Le seul changement consécutif à l'arrivée de la gauche au pouvoir concernera probablement les satellites de télédiffusion. Le 20 novembre 1981, Louis Mexandeau, ministre des PTT, s'est prononcé pour le développement de la télévision par câble et contre une télédiffusion par satellite qui, inévitablement, conduirait à favoriser l'industrie japonaise des téléviseurs et la culture américaine pour les programmes. Aussi, au gros satellite de télévision directe pouvant être individuellement capté par chacun, le gouvernement semble préférer le satellite moyen, genre Télécom 1 (Journal de l'année 1978-79), capté par des antennes collectives ou servant de relais pour la diffusion de programmes de télévision par câble, comme cela se fait aux États-Unis. L'Allemagne et la France n'en poursuivent pas moins conjointement la réalisation des prototypes de télédiffusion TV SAT et TDF 1 à lancer en 1985.

Face à une concurrence très âpre, l'industrie française enregistre de nouveaux succès. En mars, le groupement Telspace a vendu sa 100e station terrestre de télécommunications spatiales. Le choix des lanceurs qui doivent mettre en orbite Arabsat a fait l'objet d'une décision propre à ménager le lobby américain de l'organisation arabe de télécommunications ASCO. Sur les deux premiers lancements, l'un sera confié à Ariane, l'autre à la navette ou à la fusée Delta américaine La construction de ces satellites (Journal de l'année 1980-81) a été confiée à un consortium dont le maître d'œuvre est l'Aérospatiale et auquel participe une firme américaine, Ford Aerospace. Celle-ci, sous prétexte que la Libye fait partie de l'ASCO, s'est vu signifier, le 4 novembre 1981, l'interdiction de fournir les équipements destinés à ces satellites. L'industrie aérospatiale US cherche à freiner l'essor de la concurrence européenne.

L'ESA, lors de son Conseil des 27 et 28 octobre 1981, a pris la décision de lancer de nouveaux programmes : le lanceur Ariane 4, capable de placer des charges de quatre tonnes en orbite géosynchrone ; le satellite de télédétection ERS 1 (Earth Remote Sensing), affecté à l'observation des océans et de leurs rivages ; un Spacelab amélioré ; enfin, des études préliminaires sur une future station orbitale.

Le 4 décembre 1981, l'ESA a officiellement livré à la NASA le laboratoire orbital Spacelab, contribution européenne au programme américain de la navette spatiale. Cet engin ne sera pas utilisé avant septembre 1983.

Bon à tout faire

Le système français Argos de collecte des données émises par des radiobalises et retransmises à Toulouse par des satellites américains Tiros a montré son utilité au départ de la Transat de 1981, quand la tempête provoqua l'abandon de 24 équipages et la perte de 4 bateaux. En localisant les sinistres à 500 m près et en donnant aussitôt l'alarme, Argos a permis aux hélicoptères de récupérer rapidement les équipages des bateaux For Fun et Triple Jack. Plus dramatique était le cas de Jean-Marie Vidal et Elie Aigon, dont le prao Eterna avait sombré à 2 000 km des côtes les plus proches. Grâce à Argos, un avion de l'aéronavale a pu repérer le canot pneumatique alors que la visibilité verticale ne dépassait pas 100 m. Un navire grec alerté ne tarda pas à sauver les deux hommes.

À l'insu des astronomes, une comète s'est précipitée, le 30 août 1979, sur le Soleil. L'événement avait été photographié par un satellite militaire des États-Unis, mais c'est seulement à l'automne 1981 que les spécialistes de l'US Naval Research ont découvert ces photographies sensationnelles en dépouillant (avec un retard qui étonne en matière de renseignement militaire) l'information reçue du satellite deux ans auparavant.

Un satellite de télécommunications de la RCA est utilisé depuis 1981 pour relier des hôpitaux américains à un centre de cardiologie installé à Chicago. Celui-ci, grâce à des ordinateurs spécialement programmés, est à même d'analyser sur-le-champ un électrocardiogramme transmis par le satellite et de fournir dans les dix minutes, par la même voie, le diagnostic.