Le Vatican provoque, les 18 et 19 janvier, une « rencontre informelle » de représentants des épiscopats américain et européen sur ce sujet, à laquelle assiste, entre autres, le cardinal Casaroli, secrétaire d'État. Elle n'aboutit à aucune conclusion précise. Il s'agissait, semble-t-il, de faire prendre en compte par les évêques des États-Unis les préoccupations des Européens, de faire valoir par exemple l'importance pour l'Europe du « parapluie nucléaire » américain. Les évêques européens, en effet, sont généralement en retrait sur la position de leurs confrères américains. Ainsi, une longue lettre pastorale des évêques allemands, publiée au printemps, admet une « tolérance morale de la dissuasion » si celle-ci est orientée vers une « prévention de la guerre » et à de strictes conditions précisément définies. La réflexion des évêques français sur ce problème est moins avancée : ils l'abordent pour la première fois mais sans s'y attarder, lors de leur assemblée de Lourdes, en novembre.

Entre-temps, les évêques américains réunis à Chicago les 2 et 3 mai ont adopté à la quasi-unanimité le texte d'une lettre pastorale qui marque un assez sensible alignement sur la position du Vatican. Le sommaire de la lettre placé au début de celle-ci le dit clairement : « En accord avec le jugement émis par le pape Jean-Paul II, nous sommes parvenus à une acceptation morale de la dissuasion assortie de conditions rigoureuses. » Certes, le texte de la lettre ajoute que « de nombreuses voix puissantes, parmi nous les évêques, et dans la communauté catholique en général, nient que la stratégie de dissuasion apporte aujourd'hui une réponse appropriée à la course aux armements ». Mais l'acceptation conditionnelle de la dissuasion est clairement exprimée.

Jacques Duquesne

Protestants

Luther actualisé

C'est le 500e anniversaire de la naissance du réformateur allemand Martin Luther que l'on fête en 1983. Expositions, colloques, publications diverses permettent aux protestants de tous horizons de retrouver un peu de leurs racines, non pas d'ailleurs pour raviver de vieilles querelles religieuses, mais plutôt pour se réapproprier une histoire et une pensée qui les déterminent aujourd'hui encore.

C'est sans doute à cause de leur passé de huguenots persécutés que le projet de loi proposé par le député Alain Vivien sur le développement des sectes en France les fait réagir fortement et unanimement. Ils rappellent, par l'intermédiaire de la Fédération protestante de France, que la liberté religieuse « ne se divise pas » et qu'il est impossible « de proposer un critère techniquement acceptable en droit pour définir une secte ». S'il y a des escrocs parmi les groupements religieux qualifiés de sectes, ils doivent tomber sous le coup de la loi comme n'importe quel citoyen. L'année 1983 est également pour les protestants l'année des radios locales. Membres d'un groupe minoritaire, ils saisissent bien l'intérêt que représente ce nouveau moyen de communication. Cette ouverture sur la cité, et plus largement sur la société dans laquelle ils vivent, les rend attentifs aux menaces qui pèsent sur l'avenir des individus et des pays.

Le jeûne pour la vie

La course aux armements est telle que l'Église réformée de France, par exemple, lors de son synode national (instance exécutive), demande en mai à ses communautés de « participer à des actions communes pour obtenir l'arrêt des essais atomiques et engager le gouvernement français dans une action persévérante en faveur du désarmement ». C'est mue par la même conviction évangélique que la Fédération protestante de France apporte son soutien aux jeûneurs pour la vie, ces hommes et femmes qui, le 6 août, date anniversaire de la bombe lâchée sur Hiroshima, entament un jeûne illimité pour demander le gel des armes nucléaires, sans que la Fédération approuve pour autant ce type d'action comme « expression d'une requête politique ».

En prenant pour thème de réflexion Choisir la vie : l'humanité à la croisée des chemins, la XVIIe Assemblée générale du protestantisme français, qui se tient à La Rochelle du 11 au 13 novembre, engage tous ses membres à entreprendre des actes significatifs en faveur de la réconciliation des personnes et des peuples, du partage du pain et du travail, de la sauvegarde et de l'épanouissement de la vie.