Reste le pire dragon à vaincre : l'augmentation non interrompue d'une population qui compte déjà 1 milliard 15 millions. Son taux de croissance reste de 1,5 % (1982), loin de l'objectif souhaité de 1 %. L'année 1983 commence donc par une Campagne pour l'enfant unique : en un mois, selon des chiffres officiels, 9 millions de couples se font stériliser et 1,6 million signent un contrat les engageant à n'avoir qu'un seul enfant (au total 14 millions l'ont déjà fait) en échange de substantiels avantages. Cependant, alors que sont révélées des statistiques inquiétantes sur les infanticides (des filles surtout), dans les provinces à fort taux comme le Guangdong, on prépare l'opinion à l'obligation de stériliser l'un des parents après le deuxième enfant. Présentant son rapport devant l'Assemblée nationale, le Premier ministre Zhao Ziyang affirme en juin : « Il faut éviter la naissance du troisième enfant par tous les moyens. »

Jean Carlier

Corée du Sud

Un automne noir

Le destin semble s'acharner sur le pays du Matin calme, qui subit deux tragédies en deux mois. La destruction, le 1er septembre, par la chasse soviétique d'un Boeing civil sud-coréen qui avait violé l'espace aérien soviétique traumatise le pays. Cent mille personnes manifestent le 7 septembre à Séoul, aux obsèques des 269 victimes, pour dénoncer ce « crime perpétré par l'URSS ».

Nouveau choc le 9 octobre : 21 tués — dont 4 ministres sud-coréens — lors d'un attentat qui visait le président Chon à Rangoon. Cette tragédie provoque une vive tension entre les deux Corées, Séoul et les autorités birmanes accusant Pyong Yang d'avoir téléguidé l'attentat.

La visite du président Reagan, qui se rend le 14 novembre sur la ligne de démarcation entre les deux Corées, conforte quelque peu le régime du président Chon, qui est convié à renforcer le triangle États-Unis - Japon - Corée du Sud.

Inde

L'union face aux tensions ethniques

En ce mois de janvier 1983, l'Inde s'apprête à commémorer le troisième anniversaire de la victoire électorale d'Indira Gandhi et du parti du Congrès qui, en janvier 1980, après trois années passées dans l'opposition, avaient repris le pouvoir, avec l'appui d'une forte majorité de l'électorat. Mais les difficultés économiques et sociales, et les tensions croissantes entre l'État fédéral et les régions — qui vont bientôt se traduire par la tragédie de l'Assam et la semi-révolte du Pendjab — ont provoqué une certaine usure de l'équipe au pouvoir, atteinte aussi par divers scandales et signes de corruption.

Un sérieux avertissement est ainsi donné au gouvernement dès le 6 janvier, à l'occasion des élections législatives dans trois États de l'Union indienne : l'Andhra Pradesh, le Karnataka et le Tripura. Dans les trois cas, le parti du Congrès essuie une lourde défaite. Les partis régionalistes effectuent une percée, en particulier dans l'Andhra Pradesh, où un acteur de cinéma très connu, Nadamuri Taraka Rama Rao, anime une formation qui a reçu l'appui de la belle-fille du Premier ministre, Manelka Gandhi, veuve de Sanjay, mort en 1980 dans un accident d'avion.

Un remaniement ministériel intervient le 29 janvier, à la demande d'Indira Gandhi. Simultanément, quatre des cinq secrétaires nationaux du parti du Congrès sont mis à l'écart ; le secrétariat général du Congrès est confié au fils aîné du Premier ministre, Rajiv Gandhi, ancien pilote âgé de 39 ans, qui avait longtemps délaissé toute activité politique au profit de son frère Sanjay mais qui, désormais, apparaît comme le dauphin d'Indira Gandhi.

Tragédie en Assam

Le succès du parti du Congrès aux élections municipales de Delhi, le 6 février, apparaît ainsi comme une première récompense aux efforts de réorganisation entrepris par le Premier ministre. Mais la persistance des troubles ethniques et sociaux, et les rivalités traditionnelles entre communautés continuent d'agiter la vie politique indienne, comme en témoignent l'échec du parti du Congrès dans sa tentative de prendre le contrôle du Cachemire aux élections régionales du 12 juin, la formation d'un Conseil national de l'opposition regroupant quatorze partis, le périple spectaculaire du dirigeant du parti conservateur Janata, Ghandra Shekhar, qui parcourut 4 000 km à pied en prêchant un populisme mystique, et la formation par Manelka Gandhi d'un nouveau parti, laïc et socialisant, qui remporte quelques succès.