Le lendemain, le pape rencontre Lech Walesa dans la région de Zakopane. Mais on ne saura rien de cette rencontre.

L'Europe et ses inquiétudes

Avant la fin de l'année, Jean-Paul II effectuera encore deux voyages, de moindre retentissement. À Lourdes, où il se rend en pèlerinage les 14 et 15 août, un pèlerinage prévu d'abord pour juillet 1981 et qui avait dû être reporté en raison de l'attentat dont le pape a été victime cette année-là. À son arrivée, il est accueilli notamment par le président de la République. Les deux hommes ont un entretien privé de plus d'une heure, au cours duquel ils évoquent surtout les questions de politique internationale. Le problème de la liberté de l'enseignement, s'il a été sans doute abordé, ne l'a été que très brièvement.

Enfin, à la mi-septembre, Jean-Paul II se rend à Vienne (Autriche), où les catholiques de ce pays sont réunis en congrès. Mais, à la même époque, on relève surtout l'insistance avec laquelle le pape revient sur les problèmes de la sexualité et de la contraception. D'abord dans un discours à des évêques américains, puis, le 17 septembre, au cours d'un séminaire sur la procréation responsable. « L'homme et la femme, dit-il, ne sont ni les patrons ni les arbitres de leur capacité de procréer. Ils participent de la décision de Dieu de créer. (...) La contraception doit être considérée comme illicite au point de ne jamais et en aucun cas pouvoir être justifiée. (...) Tous doivent aspirer à la sainteté, y compris les époux, ce qui peut contraindre à l'héroïsme. » Beaucoup voient dans cette déclaration un nouveau signe d'une volonté de restauration des règles traditionnelles.

De toutes les démocraties populaires, la Tchécoslovaquie est sans doute celle où la situation de l'Église inspire le plus d'inquiétude. Les autorités locales utilisent, pour contrôler le clergé, l'association dite des prêtres de la paix ou Pacem in Terris, mais le Vatican interdit aux prêtres d'y participer. En Bohême-Moravie, deux évêques sont empêchés d'exercer leurs fonctions. Plusieurs diocèses (quatre en Bohême-Moravie, trois en Slovaquie) sont dirigés par des prêtres qui ont été installés sans être nommés par le Vatican. De multiples difficultés sont opposées aux jeunes qui veulent devenir prêtres, et aux prêtres qui font le catéchisme.

Le 14 janvier 1982, le pape Jean-Paul II était intervenu à ces propos auprès du président de la République tchécoslovaque. Le 14 février 1983, le cardinal Agostino Casaroli, secrétaire d'État, adresse une longue lettre aux évêques tchécoslovaques. Il s'agit en principe de rappeler l'action de l'Église pour la paix, alors que le clergé tchécoslovaque est pressé par les autorités de s'engager politiquement au nom de la défense de la paix. En fait, la lettre a d'autres objectifs. Elle redit d'abord à tous les membres du clergé et de l'épiscopat la dépendance hiérarchique. Et, surtout, le Vatican réaffirme « solennellement » qu'il est prêt à conclure un accord avec le gouvernement.

Le débat sur le désarmement

L'Église catholique, durant toute l'année 1983, participe aux interrogations qui surgissent à l'Ouest sur le désarmement et le pacifisme ; c'est surtout en raison des débats qui agitent à ce sujet le catholicisme américain.

Le 15 janvier, recevant en audience les membres du corps diplomatique à l'occasion de la traditionnelle cérémonie de présentation des vœux, Jean-Paul II réaffirme la position du Saint-Siège à propos des armements nucléaires ou conventionnels : « les parties en cause doivent s'engager dans une mesure égale et parcourir ensemble les différentes étapes du désarmement, en s'efforçant d'atteindre sans tarder la réduction maximale ».

Une situation de péché

Telle est la position officielle, claire et connue. Mais le vif débat qui partage alors les catholiques américains et leurs évêques a un certain retentissement dans toute l'Église. Un projet de lettre pastorale discuté en novembre 1982 condamne en effet la dissuasion nucléaire comme « une situation de péché ». Les évêques américains expliquent qu'il leur paraît opportun d'intervenir sur ce sujet parce qu'ils sont « citoyens de la première nation qui ait produit des armes atomiques, étant la seule nation qui en ait fait usage, et l'une des quelques nations qui aujourd'hui peuvent directement influer sur l'issue de cette crise suprême ».