Quant aux méthodes étudiant les rapports entre une dose archéologique et une dose annuelle d'irradiation (thermoluminescence et résonance paramagnétique électronique), elles ont buté, elles aussi, sur des phénomènes d'altération, sur le trop grand nombre d'inconnues. En fait, jamais elles n'avaient été employées pour dater aussi loin.

Trop d'hypothèses aussi et trop d'inconnues à la clef pour la datation par racémisation des acides aminés. Il s'agit d'analyser les rapports entre les concentrations d'acides aminés dextrogyres (déviant la lumière à droite) et lévogyres, ces derniers n'étant présents que dans les organismes vivants. Des dates ont bien été obtenues, 380 000 ans par exemple, mais toujours accompagnées de points d'interrogation. D'autres séries sont contradictoires. Et une équipe canadienne a simplement fourni les résultats de ses analyses sans se risquer à une traduction en années.

C'est dire que l'on est loin du compte. Les méthodes de pointe trouvent dans ces couches anciennes de l'Arago des pièges redoutables : il leur faudra s'affiner encore beaucoup plus. Un grand travail est aussi nécessaire à l'Arago même, pour mieux connaître les avatars de ce gisement. L'équipe d'H. de Lumley s'y emploie. En attendant, on doit pouvoir dire que l'homme de Tautavel a, en tout cas, 350 000 ans, peut-être près de 400 000. Mais, pour des chiffres précis, à plus forte raison supérieurs, la prudence scientifique s'impose. C'est là, de toute façon, un magnifique banc d'essai pour techniques avancées.

Une nouvelle capitale assyrienne

Le site de Tell Leilan, dans le nord-est de la Syrie, pourrait avoir été une capitale aux environs du xixe siècle avant notre ère. Les fouilles dirigées par l'assyriologue américain Harvey Weiss, depuis 1979, ont permis d'y découvrir une ville entourée de 3 kilomètres de murailles, hautes de 15 mètres et larges d'une vingtaine. Au centre, sont apparus les restes de deux grands temples, avec façades à redans, portant encore une riche décoration. Les tessons de poterie se comptent par centaines de milliers.

Il pourrait s'agir de la célèbre et tant recherchée Shubat-Enlil, capitale des Assyriens au début du IIe millénaire. Un autre assyriologue, William Hallo, avait été mené à cette conclusion après étude d'une tablette décrivant un itinéraire du Sud mésopotamien au Nord-Ouest syrien. D'où le choix de ce tell pour les fouilles.

Aucune inscription, aucun texte ne permet encore de dire si Tell Leilan correspond bien à Shubat-Enlil, la capitale d'où le roi Samshi-Adah partit pour conquérir le puissant royaume de Mari. Mais l'importance du site est évidente. Les couches antérieures aux Assyriens permettent de remonter jusque vers 5 000 ans avant notre ère : autre preuve de la grande importance qu'a eue cette région dans le développement des premières civilisations.

La gastronomie de la préhistoire

Peut-être les hommes préhistoriques se nourrissaient-ils assez facilement. Le colloque international réuni aux Eyzies sur ce thème, à la fin d'août 1981, semble l'avoir confirmé. Les observations faites sur certains sites suggèrent une alimentation plus aisée, plus élaborée et plus choisie qu'on ne le pense d'ordinaire.

On découvre ainsi, en Afrique du Nord, une sélection parmi les mouflons que chassaient les porteurs de la civilisation ibéro-maurusienne, il y a 7 000 à 13 000 ans. Les os d'animaux recueillis sur le site de Tamar Hat (Algérie orientale) appartenaient surtout à de jeunes mâles ou à des femelles âgées. On épargnait les femelles reproductrices.

D'autres sites de la même culture révèlent de véritables choix alimentaires, parfois en contraste avec le milieu. Deux sites côtiers contemporains, peu éloignés l'un de l'autre, ont montré l'un une très grande abondance de coquilles de mollusques, l'autre une absence totale de ces coquilles. Un troisième site, plus éloigné de la mer, n'a livré, lui, que des restes de mollusques marins. Question de goût ? Cela signifierait que les consommateurs pouvaient se permettre de choisir.