– Le 29 août 1975, l'équipe des trois colombes québécoises, le French Power, qu'il formait depuis 1965 avec Gérard Pelletier, ministre des Communications, et Jean Marchand, ministre des Transports, est dissoute. Nommé ambassadeur à Paris, en remplacement de Léo Cadieux, le premier quitte la politique, tandis que, reconnu coupable d'un délit de la circulation et souffrant d'une mauvaise santé, le second remet le même jour sa démission au cabinet.

– Le 11 septembre, le ministre des Finances, John Turner, considéré comme le dauphin du Premier ministre, abandonne à son tour le gouvernement. Profondément en désaccord avec les vues économiques de son parti, il retournera à ses activités privées le 12 février 1976. Au cours du remaniement ministériel qui suit son départ, tous les membres de l'aile dite économique changent de portefeuille, à l'exception de Jean Marchand, réintégré au cabinet, à qui l'on confie un ministère d'État.

– Le 14 octobre, le nouveau ministre des Communications et ancien président du conseil de la radiotélévision canadienne, Pierre Juneau, est battu lors d'une élection à Montréal. Insatisfaits du programme déflationniste annoncé la veille, les électeurs lui préfèrent le candidat du Parti conservateur.

Démissionnaire quelques jours après le scrutin, il accède au bureau du Premier ministre où il occupe le poste de conseiller spécial.

– Le 16 mars 1976, le ministre de la Consommation et des Corporations, André Ouellet, renonce à son poste. Condamné pour outrage au tribunal à la suite d'un jugement favorable à un cartel de raffineries de sucre poursuivi par son ministère, il entend interjeter appel dégagé de toute responsabilité ministérielle.

Cette dernière démission survient au moment où le gouvernement doit défendre à la Chambre l'intégrité d'un sénateur. Louis G. Giguère, impliqué avec d'autres personnalités nationales dans une affaire de fraude et de trafic d'influence, et celle de trois ministres (Charles Drury, Marc Lalonde et Jean Chrétien) accusés d'intervention dans l'administration de la justice.

Leadership

Conscients de la conjoncture qui leur est favorable, deux des trois partis d'opposition, à Ottawa, le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti conservateur (PC), cherchent des chefs capables de les conduire au pouvoir.

Le 7 juillet 1975, 1 600 néodémocrates réunis en congrès choisissent un candidat de l'establishment du NPD, le député Ed. Broadbent, comme successeur de David Lewis battu aux élections de 1974.

Huit mois plus tard, le 22 février 1976, le Parti conservateur a, pour la première fois de son histoire, l'alternative entre un leader francophone du Québec ou un anglophone des autres provinces. Agité par un fort ressac antiquébécois, le congrès conservateur favorise le député anglais de Rocky Mountain (Alberta), Joe Clark, qui relève le chef de l'opposition officielle, Robert Standfield, dont on contestait le leadership depuis deux ans.

Nationalisme

En tentant, ces dernières années, de soustraire son économie et sa politique étrangère à l'influence excessive des Américains, le Canada a terni ses relations avec les États-Unis. De plus en plus agacé, Washington affiche son insatisfaction le 13 décembre 1975. Son ambassadeur à Ottawa, William Porter, à la veille de son transfert au Moyen-Orient, fustige le nationalisme canadien à l'égard de son pays et, fait inusité en diplomatie, dévoile aux journalistes les différends qui opposent les deux États voisins :
– les restrictions canadiennes faites aux investissements américains ;
– l'interdiction donnée aux sociétés de télévision par câble canadiennes de diffuser des messages commerciaux en provenance de stations de télévision situées à la frontière des deux pays ;
– le projet de nationalisation d'une partie de l'industrie de la potasse en Saskatchewan ;
– la hausse des prix du pétrole et du gaz naturel exportés aux États-Unis ;
– la loi visant les périodiques américains, Time et Reader's Digest, en vertu de laquelle ces publications perdent les avantages fiscaux qui les assimilaient à des revues canadiennes.