Tout évolue, même sur les ondes périphériques, pourtant assujetties aux contraintes de hit-parades toujours aussi contestés. Voici qu'à l'occasion du MIDEM (Marché international du disque et de l'édition musicale) qui se tient à Cannes à la fin du mois de janvier, Europe No 1 fait connaître un palmarès établi par ses programmateurs, animateurs et journalistes.

Si l'on trouve sur ce tableau d'honneur les classiques de ce genre de compétition, on ne peut s'empêcher d'y reconnaître une certaine tendance à la nouveauté et à l'originalité. On ne s'étonne pas d'y trouver Carlos (Big Bisou), Eddy Mitchell (La dernière séance) et France Gall (Musique). On est satisfait d'y voir figurer le jeune compositeur de musique électronique Jean-Michel Jarre, dont l'album Oxygène a conquis l'Europe (y compris la Grande-Bretagne) et l'Amérique du Nord. Et l'on trouve mérité le trophée décerné à Serge Gainsbourg (L'homme à la tête de chou), qui fête du même coup ses 50 ans, ses vingt ans de carrière, le succès de sa production interprétée par lui-même ou par la voix acidulée de son épouse, Jane Birkin (Ex-fan des sixties).

Reflets

Reflet du temps, le succès prend la forme des regrets de Johnny Halliday qui émeut les fans avec J'ai oublié de vivre ou les souvenirs des bords de la Garonne de Nicole Croisille. Faut-il se changer les idées ? Sylvie Vartan se fait star à sa manière, n'oubliant ni le strass ni les paillettes, Sardou célèbre La java de Broadway, où, pense-t-il, le bourbon peut remplacer le beaujolais, et, pour les élections, au milieu des visages des candidats à la députation, on retrouve la bouille de l'ineffable Carlos. Il est vrai qu'il a enregistré une chanson de circonstance : Votez pour moi.

On ne peut nier que le succès d'un chanteur prend vite la forme d'un plébiscite permanent, et ce lien quotidien, un peu mystérieux, se vit au-delà de toute raison. On disait d'Édith Piaf qu'elle pouvait se permettre de chanter le Bottin sans que le public n'en soit pas moins touché. On a épilogué sur le magnétisme qu'exerçait sur les foules la voix de Luis Mariano et sur celui qu'exerce toujours Tino Rossi. On parlera encore longtemps de ces deux vedettes, Elvis Presley et Claude François, ôtées brutalement à l'affection de leurs fans et dont la disparition a révélé toute l'importance du mythe qu'elles représentaient.

Le spectacle continue, et la saison poursuit sa route. Le printemps fait revenir Michel Fugain pour un mois à Paris et pour plusieurs semaines en tournée. Michel Fugain, sans son célèbre Big Bazar : séparation d'une troupe consciente de ses propres limites et décidée à trouver d'autres voies. Michel Fugain n'en reste pas seul pour autant. Il fonde aussitôt la Compagnie, avec quelques rescapés du Big Bazar et d'autres artistes professionnels. Une « troupe solide et solidaire », au dire de son animateur. « Rien ne nous unit, sinon l'amitié et l'envie d'être ensemble. Et l'envie d'être aimé. »

Saltimbanques

L'envie d'être aimé est en effet ce qui justifie le mieux le travail du saltimbanque, quel qu'il soit. Ce qui rassemble le mieux cette troupe toujours grande de personnages qui chantent la vie sur tous les tons. Ce qui leur donne l'audace de monter sur scène et de se vouloir toujours meilleurs. Et de donner toujours plus. Il n'a pas fallu longtemps à bon nombre d'entre eux pour prêter leur voix à la Bretagne souillée par la marée noire. Concerts donnés gratuitement, disques gravés et vendus au bénéfice des associations écologiques locales, des municipalités, des comités de pêche. La générosité fera toujours partie du talent.

Télévision

Un premier bilan trois ans après la réforme

D'après le CESP, les Français en 1977 ont consacré environ trois heures par jour à regarder la télévision. TF1 vient en tête avec plus de 1 h 1/2, A2 suit avec un peu plus de 1 h, FR3 se gardant précieusement les quarts d'heure restant.

L'écoute de la télévision reste donc stable, d'après les enquêteurs. Au terme du premier mandat de trois ans des présidents des trois sociétés de programme réparties selon la loi de 1974 (Journal de l'année 1974-75), les trois chaînes gardent bon an mal an leur image de marque et arrivent dans l'ordre prévu, à l'issue de la première compétition triennale, selon des genres maintenant bien connus : les films restent vedettes, suivis des émissions historiques, dramatiques et documentaires. Certaines finales sportives crèvent bien évidemment le plafond des 60 % d'indice d'écoute (rugby, football), alors que les variétés, malgré le coût élevé de leur production, n'attirent que peu de téléspectateurs. Plus pourtant que les débats politiques.