On oublie trop souvent que les hommes préhistoriques, avant d'être nos ancêtres, étaient les héritiers d'innombrables générations antérieures. Deux sites à hominidés d'Afrique orientale, dont le célèbre Olduvaï, ne contenaient-ils pas des ossements animaux portant des traces d'action humaine, rainures et cassures ? Si l'on savait déjà dépouiller le gibier il y a près de 2 millions d'années, les réussites alimentaires ultérieures n'ont pu qu'être nombreuses.

Techniques

Et, s'il s'avère que le feu était connu voilà plus d'un million d'années, rien n'empêche que se soient développées bien des techniques — foyers creusés, construits, en dôme —, ni que l'on ait utilisé les pierres brûlantes pour faire bouillir de l'eau ou cuire des aliments : sauterelles grillées en Afrique il y a 10 000 ans, tubercules cuits sous la terre au Pérou, dans des foyers connus depuis 6 000 ans.

Des procédés élaborés et une alimentation très diversifiée s'observent au site bien connu de Charavines (dans l'Isère), village de paysans vieux de 4 000 ans, dont les restes se sont conservés au fond d'un lac. On y a trouvé des grains de blé et d'orge, parfois torréfiés, des fragments de galettes à pâte très fine dépourvue de son et qui, d'après leur relief, pourraient avoir été moulées dans des sortes de paniers ; des pépins de pommes ont été recueillis par centaines de milliers, ainsi que des noisettes, des noix, des mûres, même des nénuphars et des nymphéas.

Mais les objets les plus évocateurs sont peut-être des cuillers en bois, usées du côté gauche par l'usage répété et le frottement contre les parois des récipients : des gestes alimentaires quotidiens sont ainsi attestés.

Fossiles inattendus

Des restes de marsupiaux (trois mâchoires et des dents), une mouche — fossiles d'apparence modeste, mais d'un grand intérêt pour les paléontologues et dans le cas des premiers pour les géophysiciens — ont été trouvés par des chercheurs américains dans l'île Seymour, à l'extrémité est de l'Antarctique. Leur âge est estimé à une cinquantaine de millions d'années. Le marsupial découvert devait ressembler à un écureuil ; il vivait probablement dans les forêts, se nourrissant de feuilles et de baies. Le climat était donc très différent de celui de l'Antarctique actuel, ce qui apporte une preuve supplémentaire de la dérive des continents et confirme l'hypothèse selon laquelle les marsupiaux seraient autrefois passés d'Amérique du Sud en Australie, à travers l'Antarctique, à une époque où ces trois masses continentales étaient soudées. Quant à la mouche, elle s'est engluée, il y a quelque quarante millions d'années, dans de la résine des bords de la Baltique, devenue de l'ambre. Les chercheurs californiens qui l'en ont extraite ont eu la surprise de trouver les tissus mous remarquablement conservés. C'est la première fois que des biologistes ont l'occasion d'étudier les organes internes d'un animal ayant plus de quelques milliers d'années. La conservation est telle qu'on espère même pouvoir examiner le matériel génétique. La morphologie générale de l'insecte ne le différencie guère des diptères actuels.

Archéologie et autoroutes

De nombreuses découvertes ont été faites sur le tracé des autoroutes en construction dans la région Rhône-Alpes, en particulier dans le département de l'Ain. Le site de Saint-André-les-Combes, à Pont-d'Ain, a livré les restes d'un établissement rural gallo-romain comprenant plusieurs bâtiments dans un vaste enclos et des foyers destinés au traitement du minerai de fer. À Béligneux, des tombes remontant à la fin du Ier siècle de notre ère contenaient amphores, vases, fibules, clefs et ce manche de clef en bronze en forme d'animal. Un grand site d'habitat remontant aux âges du bronze et du fer a été découvert sur le même site, si important que l'on a décidé de protéger cette zone. À La Boisse, les fondations d'une vaste villa gallo-romaine ont pu être fouillées sur deux hectares, montrant bâtiments d'habitation, cours et thermes. Deux autres villas, repérées à Neuville-sur-Ain, devaient être étudiées à partir de 1982. Mais bien d'autres vestiges anciens ont pu être repérés, fouillés ou parfois préservés dans cette région grâce à l'accord passé entre les administrations et les sociétés concernées. C'est là une expérience pilote en France. Elle évite aux aménageurs bien des arrêts coûteux.

Une villa romaine, témoin de l'histoire économique

Présentées en France en 1981, conduites avec toute la minutie des méthodes archéologiques modernes, les fouilles de la villa romaine de Settefinestre, près de Cosa, dans le sud-ouest de la Toscane, illustrent une époque clef de l'histoire économique italienne. Leur intérêt vient en particulier des changements qu'elles montrent dans l'exploitation du domaine lié à la villa. Au ier siècle avant notre ère, ce sont les productions d'huile et de vin, destinées en grande partie à l'exportation, qui dominent. Des amphores comme celles de cette villa ont été retrouvées jusqu'en Catalogne et dans le centre-est de la Gaule. Puis, dès la fin du ier siècle de notre ère, une reconversion est nécessaire. Settefinestre importe alors huile et vin au lieu de les exporter. Les grands pressoirs à olives et a raisins sont abandonnés ou transformés ; les céréales semblent dominer. Enfin, dans le courant du iie siècle, la villa même est abandonnée : illustration frappante du déclin économique de l'Italie, à l'époque où l'Empire romain atteint son apogée. La grandeur des villas n'aura duré qu'un peu plus de cent ans... L'étude est accompagnée d'une prospection archéologique de la région. On voit alors le système économique des villas — domaines de superficie moyenne fondés sur le travail des esclaves — remplacer d'abord le réseau des petites propriétés appartenant à des paysans libres ; puis s'effondrer lui-même, devant la concurrence des provinces conquises, laissant la place à d'immenses domaines a moitié déserts, consacrés à l'élevage extensif.

Environnement

Succès et échecs de la lutte contre les pollutions

La nouvelle répartition des compétences entre les départements ministériels, lors de la formation du gouvernement Mauroy, ne laissait au ministère de l'Environnement que deux services — protection de la nature et prévention des pollutions — auxquels s'est ajouté, en octobre, celui de la qualité de la vie. Le titulaire du portefeuille, Michel Crépeau, a souligné que l'efficacité de son action ne dépendait pas seulement du montant des crédits et du nombre des fonctionnaires dont il dispose, mais aussi d'une volonté politique qui s'inscrit dans une perspective de régionalisation et de collaboration avec les associations.