Les abstentionnistes sont largement majoritaires dans la population en âge de voter, puisque le taux de participation électorale n'est que de 36 % (au lieu de 38 % lors de la précédente consultation comparable, en 1974).

Traditionnellement, le parti qui n'est pas au pouvoir enregistre des succès, d'importance variable, lors de ces élections qui se situent entre deux présidentielles (mid term elections).

Cette fois, en tout cas, l'échiquier politique n'est pas bouleversé. Le parti républicain progresse légèrement, mais ne réussit pas la percée qu'il espérait pour se mettre en bonne posture en prévision du scrutin de 1980. Dans les deux chambres et chez les gouverneurs, les démocrates conservent la majorité absolue.

Un sensible renforcement du courant conservateur est à noter, tant chez les républicains que chez les démocrates. On constate aussi un rajeunissement du Congrès : la Chambre des représentants voit entrer en son sein 75 élus nouveaux, le Sénat 21. Ce phénomène, déjà amorcé lors de l'élection précédente, rend l'attitude des deux assemblées plus difficile à prévoir.

Gouverneurs

Les démocrates remportent 21 victoires, les républicains 15. Le fauteuil de gouverneur occupé par un démocrate est enlevé par un républicain dans les États du Dakota du Sud, du Minnesota, du Nebraska, de l'Oregon, de la Pennsylvanie, du Tennessee, du Texas et du Wisconsin. En revanche, le parti de l'Éléphant doit céder trois postes de gouverneur (Caroline du Sud, Kansas, New Hampshire) à celui de l'Âne. Enfin, dans le Maine, un gouverneur indépendant laisse la place à un démocrate.

À noter, en Californie, le très large succès — 1,3 million de voix d'avance — remporté par Jerry Brown, candidat possible à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle de 1980.

Les démocrates totalisent désormais 32 postes de gouverneur, les républicains 18.

Sénat

Les républicains gagnent 3 sièges. Ils battent un sortant démocrate dans le Colorado, l'Iowa, le Maine, le Minnesota (deux victoires), le Mississippi, le New Hampshire et le Dakota du Sud. Les démocrates, eux, ravissent son siège à un républicain dans le Massachusetts, le Michigan, le Nebraska, le New Jersey et l'Oklahoma. On enregistre 20 succès républicains et 15 succès démocrates.

La formation de Jimmy Carter totalise désormais 58 sièges et les républicains 41 sièges.

Chambre des représentants

Les républicains remportent 19 sièges qui étaient détenus par des démocrates (dont 3 en Californie) ; ces derniers enlèvent 7 sièges à leurs rivaux. Le gain net du parti de l'Éléphant est donc de 12 sièges.

Après ces élections, les femmes sont moins nombreuses qu'auparavant au Congrès (16 à la Chambre des représentants au lieu de 18, 1 au Sénat au lieu de 2). Le nombre des Noirs à la Chambre des représentants reste inchangé (16), mais le seul sénateur noir, Edward Brook, a été battu dans le Massachusetts.

Les affaires Jones et Moscone

La mort, le 18 novembre 1978, de Leo Ryan, ce parlementaire démocrate de Californie qui s'était rendu en Guyana à la demande de plusieurs de ses électeurs, inquiets du sort de parents ou d'amis membres du Temple du peuple, la secte dirigée par un ancien pasteur, le révérend Jim Jones, puis le suicide collectif de Jonestown ne manquent pas de provoquer de vifs remous aux États-Unis. D'autant plus que, le 27 novembre, le maire de San Francisco, George Moscone, et l'un de ses adjoints, Harvey Milk, sont assassinés dans leur bureau par un ancien conseiller municipal, Dan White, qui avait démissionné de son poste quelque temps plus tôt. White avait demandé ensuite à être réintégré dans ses fonctions mais n'avait pas obtenu satisfaction. Selon les enquêteurs, il n'y a pas de lien entre le double meurtre et la tragédie de Jonestown, mais, dans le passé, les noms de Moscone et de Jim Jones avaient été associés d'une certaine manière, puisqu'en 1976 le premier avait confié au second la direction des services du logement de San Francisco. Le département de la Justice annonce, le 10 décembre 1978, qu'une enquête approfondie sera menée sur les causes et les circonstances du suicide collectif en Guyana des adeptes du Temple du peuple. Mais les autorités rappellent aussi que cette secte était une association religieuse reconnue et que la liberté de l'exercice des cultes est garantie par la constitution des États-Unis.