En 1687 déjà, l'explosion d'une poudrière turque les avait sérieusement ébranlés. Il y a une soixantaine d'années, un architecte entreprit de consolider les parties en danger avec du béton et des tiges de fer enfoncées dans la pierre. Ces matériaux n'ont pas le même coefficient de dilatation que le marbre. Au gré des variations thermiques, ils font subir au marbre des contraintes génératrices de fissures et de fractures. De plus, l'eau qui pénètre ainsi dans la pierre attaque le métal, et la rouille se répand, tandis que le métal oxydé gonfle et fait éclater le marbre.

Pollution

Comme partout ailleurs dans le monde, la civilisation industrielle s'attaque aux pierres par les composés soufrés qu'elle répand dans l'atmosphère. La configuration géographique de l'Attique favorise cette pollution.

Les sculptures sont particulièrement vulnérables. Certaines ne seront plus sauvées. D'autres, comme les Caryatides, atteignent la limite des possibilités de survie.

Le gouvernement grec a ordonné le remplacement du chauffage urbain au fuel, dans la zone entourant l'Acropole, par d'autres modes de chauffage moins polluants. Mais il faudra plusieurs années pour que cette mesure entre dans les faits.

Programme

Le directeur général de l'Unesco, M'Bow, lance officiellement, à Athènes, la campagne internationale de sauvegarde de l'Acropole, le 10 janvier 1977. Le programme comprend des mesures à court, à moyen et à long terme.

Dans l'immédiat, les sculptures, et surtout les Caryatides, seront transportées dans un laboratoire pour y être traitées, puis on les conservera dans un musée. Lorsque la science aura trouvé un moyen de protection efficace, elles reviendront sur l'Acropole. En attendant, elles seront remplacées par des copies fidèles. Une solution semblable, on se le rappelle, a déjà été adoptée pour Lascaux. Elle sera sans doute étendue à bien d'autres trésors culturels, si l'on ne veut pas que notre génération soit la dernière à les contempler.

Le stade suivant sera le repérage des points faibles de l'équilibre statique des monuments et la détection des tiges et crampons métalliques introduits il y a un demi-siècle. Aucun plan de ces travaux n'a été conservé : pour certaines parties, il faudra sonder les pierres au radiocobalt. Le fer sera remplacé par un alliage spécial au titane, inaccessible à la corrosion et dont le coefficient de dilatation est le même que celui du marbre.

Dépenses

Selon une première estimation, les travaux actuellement envisagés coûteront 15 millions de dollars (75 millions de F), dont un tiers serait assumé par la Grèce, les deux autres tiers étant réunis par l'Unesco. Un comité consultatif international groupera les pays qui auront versé plus de 25 000 dollars. En fait, les prévisions de dépenses n'ont qu'une valeur indicative. Par leur nature même, les travaux s'étaleront sur bien des années. La sauvegarde définitive de l'Acropole est une entreprise de longue haleine, qui exigera des recherches scientifiques pluridisciplinaires in situ et pas mal de prouesses techniques.

Les bienfaits de la sécheresse

La sécheresse catastrophique qui a régné de l'hiver jusqu'au milieu de l'été 1976 a servi les spécialistes de la prospection archéologique aérienne. L'assèchement des sols leur a permis de découvrir des centaines de structures jamais encore observées.

Picardie

De très nombreux sites ont été repérés dans des fonds marécageux ou des pâturages humides qui, d'habitude, ne laissaient rien voir. Dans les marais picards, asséchés et jaunis, sont apparues les structures enfouies de grands ensembles romains, villas et sanctuaires, peut-être même des thermes. Mais Roger Agache, pionnier de ces recherches en France, a observé bien davantage : ce qui paraît être les traces de fermes gauloises antérieures aux villas gallo-romaines, et même les traces de structures agraires, de chemins, par exemple, rayonnant autour de ces villas.

Saône

Dans la vallée de la Saône, René Goguey a observé le plan de plusieurs temples gallo-romains, entourés de structures annexes ; tout un ensemble culturel qui devait couvrir plusieurs hectares. Dans le sud et le sud-ouest de la région parisienne, Daniel Jalmain a localisé 120 villas, de nombreux villages gallo-romains, 45 enclos protohistoriques, trois théâtres, sept sanctuaires... L'ensemble le plus remarquable est une ville gallo-romaine repérée dans la région de Châteaudun : les rues, le forum, la basilique peuvent être localisés.

Ouest

Très nombreuses découvertes également dans l'Ouest. Sur les bords des marais vendéen et poitevin, Maurice Marsac a repéré une centaine d'enclos circulaires ou carrés, une quinzaine de camps néolithiques et quelques villas. Plus au sud (Charente, Vienne et Charente-Maritime), Jacques Dassié a trouvé au moins 20 camps néolithiques, à quoi s'ajoutent un camp militaire romain, un amphithéâtre (près de Surgères, sous un champ de luzerne) et même, près de Naintré, toute une ville de plan quadrillé, peut-être gallo-romaine.

Gaulois

Le développement des recherches en archéologie aérienne, joint au phénomène exceptionnel qu'a été la sécheresse de 1976, met plus que jamais en évidence ce fait qui ne devrait plus être ignoré : le sol que nous foulons, et que nous éventrons, est une mémoire dont nous ne faisons encore que soupçonner la richesse, notamment pour la civilisation gauloise, si mal connue. Des recherches sur les fermes gauloises au plan si particulier, avec leurs enclos emboîtés, pourraient en apprendre beaucoup, mais c'est la connaissance de toutes les époques de la protohistoire qui pourrait se trouver renouvelée.

Ces statues de Notre-Dame de Paris dormaient dans les caves d'une banque

En octobre 1793, des statues ornant la grande façade de Notre-Dame, considérées comme des monuments « du fanatisme et de la royauté », furent abattues et leurs débris dispersés. Certains débris furent acquis comme matériaux de construction par l'entrepreneur de l'Hôtel-Dieu, lequel, à son tour, en céda une partie à un nouvel acheteur. Celui-ci les entreposa dans la cour d'un hôtel en construction, dans la rue de la Chaussée-d'Antin. Après quoi on perdit leur trace. Ils ont été retrouvés, au printemps 1977, durant des travaux d'aménagement dans les sous-sols d'une banque de la Chaussée-d'Antin. Ces 157 fragments, dont vingt têtes couronnées hautes de 65 cm, apparaissent comme des merveilles de la statuaire gothique.

Écologie

Les défenseurs de l'environnement accroissent leur influence dans tous les pays industriels

La « percée » réalisée par les candidats dits écologistes aux élections municipales de mars 1977, en France, est un signe des temps. Elle traduit l'inquiétude croissante de larges fractions de l'opinion publique — en particulier, parmi les générations les plus jeunes — devant les atteintes portées à l'environnement par le développement de l'industrialisation et de l'urbanisation. En témoigne de manière permanente le foisonnement d'associations locales, régionales ou nationales dont l'objet se rapporte, d'une manière ou d'une autre, à la défense de la nature et du cadre de vie.