Violonta, baroque, flamboyant, de Daniel Schmid, est également construit autour de trois femmes : Lucia Bose, dont c'est un éclatant retour, Ingrid Caven et Maria Schneider. Encore un portrait de femme, enfin, ou plutôt d'adolescente : Les Indiens sont encore loin, premier film de Patricia Moraz, avec Isabelle Huppert.

Exil

De tous les portraits de femmes, dont l'année est particulièrement riche, une signature est absente : celle, pourtant d'un spécialiste : Ingmar Bergman. L'exil du grand Suédois nous a valu un film (de nationalité américaine) étrangement différent de son œuvre habituelle. Malgré la présence de Liv Ullman (aux côtés de David Carradine), L'œuf du serpent, tourné en Allemagne, renonce à l'exploration psychologique chère à Bergman pour tenter d'évoquer, à la manière, curieusement démodée, de l'expressionnisme de naguère, la montée du nazisme.

Malgré de très belles scènes, la complaisance désagréable, dans l'évocation des tortures, de ce film cosmopolite, qui a eu fans et détracteurs également passionnés, reflète surtout le malaise d'un cinéaste en exil.

Fidèle, en revanche, à lui-même, le Grec Cacoyannis, avec Iphigénie (où Irène Papas joue désormais les mères, puisqu'elle est, douloureusement, Clytemnestre) évoque à nouveau magnifiquement la Grèce antique. Tandis que son compatriote, Théo Angelopoulos, dans Les chasseurs, déçoit un peu les admirateurs, naguère, du Voyage des comédiens.

Déception, aussi, du côté du Canada. Un seul grand film, J.-A. Martin, photographe, découvert au Festival de Cannes 1977, encore un beau portrait de femme incarné par la comédienne Monique Mercure. En revanche, cantonnés dans le film fantastique, ni Gilles Carie, dans L'ange ou la femme (avec Carole Laure), ni Richard Longcraine, primé à Avoriaz pour Le cercle infernal (avec Mia Farrow), n'ont bouleversé. Une mention spéciale, cependant, pour Outrageous, premier film d'un nouveau venu, Richard Benner, attachant portrait d'un homosexuel.

Synthèse

L'Espagne, enfin, reste égale à elle-même, avec le film annuel de Carlos Saura, Les yeux bandés, où l'on retrouve évidemment Géraldine Chaplin, et qui, derrière les méandres psychologiques des personnages, aborde le problème très actuel de la torture.

Le reste du monde – et, notamment, le tiers monde – n'a guère envoyé d'œuvres saillantes cette année. Et si l'on fait la synthèse de ce survol international, on ne peut que s'interroger avec inquiétude.

La France est au creux de la vague et en pleine crise d'inspiration. L'Amérique reste riche en imagination, et en savoir-faire, tant dans ses superproductions que dans ses œuvres plus intimistes. Mais elle n'a révélé aucun auteur neuf. Pas plus que l'Italie, dont les chefs de file restent les leaders incontestés de la production internationale, mais risquent dans un proche avenir de s'essouffler.

Les autres pays importants gardent leurs grands créateurs, mais n'en ont pas, non plus, suscité de nouveaux. Le cinéma, pourtant dernier-né des arts, serait-il, déjà, en train de se scléroser ? Ou n'est-il plus vraisemblablement que le reflet fidèle d'une époque, la nôtre, elle-même en plein marasme ?

Chansons

Chant qui rit, chant qui pleure

Tout ronronne aimablement dans le petit monde de la chansonnette avant l'été 1977, quand un air pas-comme-les-autres sort, un beau matin, des transistors : une collection de succès du rock anglo-américain d'il y a quinze ans, une chanson de onze minutes gravée, pour la circonstance, sur un super 45 tours.

Disco

C'est un ancien guitariste de groupe pop qui mène joyeusement cette mini-surprise-partie empreinte de cette nostalgie « qui colle au cœur et au corps ». Rockollection devient ainsi, avec plus d'un million et demi d'exemplaires vendus, non seulement le tube de l'été, mais aussi le plus grand succès de l'année. Réussite d'autant plus populaire qu'aussitôt les imitations se multiplient. La plus connue est signée Guy Marchand, s'intitule Hé Crooner et enfile une ribambelle de slows langoureux immortalisés par Sinatra, Dean Martin. Rien ne détrônera pourtant Rockollection. Même ceux qui font danser les plages de l'été : Michel Sardou avec Dix ans plus tôt et Sheila convertie à la musique disco avec Love me baby.