Aziza, c'est Catherine, la sœur de Maxime Le Forestier. Elle n'a pas voulu « réussir » dans la chanson, accepter la carrière qui s'ouvrait facilement devant elle. Elle est partie. De passage à Paris pour quelques mois, elle a montré, avec un groupe de musiciens arabes, que la chanson était un domaine privilégié pour la création, la recherche, et aussi pour l'expression d'une sensibilité qui ne trouve pas toujours, dans les modèles normalisés, de quoi satisfaire ses aspirations profondes.

Cinéma

Les grandes réussites ne sont pas venues de la production française

Année charnière ? C'est l'opinion des autorités de tutelle, confiantes dans les nouveaux mécanismes mis en place (Office de création, aides nouvelles aux jeunes auteurs, allégement des diverses commissions de sélection et de surveillance, etc.). Année moyenne, sinon creuse, c'est l'avis général des cinéphiles.

Certes, la fréquentation a faiblement augmenté. Certes, quelques titres ont connu un succès record, quelques œuvres particulièrement fortes ont fait figure d'événement. Mais, dans l'ensemble, l'année n'a pas apporté de révélations majeures. Surtout en France où, si l'on sait toujours ficeler avec talent d'excellentes comédies psychologiques, on manque décidément de véritable puissance créatrice. Au point qu'il a fallu, pour le Festival de Cannes, se rabattre sur des films français, mais réalisés par des étrangers, le Polonais Roman Polanski, l'Américain Joseph Losey... qu'on ne retrouve d'ailleurs pas au palmarès.

Érotisme

Un espoir, pourtant : la vague pornographique se retire. Jugulée par des mesures officielles (un label X et une diffusion exclusive dans des salles très spécialisées, qui ne représentent qu'environ 3 % du parc français), elle laisse désormais la place au vrai cinéma.

Quelques flaques subsistent, mais très circonscrites. Emmanuelle poursuit sa carrière, nullement éclipsée par Histoire d'O, adaptée (par le même réalisateur, Just Jaeckin, luxueusement et platement) d'un célèbre roman érotique. Une demi-douzaine seulement de titres éloquents figurent dans le peloton de tête aux côtés de ces deux championnes : Exhibition, de Jean-François Davy, et quelques productions étrangères, comme Le sexe qui parle, La grande partouze, Furies porno, Spécialités danoises, etc. Signe du reflux : le cinéma, aujourd'hui, se moque de ses anciennes amours.

France

L'événement de l'année est, sans doute, un petit film, le premier d'un réalisateur inconnu, Michel Lang, tourné sans vedettes avec un petit budget : À nous les petites Anglaises ! Il fait rire autant les parents, qui y retrouvent leurs propres souvenirs de vacances outre-Manche, que leurs enfants, qui y découvrent le reflet de leur propre éducation sentimentale. Sans prétention, un peu longuet, un rien xénophobe, ce succès inattendu reflète assez bien la facilité complaisante (et commerciale) de notre cinéma national.

Plus grave, très achevé, le meilleur film de Robert Enrico, Le vieux fusil, a été couronné par les premiers Césars du cinéma français, décernés par les professionnels, et qui se veulent le pendant des Oscars hollywoodiens. Philippe Noiret, à qui le film doit beaucoup, plus sobre ici, plus humain, plus émouvant que jamais, y incarne un paisible médecin que le massacre de sa femme (Romy Schneider, toujours aussi belle) et de sa fille par les nazis transforme en héros meurtrier. Une composition que l'on n'oubliera pas.

Grand triomphateur de l'année, on retrouve Noiret dans Le juge et l'assassin, le troisième film de Bertrand Tavernier. Un film superbe mais un peu ambigu, qui condamne la société bourgeoise de la fin du siècle dernier à travers l'histoire d'un chemineau mystique, meurtrier d'une douzaine de petites filles. Et qui permet de découvrir un Michel Galabru saisissant de naturel dans son rôle d'égorgeur mystique.

Star-system

Philippe Noiret fait désormais partie intégrante du star-system où le cinéma français semble verser de plus en plus. On y retrouve aussi Yves Montand avec deux films : Le sauvage, de Jean-Paul Rappeneau, un agréable divertissement où il partage la vedette avec Catherine Deneuve, et Police Python 347, un policier spectaculaire d'Alain Corneau où l'on voit également Simone Signoret.