Une constatation générale s'impose : les anneaux ne constituent pas un ensemble figé, mais un système en perpétuelle évolution qui possède sa dynamique propre.

Irrégulier

L'ultime objectif de Voyager 2 est une meilleure connaissance des satellites de Saturne. La trajectoire de l'engin a été spécialement choisie de manière à lui permettre de survoler cinq satellites — Japet, Hypérion, Encelade, Téthys et Phoebé — dans des conditions beaucoup plus favorables que Voyager 1.

Les images de Japet, recueillies le 23 août 1981, confirment une étonnante particularité de l'astre, déjà mise en évidence depuis la Terre : sa face arrière (celle qui se trouve en arrière par rapport à la direction du mouvement orbital) est brillante comme de la glace, tandis que sa face avant est plus sombre que l'asphalte.

Certains spécialistes estiment que l'hémisphère avant a pu être pollué par des particules de matière sombre arrachées à la surface de Phoebé par l'impact de micrométéorites et balayées dans l'espace par Japet, mais le profil de la frontière entre régions claires et régions sombres et la présence, sur l'hémisphère arrière, d'un certain nombre de cratères au fond obscur suggèrent plutôt que la matière sombre a jailli de l'intérieur même du satellite.

Hypérion, photographié le 25 août, intrigue aussi les astronomes : il se présente comme un astéroïde irrégulier, d'environ 410 km sur 220, alors qu'un objet aussi volumineux devrait, en principe, être à peu près sphérique.

Titan, dont l'étude détaillée avait constitué une part importante de la mission de Voyager 1, n'est observé que de 660 000 km le 25 août et apparaît encore enveloppé de couches de brume, constituées de très fines particules dont le diamètre n'excède pas un dix-millième de millimètre. C'est aussi à grande distance que sont survolés, le 26 août, Dioné et Mimas, peu avant que Voyager 2 ne passe à sa plus faible distance de Saturne.

Fractures

Un incident survient alors. La tête de la sonde n'obéit plus aux ordres : elle a perdu un degré de liberté. Heureusement, l'essentiel de la mission a déjà été exécuté. Tout rentre dans l'ordre le 30 août, après qu'un technicien de la NASA a, par erreur, télécommandé une rotation rapide de l'engin sur lui-même. Tout au plus auront été perdus les meilleurs clichés des deux satellites dont l'observation figurait ensuite au programme : Encelade et Téthys.

Les images obtenues révèlent néanmoins de nombreux détails qui n'apparaissent pas sur les clichés de Voyager 1. Alors que la surface d'Encelade, photographiée de loin, semblait parfaitement lisse, on y découvre, en certaines régions, des fractures, des cratères et des indices d'un remodelage du relief. Le satellite pourrait être le siège d'une certaine activité interne, provoquant périodiquement, en profondeur, la fusion de la glace qui le constitue et son épanchement en surface.

Mais le satellite le plus mystérieux reste Phoebé, observé le 5 septembre. Ses caractéristiques orbitales semblent indiquer qu'il s'agit d'un astéroïde qui a été capturé par le champ d'attraction de Saturne ; Voyager 2 révèle un astre approximativement sphérique de 220 km de diamètre, tournant sur lui-même en 9 heures environ, dont la surface est très sombre et probablement rougeâtre.

Voyager 2 inscrit encore à son actif la découverte de nouveaux petits satellites — probablement des blocs de glace de 10 à 20 km de diamètre — dont certains gravitent sur la même orbite que des satellites importants déjà connus. Le nombre de satellites identifiés autour de Saturne, qui était de 16 depuis la mission Voyager 1, se trouve ainsi porté à 21, et peut-être même 23.

Enfin, Voyager 2 met en évidence, au niveau des orbites des satellites Dioné et Rhéa, dans une zone s'étendant à des distances du centre de Saturne comprises entre 280 000 et 700 000 km, un vaste nuage de particules chargées qui entoure la planète comme une chambre à air. Ce plasma est extrêmement chaud (sa température, qui traduit en fait la grande agitation des particules, dépasse 800 000 000 K), mais il est très ténu, de sorte que sa traversée n'occasionne aucun dommage pour la sonde.

Uranus

Après avoir ainsi brillamment rempli sa mission autour de Saturne, Voyager 2 met le cap sur Uranus, la planète située au-delà, avec la perspective d'un survol le 24 janvier 1986, auquel pourrait succéder, en 1989, un passage dans la banlieue de Neptune. Malheureusement, les restrictions budgétaires imposées à la NASA par l'administration Reagan laissent planer une incertitude sur ce programme.