Il propose le regroupement général de toutes les tendances en un mouvement dont il pourrait assurer la présidence. Il préconise en même temps une négociation avec l'Union soviétique — pour que les intérêts de celle-ci soient préservés — et un changement de régime, c'est-à-dire l'élimination du président Babrak Karmal et de son gouvernement.

La position de l'ancien roi est approuvée par certains éléments modérés favorables à un accord avec Moscou et à un changement pacifique de régime. Mais l'ensemble des mouvements fondamentalistes s'opposent passionnément aux suggestions de l'ancien souverain, l'accusant d'avoir frayé la voie aux Soviétiques, en leur accordant trop de concessions.

Ambiguïté de l'attitude soviétique

Deux interprétations de la politique soviétique s'opposent au tournant des années 1982-1983, immédiatement après que Youri Andropov eut succédé à Leonid Brejnev. À la suite des déclarations tardives d'un transfuge du ministère des Affaires étrangères, on croyait savoir, dans les capitales occidentales, que Y. Andropov avait été hostile à l'intervention soviétique à Kaboul en décembre 1979 et l'on en concluait qu'il allait rechercher les moyens d'une sortie honorable. On en voyait pour preuve, entre autres, une déclaration de l'Agence Tass du 31 décembre 1982 insistant sur le fait que « les forces soviétiques ne se trouvent en Afghanistan qu'à titre temporaire ».

Mais d'autres analystes de la politique soviétique suggèrent, au contraire, que l'URSS n'a aucune raison d'abandonner le régime du président Babrak Karmal. À la longue, la lutte contre les organisations rebelles serait efficace, comme l'avait été la lutte contre les nationalistes musulmans après la révolution bolchevique. Le coût de la guerre, après tout, n'était guère élevé pour l'Union soviétique...

Échec des négociations

C'est dans ce climat incertain que se poursuit, tout au long de l'année, la tentative de médiation du secrétaire général des Nations unies, Janvier Perez de Cuellar, et de son adjoint, Diego Cordovez. L'Iran refuse d'y prendre part, déclarant s'en tenir au principe du retrait inconditionnel des Soviétiques. Les conversations, qui ont lieu à Genève, sont menées avec l'Union soviétique, le gouvernement afghan et le Pakistan, tandis que, parallèlement, des contacts sont pris par D. Cordovez avec les représentants des maquis. Pour l'essentiel, la négociation porte sur quatre principes, retenus par l'ONU : retrait des troupes étrangères, non-ingérence dans les affaires intérieures de l'Afghanistan, garantie internationale de son statut d'État neutre et non-aligné, enfin retour volontaire des réfugiés.

Mais il apparaît très vite qu'un cinquième point suscite des difficultés majeures : l'autodétermination du peuple afghan ou, en d'autres termes, l'organisation du pouvoir politique. Si l'Union soviétique peut envisager de se retirer militairement, c'est à condition que le régime de Kaboul demeure en place. Or, si les maquis ne désarment pas, après le retrait soviétique, ce régime s'effondrerait sous leurs coups. De là, la recherche d'un compromis sur l'organisation politique du pouvoir en Afghanistan, jusqu'ici sans résultat, tant il est difficile de faire coexister deux camps qui s'opposent depuis des années dans une guerre impitoyable.

Paul-Marie de la Gorce

Australie

Le retour des travaillistes

Divers voyants clignotent sur l'écran de contrôle de l'économie mais la population est surtout préoccupée, au début de l'année 1983, par la sécheresse qui frappe le pays, pour la troisième année consécutive : dans certaines régions, la moisson risque d'être inférieure de 50 % à la normale, tandis que le cheptel meurt de faim et de soif.

Le Premier ministre (conservateur), Malcolm Fraser, pour tenter de freiner la spirale de l'inflation salaires-prix, avait fait voter, en décembre 1982, un blocage des salaires pour une période de douze mois. Mais les conservateurs, au pouvoir depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale — avec un court intermède travailliste de 1972 à 1975 —, étaient atteints par une usure du pouvoir. C'est le désenchantement, après les espoirs mis dans le boom minier : une inflation supérieure à 12 % et un taux de chômage équivalent à 10 % de la population active.